C’est bien connu : il n’y a rien de tel qu’un ennemi commun pour rapprocher les foules. C’est pourquoi on prend autant de plaisir à haïr les personnages de garces sans coeur au cinéma. Elles incarnent tout ce qu’on déteste mais également ce qu’on envie – dans une certaine mesure. Leur détermination, leur pouvoir, le travail accompli pour conserver leur titre de femelle alpha et leur absence totale de pitié en font des titans difficiles à abattre. Et quelque part, on devrait toutes en prendre (un peu) de la graine. Juste un peu.
Notez que cette liste est très loin d’être exhaustive (j’en ai un paquet d’autres en stock pour un prochain numéro) et que je vous invite à la compléter dans les commentaires, afin d’obtenir une méga-liste de mega-bitches et de monter une armée fictive complètement indéfectible.
Courtney – Jawbreaker (1999, Darren Stein)
Je vous ai déjà parlé de Jawbreaker dans la sélection de teen movies à (re)découvrir absolument – et j’y reviens parce que c’est un film qui mérite encore toute notre attention.
Il nous offre notamment l’un des personnages de garces populaires les plus cool, en la personne de Courtney, interprétée par une Rose McGowan au top de sa forme. Le rôle lui va comme un gant, comme en témoignent les pulsions de violence que ses apparitions à l’écran génèrent chez les spectateurs. Courtney n’a peur de rien ni de personne, elle règne sur son royaume d’une main de fer et n’a absolument aucune limite quand il s’agit de préserver sa place au sommet de la chaîne alimentaire. Elle ne connait ni pitié ni compassion ni regrets et ne se nourrit que de l’admiration des foules et des petites humiliations qu’elle sème autour d’elle.
Après tout, quel est l’intérêt d’avoir du pouvoir si ce n’est pour en faire la démonstration à la moindre petite occasion ?
https://www.youtube.com/watch?v=nG2wW_f6zjQ
Kathryn Merteuil – Sexe Intentions (1999, Roger Kumble)
Dans cette adaptation très libre des Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos, Sarah Michelle Gellar incarne Kathryn Merteuil – une jeune américaine riche et populaire qui a déjà le monde à ses pieds. Mais son plus fidèle sujet, celui auquel elle tient le plus, c’est son demi-frère par alliance, Sebastian (Ryan Philippe) à qui elle impose tous ses petits caprices. Kathryn est l’archétype du résultat obtenu lorsqu’on mélange ennui et argent.
Kathryn maîtrise sa dualité à la perfection : pour le commun des mortels, elle est une jeune étudiante modèle, aux manières irréprochables, tout à fait respectable – admirable, même. Mais sous son masque se cache une garce aux cruelles intentions qui voit le monde comme son petit théâtre de marionnettes qu’elle est libre de manipuler comme bon lui semble. Ses congénères ne sont que des figurant-e-s dans sa glorieuse existence, une nuée de petits satellites qui gravitent autour de l’astre suprême qu’elle représente – mais comme souvent dans ces belles histoires, le karma finit par la rattraper et sa chute s’avère être à son image : grandiose.
À regarder à partir d’1min27 (sauf si vous n’avez jamais vu le film, bien évidemment – ne vous gâchez pas ce plaisir)
https://www.youtube.com/watch?v=N0bg3Z2cHjI
Regina George – Mean Girls/Lolita Malgré Moi (2004, Mark Waters)
Tout comme Courtney dans Jawbreaker, Regina George mène sa petite troupe de poupées grandeurs nature : sa bande de Plastiques. À elles trois, elles forment la famille royale du lycée. En bon stratège, Regina a eu l’intelligence de s’entourer de deux simplettes, beaucoup plus faciles à dominer puisqu’elles ne remettent jamais son pouvoir en question. Tout ce qui sort de sa bouche est avalé et digéré comme une petite messe et rien n’est jamais rejeté. Elles ont même leurs petites réponses préparées pour chaque remarque récurrente de Regina (si elle parle de son poids, elles devront lui assurer qu’elle dit n’importe quoi et qu’elle est absolument parfaite comme elle est).
Regina incarne la femelle alpha par excellence, elle a tout pour réussir dans notre société actuelle – blanche, riche, blonde, grande, mince, populaire, rien ne lui résiste. Mais ce qu’on ne dit pas, c’est que pour maintenir ce statut et véritablement réussir, il faut tout mener à la baguette sans considération pour les fragiles sentiments des petits camarades. Pour rester au top, elle se doit d’être cruelle et de garder au moins trois longueurs d’avance, parce qu’on ne gagne rien en étant trop gentille.
Cette théorie est d’ailleurs plus ou moins toujours prouvée par les héroïnes de ces films qui sont souvent forcées d’avoir recours à des méthodes similaires pour abattre leur ennemie.
https://www.youtube.com/watch?v=YjyleSI3MQw
Mildred Ratched – Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975, Miloš Forman)
On change complètement de registre pour s’éloigner des petits querelles de lycéen-ne-s et aller faire un tour à l’asile afin de rendre une petite visite à notre infirmière préférée : Mildred Ratched.
Autoritaire, sans coeur et peu décidée à laisser Randle (Jack Nicholson) foutre la zone dans son hôpital, l’infirmière en chef exerce une domination absolue sur ses patients. Privés de toute distraction et du peu de plaisir qu’ils pourraient trouver dans un tel cadre, ils deviennent plus dociles et plus faciles à dominer – pour le plus grand plaisir de Mildred. Bien sûr, le cocktail Mildred/Randle n’est pas sans conséquences et finit par péter à la gueule de tout le monde, laissant le spectateur dans un état de choc difficile à digérer. Vol au-dessus d’un nid de coucou ne nous gratifie pas d’une fin heureuse délivrée par le retour de karma tant attendu et si le royaume de l’infirmière Ratchet s’écroule, c’est dans un cadre violent, cruel et déchirant.
Elle Driver – Kill Bill 1 & 2 (2003/2004, Quentin Tarantino)
Dans sa quête de vengeance en deux volets, Beatrix Kiddo affronte une horde de garces toutes plus redoutables les unes que les autres – mais Elle Driver reste de loin ma préférée. Incarnée par la merveilleuse Daryl Hannah, elle est aussi sexy que dangereuse – et elle n’a pas peur de se salir. Capable du meilleur comme du pire, elle est à l’aise sur les deux terrains – le combat propre et peu risqué, et la baston crado aux conséquences peu désirables. Elle est forte, charismatique, puissante, et dégoulinante d’une féminité féline terriblement enviable. Une digne représentante du girl power à la Tarantino.
Elle Driver représente le rêve américain sous un filtre diabolisé – la grande blonde bombesque devenue guerrière, un physique irréprochable animé par un coeur de pierre et un mental en acier trempé.
https://www.youtube.com/watch?v=E84OWq6z3IQ
O-Ren Ishii se place probablement ex-aequo avec Elle Driver, en incarnation parfaite de l’expression « une main de fer dans un gant de velours ».
Et vous, quels sont vos personnages de garces préférés ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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