Pendaison, cannibalisme, violences conjugales… De nombreuses comptines pour enfants n’ont rien d’innocentes ! Allez, c’est cadeau.
Article publié le 30 avril 2020
Lorsque je télétravaille et que ma fille de 2 ans joue gentiment à mes pieds (je déconne, elle est le plus souvent sur mes genoux, à essayer de taper sur mon clavier et à me cacher les yeux pour que je vienne jouer avec elle) (pauvre cœur), je mets souvent une playlist de comptines pour enfants en fond sonore.
Ça lui fait plaisir de pouvoir bouger ses petites mains sur « tourne, tourne petit moulin », et moi ça m’amuse de réécouter ces chansons dont j’avais totalement oublié les 3/4 des paroles.
D’ailleurs, je pense que même quand j’étais petite, ça n’aurait pas été très grave que je ne les retienne pas, parce que ces derniers jours, en tendant un peu mieux l’oreille, j’ai découvert des histoires biens moins sympathiques que leur mélodie.
Ne pleure pas, Jeannette
Avant de réécouter cette chanson, je me souvenais vaguement de la première phrase et de l’air du « lalalala ». Et puis j’ai pris le temps d’écouter les paroles, et je les ai trouvées bien glauques.
L’histoire est simple : une jeune fille, la fameuse Jeannette, refuse un mariage arrangé par amour pour un prisonnier nommé Pierre. Mais ce dernier doit être pendu, alors Jeannette demande à être pendue avec lui.
Les deux amoureux sont donc « pendouillés » (ça donnerait presque un côté sympa à la pendaison) ensemble. Grosse ambiance.
Il était un petit navire
Elle est sympa cette comptine, c’est tout à fait le genre de chanson que je pourrais passer à ma fille pendant qu’elle barbotte dans son bain. Elle serait même vraiment parfaite si elle ne parlait pas d’un jeune matelot tiré au sort par le reste de l’équipage « pour être mangé, ohé ohé » !
Trop hâte d’expliquer le cannibalisme à ma fille.
Il était une bergère
Cette comptine populaire, si on exclut totalement son double sens olé olé (au 16e siècle, « laisser aller le chat au fromage » signifiait avoir des relations sexuelles avant le mariage) difficilement perceptible par des esprits purs qui mettent encore des couches la nuit, est quand même rudement violente !
On y parle d’une bergère qui bat un chaton à mort parce que ce dernier a eu la mauvaise idée de tremper la patte dans le fromage que sa maîtresse venait de façonner. J’ai envie de demander, où est passée la mesure ?
Et puis qu’est-ce que je vais dire à ma fille moi, quand, les larmes aux yeux, elle me demandera « pourquoi le chaton il est mort ? », et que quelques heures plus tard, elle reviendra pour savoir si « maman, moi aussi je peux le tuer le chaton ? ».
Il était un p’tit cordonnier
Je crois que je n’avais jamais entendu cette chanson avant qu’elle n’apparaisse dans une playlist de comptines pour enfants sélectionnée de façon aléatoire sur YouTube.
Et bah franchement, je crois qu’elle n’a pas manqué à ma jeunesse, et je crois surtout qu’elle ne manquera pas à celle de ma fille !
Elle raconte l’histoire d’un cordonnier qui, après avoir été acheté du cuir à la ville et bu quelques verres, rentre chez lui battre sa femme ni pas assez ni trop peu, « pas plus qu’il n’en fallait ». Sans commentaire.
Alouette, gentille alouette
Alors j’ai bien compris que le but de cette chanson était d’apprendre aux petits l’anatomie des oiseaux (quoi, c’est pas ça ?), mais quand même, pauvre alouette, elle a dû le sentir passer…
Je trouve que certaines comptines ne sont pas tendres avec les animaux (la souris verte trempée dans l’huile, le chat frappé à coups de bâton etc.), et ce n’est pas ce que j’ai envie d’inculquer à ma fille.
Bon, je sais que ces comptines ne datent pas d’hier, et qu’elles n’ont d’ailleurs pas forcément été écrites pour un public aux oreilles chastes.
Sur Franceinfo, Serge Hureau, grand spécialiste du patrimoine de la chanson et de son histoire, a expliqué que « ces chansons s’adressaient autant aux parents qu’aux enfants » et « qu’elles se chantaient à la veillée, quand tout la famille était réunie ».
Mais quand même, j’avais envie d’en parler (puisqu’elles me trottent dans la tête toute la journée !)
Mais en fait le double sens n'enlève en rien l'intérêt pour un enfant d'écouter et chanter ces comptines et chansons. L'enfant ne saisira que le premier degré et apprendra, plus grand, avec intérêt, qu'il y avait un double sens à la chanson.
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