Pendant qu’Hadopi plante ses crocs dans les câbles Ethernet de ce pays, un cas intéressant de piratage positif s’est présenté cette semaine sur le gargantuesque forum 4chan.
Un internaute a commencé à poster les pages d’un comic dont il était fan, Underground, de Steve Lieber et Jeff Parker. Le retour des autres internautes est enthousiaste, et « Internet Man » continue à publier d’autres pages. Au bout de plusieurs commentaires, le dessinateur du comic en question (Steve Lieber) arrive à son tour, explique qu’il comprend que ça se passe comme ça aujourd’hui (« nombre de mes collaborateurs publient leur travail sur Internet depuis qu’ils sont ados« , précise-t-il) et que si les lecteurs de 4chan veulent lui poser des questions via le forum ou son twitter, il y répondra.
Applaudissements et cris de joie. On lui offre des images de bébé paresseux. On lui demande s’il a plein d’encre sur les doigts et ce qu’il a fait comme études pour en arriver là. Qu’est-ce qu’il préfère dessiner ? Quels sont ces comics préférés ?
Steve Lieber a un compte Etsy, Periscope Studio, où il vend des exemplaires dédicacés par Jeff Parker et lui-même. La nuit suivant la discussion, le dessinateur publie sur son site une capture d’écran montrant les commandes passées :
Puis, un graphique où on voit clairement la différence entre un média traditionnel (ici, le site Boing Boing) et 4chan :
Autrement dit, Steve Lieber et Jeff Parker ont bénéficié d’une bonne publicité gratuite grâce au forum. Ce qu’il faut en retenir c’est que :
(1) Les publicités alarmistes et culpabilisantes anti-téléchargement (« qui vole un œuf vole un bœuf » et tout le toutim) sont aussi anti-productives. Internet n’est pas un danger à la création, mais peut au contraire être un levier. L’avenir des artistes est sur Internet avant tout, à eux d’en connaître les codes pour en profiter au maximum.
(2) Le consommateur n’est pas forcément un sale rat qui refuse de sortir son porte-monnaie dès qu’il s’agit de s’offrir un bien culturel. Le soutien aux auteurs et aux artistes en général n’est pas moins important depuis que les modems 56k ont débarqué. Lire quelques pages d’un livre, écouter plusieurs morceaux d’un album ou télécharger une série ne remplace pas toujours une critique – même bien foutue – d’un média. Nous avons parfois besoin de constater par nous-mêmes, avant d’acheter le livre, de se payer un billet pour un concert, ou de commander l’intégrale de Big Bang Theory en DVD.
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Les Commentaires
Très intéressant de voir à quel point la mutation de consommation des media n'est pas un bénéfice unilatéral pour le consommateur au détriment du gentil artiste.