Après une sélection de 5 livres tous plus déprimants les uns que les autres, je te propose de faire la même chose avec le cinéma.
— Article publié le 15 novembre 2011
Depuis deux semaines, tu ouvres les volets chaque matin sur un ciel gris et un froid glaçant. Le soir, tu sors de cours ou du travail, et il fait déjà nuit. Ta tweetlist et ta page d’accueil Facebook ne sont que références au temps moisi qu’il fait dehors. Sur les murs, dans ta télé, dans ton iPod et dans les yeux des autres, tu ne vois que ça : de la morosité.
Du coup, emmitouflée dans ta couette, tu te refais l’intégrale de 90210 : Beverly Hills Nouvelle Génération histoire d’oublier le temps d’un épisode que tu n’as pas la chance de vivre en Californie où il fait toujours bon vivre.
Personnellement, j’ai une meilleure idée, que je placerai quelque part entre la méthode du « guérir le mal par le mal » et la notion de masochisme. Voici 5 films à regarder en mangeant des chips pour déprimer et culpabiliser quand il fait moche et froid dehors et qu’on a envie de mourir, OUAIS !
1. Biutiful, d’Alejandro Gonzalez Inarritu (2010)
A Barcelone, Uxbal vivote de petits larcins. Ancien toxicomane, il a décidé d’arrêter la drogue après la naissance de ses deux jeunes enfants. A part eux, il n’a pas de famille, ni d’amis en qui il pourrait avoir confiance : il est seul. Il est seul et sa femme, bipolaire, joue de temps en temps du djembé sur leur progéniture et se tape son frère (le frère d’Uxbal, pas son frère à elle. C’est déjà assez morbide comme ça). Pire, il a une boucle d’oreille et une sorte de coupe mulet. Un jour qu’il n’a pas mangé de betterave, son urine est rouge. Son médecin lui annonce alors qu’il a un cancer en phase terminal.
J’ai failli oublier : Uxbal sait repérer les signes que la mort lui envoie, et aide les esprits à passer de l’autre côté (comme dans Ghost Whisperer sauf qu’en pauvre, triste et crapé).
Uxbal, particulièrement de bonne humeur.
2. Antichrist, de Lars von Trier (2008)
Alors qu’un couple est occupé à forniquer joyeusement, leur petit garçon se défenestre. Pour se reconstruire, sauver leur mariage et faire leur deuil, ils décident alors de se retirer dans un chalet situé en plein milieu de la forêt et appelé « Eden ». Mais la nature reprend ses droits et le film tourne à la boucherie, au carnage, au chaos.
Violent et onirique, Antichrist en appelle à la culpabilité, à la démence et au mystique. Triste, beau et (surtout) terrifiant. Si tu réussis à regarder le film jusqu’au bout (et crois-moi, rien n’est moins sûr), ce ne sera pas un léger blues qui t’habitera : ce sera un coup de déprime monstre.
3. Les fils de l’Homme, d’Alfonso Cuaron (2006)
Dans une société futuriste, la totalité des femmes est devenue stérile et le dernier-né, âgé de 18 ans, vient justement de mourir. Au même moment, une jeune fille tombe enceinte. Theo Faron, interprété par Clive Owen, est alors chargé de la protéger.
Dans une Angleterre sombre et brumeuse, rongée par le terrorisme, les guerres et la maladie, le film nous narre l’histoire d’un Clive Owen taciturne et fatigué, prêt à tout pour sauver le dernier espoir de l’humanité.
4. Le Vieux Fusil, de Robert Enrico (1975)
En 1944 à Montauban. Le Dr Julien Dandieu est menacé par la milice car il participe à la Résistance en soignant des maquisards. Inquiet pour sa femme, Clara et sa fille, Florence, il décide de les envoyer vivre quelques temps dans un château familial situé à proximité d’un village de la région. Peu de temps après, rongé par l’absence des deux femmes de sa vie, il se rend au château pour les retrouver. Mais à son arrivée, c’est un village sans vie qu’il découvre. Les cadavres des habitants tués par balle sont entassés dans l’église. Grosse déprime pour Dandieu.
Cette histoire te dit quelque chose ? Normal : ce film devenu culte s’inspire du massacre d’Oradour-sur-Glane survenu le 10 juin 1944.
Note : la rédaction rejette toute responsabilité en cas de transformation en Emo après le visionnage de ces 5 films.
5. Le Ruban Blanc, de Michael Haneke (2009)
L’action se déroule peu de temps avant la première guerre mondiale, dans un petit village protestant au Nord de l’Allemagne. C’est l’histoire d’enfants et d’adolescents membres d’une chorale et de leur famille. Peu à peu, des accidents qui n’ont pas l’air accidentels du tout surviennent : un câble tendu entre deux arbres sur le chemin du retour du médecin du village, une fenêtre qu’on aurait oublié de fermer dans la chambre d’un bébé en plein hiver, des violences proférées contre des enfants…
Le Ruban Blanc n’est pas un film anodin. En filigrane, on lit la noirceur et la frustration qui habite les habitants de ce village aux apparences idylliques. Ça fout un peu le cafard, cette histoire.
Et toi, quels sont tes films-défouloirs ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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