C’est l’été. Après une nouvelle édition des Nuits Sonores, We Love Green ou Primavera Sound Festival en Espagne, on peut officiellement déclarer la saison des festivals ouverte.
Problème ? Le reste de l’humanité est au courant et répond présent au rendez-vous. Voilà donc cinq techniques pour tranquillement lâcher son pas chaloupé tout en garantissant un bon mètre de sécurité entre votre personne et ceux qui portent des bobs.
Qui suis-je pour donner des conseils ? Un festivalier chevronné dont la légendaire intolérance a été bâtie à grand renfort de soupirs et autres eye rolls (rien à voir avec les cinnamon rolls).
Dans le podcast Laisse-Moi Kiffer, je vous racontais d’ailleurs ma dernière expérience en date aux Nuits Sonores (en vrai, c’était bien).
Cher lectorat, j’ai regardé le mal dans les yeux. J’ai vu des accoutrements lumineux qui ont fait rougir le sapin de Noël de Disneyland. J’ai vu des hommes dans le plus simple appareil, le poil soigneusement collé par des éclats de bière chaude. Pire. J’ai vu des enfants. Le pluriel est important. J’ai regardé le mal et pour vous, j’ai groupé les meilleures techniques d’auto-défense dans cet article qui me vaudra un nouveau prix Albert Londres. Comme si j’avais encore de la place pour les bibelots.
Voilà donc un nouveau guide pour des festivités au beau fixe, loin des moches.
1. Criez
Parmi les pratiques absurdes de concert telles que coller ses mains l’une sur l’autre puis les décoller très vite et répéter l’opération pour faire du bruit, on trouve le cri. Fier héritage de nos instincts les plus primaires, le cri a le mérite d’être à double tranchant. Quand on se contente de le tenir quelques secondes, on signale à l’artiste qu’on approuve son intermittence, que son art est le bienvenu. Quand on le tient plus d’une bonne minute, on signale à l’ensemble du public qu’on n’a pas besoin de normes sociales pour passer un bon moment. Après tout, vous avez payé. Vous savez imiter des animaux ? Encore mieux. Au prix que coûte la place, le public mérite un bonus « Zoo de Beauval ».
D’après une étude (je suppose, après tout, n’y a-t-il pas des études sur tout ?), le cri permet de se faire entendre. Et d’après moi, se faire entendre, c’est parfois le meilleur moyen de s’aliéner une foule entière au même titre que posséder un S.U.V. dans Paris ou se couper les ongles de pied dans une salle d’attente. Criez donc. Faites confiance aux décibels qui viendront bien vite repousser l’envahisseur et prouver au beau monde que c’est votre soirée.
2. Réclamez un bis entre chaque chanson
De concert (riez), les humains ont perpétré une convention aberrante. À la fin d’un concert, l’artiste fait semblant de partir. Le public fait semblant d’y croire. L’artiste revient comme le messi (alors que les vieux garés en double file sont déjà partis) et chante, parfois a cappella, la chanson que vous zappez tout le temps sur l’album.
Pourquoi attendre la fin du live pour cette vaste supercherie ? Appelez au « bis » entre chaque chanson. On vous donnera raison à chaque fois. Et puis, il n’y a pas de rappel en festival mais si vous tenez bon et scandez bis sans relâche, l’artiste fera entorse à la règle et reviendra. Peut-être accompagné de la sécurité. Et on vous trouvera facilement dans ce petit sas que vos longs cris de goret auront dessiné autour de vous.
3. Pratiquez la danse absurde
Fusion parfaite du madison et d’une réappropriation éhontée des arts martiaux, la danse absurde (du latin absurdus), consiste à surprendre votre public (car oui, les têtes se seront bien vite détournées des troubadours sur scène, le spectacle, c’est vous). Et bam coup de jambe. Pas de bourrée (ou de complètement bourrée selon l’heure). Shuffle. Vous savez faire des mimes ? Encore mieux. La roue ? La chandelle ? Des rondades ? Tout le monde doit en profiter.
La chaleur moite de l’été aidant, chacun évitera soigneusement les contacts (les coups ?) avec votre corps en transe. Pour la danse absurde, précision, rigueur et entraînement sont parfaitement accessoires. Seule compte la confiance que vous mettez dans ce bras quand vous vous apprêtez à imiter l’hélicoptère. Et bam, shuffle.
4. Commentez
Avant le festival, faites le plein d’infos sur la programmation. L’occasion de ne rien rater des futurs grands de la musique. Une fois ces précieuses informations recueillies, partagez-les À qui ? Mais à tout le monde, pardi. Contextualisez tous les titres. Vous serez Shazam, Genius et Wikipedia tout-en-un. Personne ne réagit ? C’est qu’on ne vous entend pas. Montez le volume. Loin de vous les énergumènes à chapeau, guirlandes lumineuses (oui, c’est courant en festival) et autres drapeaux bretons. Ce festival sera commenté ou ne sera pas.
5. Restez hydraté
Quoi de plus désagréable qu’un épais filet de bière le long de la colonne vertébrale ? (c’est une question rhétorique à laquelle une colique néphrétique est sûrement une excellente réponse). Mais qui aime sentir le textile humide contre sa peau ?
Sillonnez les lieux à cloche pied, une pinte remplie à ras bord à la main. Si vous comptez vous confondre en excuses, soyez expansive, bruyante et attendez la chanson que tout le monde aime pour le faire. Sinon, poker face. Après tout, cette bière, vous l’avez payée. Vous en faîtes ce que vous voulez. C’est une solution coûteuse mais quand on veut un festival pour soi, on ne pinaille pas sur l’addition. Personnellement, je n’ai jamais entendu le propriétaire d’un jet se plaindre du prix de la Heineken.
Des options cumulables pour un résultat aux petits oignons
Contrairement à un date et une opération des dents de sagesse, ces options sont cumulables. Vous pouvez donc crier, danser absurde, déverser des litres de bière, réclamer un bis et tout commenter. Félicitations, vous êtes un homme cis hétéro en festival. Et faute d’être seule, vous faites comme si. N’est-ce pas là le meilleur moyen de s’aliéner le reste de l’humanité ?
Je laisse bien-sûr libre cours à votre créativité pour veiller à ce que plus personne ne s’amuse à vos côtés. Transpiration, coups de téléphone en continu, échasses… Sky is the limit. Racontez-nous vos meilleures techniques en commentaire pour qu’on ne soit jamais tenté de danser à vos côtés.
Les Commentaires
Je pense que je n'ai jamais souri devant un article de Madmoizelle de cette façon à 6h du matin.