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Travail

4 trucs INSUPP quand tu bosses en entreprise

Chloé est une de nos lectrices à l’humour mordant. Tous les mois, elle partage sur Rockie son expérience de la grossesse et de la maternité, mais cette fois-ci elle vous parle du doux monde de l’entreprise, ce huitième cercle de l’Enfer.
Retrouvez toutes les chroniques de Chloé en cliquant sur ce lien !

Bonjour entreprise,

Suite à 15 ans de collaboration intensive, j’ai constaté quelques dysfonctionnements avec lesquels il m’est de plus en plus difficile de composer.

Je suis bien sûr très sensible à tes efforts, sans toi je n’aurais pas lié ces amitiés sincères qui perdurent encore aujourd’hui,  et tes nombreuses opportunités ont largement contribué à façonner la personne que je suis devenue.

Cependant, je souhaite attirer ton attention sur 4 points sensibles qu’il serait bon d’améliorer pour le bien être de tes équipes. Je suis consciente que tu n’es pas la seule responsable de ces mauvais résultats, une société capitaliste et une politique acharnée du chiffre t’ont conduite à adopter cette stratégie que je déplore actuellement.

Je t’invite à lire mes observations, j’ai mis ton N+1 et ton N+2 en copie afin que vous puissiez discuter ensemble des mesures à mettre en place afin d’avancer de façon efficace et pérenne.

N’hésite pas à revenir vers moi si tu as des questions ou si l’un de mes points n’est pas clair.

Cordialement,

Chloé Genovesi

L’open-space, un radeau de la méduse déguisé en commissariat

Le créateur de l’open-space prétend avoir démocratisé cette façon de travailler pour promouvoir la convivialité et la facilité de communication au sein de l’entreprise.

Seules des âmes crédules peuvent avaler ces mensonges. L’open-space a en vérité été inventé par un type que sa femme venait de plaquer pour son frère et qui souhaitait partager sa douleur et sa rage avec l’humanité.

On peut dire que c’est réussi. Et ce n’est pas moi qui le dis, mais les études qui prouvent que les conditions de l’open-space sont déplorables pour les salariés.

Cela dit, il n’y a pas besoin d’être un grand scientifique pour conclure que le collègue qui passe sa journée à hurler au téléphone n’a probablement pas un impact très positif sur ses voisins.

Ce marasme bruyant, bordélique et puant (coucou à la fois où je travaillais avec une de mes meilleures amies et que nous faisions murir du camembert dans nos tiroirs) a l’avantage de s’autogérer sans intervention extérieure puisque l’open-space révèle le gendarme zélé qui sommeille en chacun d’entre nous et me permet de traquer en toute impunité mon collègue qui a déjà fait pipi deux fois ce matin, et qui vient d’ouvrir discrètement sa page Facebook.

Alors que moi, dès que j’aurai fini de casser du sucre sur le dos de ce glandeur incompétent, je me mettrai au travail !

Heureusement que l’open-space, c’est convivial ! Quand le chef lâche une vanne empruntée à Brice de Nice tout le monde rit à gorge déployé.

Alors que je fais semblant d’être débordée par une tache de la plus haute importance, mais qu’en vrai, je suis en train de me commander des pantalons de grossesse sur Vinted, Christophe du service comptabilité jaillit derrière moi en braillant d’un ton faussement jovial « Ah dis donc ça travaille dur hein ! »

C’est ce même Christophe qui ce soir partira à 16 h 59 en m’invectivant d’un « Bah qu’est-ce que tu fais encore là ? Faut savoir déconnecter ah ah ah ! ». Décidément, l’open-space est un vivier à bouts-en-train !

Les E-mails, ces outils de communication ultra dangereux

Jadis, prendre une petite cuite avec les membres de son équipe après le boulot constituait un non-événement. 
 
Au pire le lendemain, une dizaine de canettes de soda envahissait soudainement notre bureau et nous prétendions un appel urgent à l’heure du déjeuner pour aller piquer un somme dans le placard à fournitures.

La veille au soir, on s’était parfois un peu chauffé entre collègues sur l’état d’insalubrité avancé de la cuisine commune et du toaster maculé de traces de camembert que les meufs crades de l’équipe France font mûrir dans leurs tiroirs.

On s’était promis d’envoyer un e-mail corsé à l’étage tout entier pour réclamer un effort collectif. Ensuite on était allé se coucher et le lendemain, on avait fait semblant d’oublier cette conversation totalement navrante d’inintérêt à la sobriété du jour qui se lève.

Ce temps salutaire, qui nous permettait de décuver et de nous empêcher de commettre un suicide social, a été totalement annihilé par l’accès permanent aux outils de communication interne démocratisé par le télétravail, et il n’est plus rare de se connecter sur sa boite pro le matin pour trouver l’e-mail cryptico-menaçant d’un collaborateur alcoolisé visiblement très remué par la perte récente de son mug préféré.

Si tout le monde fait mine d’être très gêné par l’événement, chacun se réjouit en vérité d’avoir une bonne histoire à raconter. La preuve, je te la relate ici et l’e-maileur bizzaro-bourré est loin d’être le correspondant qui me dérange le plus.

Celui que je hais de toute mon âme, c’est le serial copieur. Un phasme dont l’ultime but est de court-circuiter ses pairs avec tout le vice dont est parfois capable l’espèce humaine.

Cette immondice qui serait honorée si je le comparais à une déjection canine a pour spécialité de :

  •  Repérer le moindre de tes faux pas
  • Te le signaler par courriel
  • Mettre ta douzaine de supérieurs en copie avec l’espoir fou (et probablement fondé) qu’un de tes nombreux chefs te convoque pour une réunion de trois heures où vous ferez ensemble un debrief de ton erreur et de toutes les manières de l’éviter à l’avenir.



Les fichiers Excel et la saisie de données, un parcours semé de pièges vicieux

On la connaît l’histoire, au début, on a des passions, des rêves, et puis un entourage réticent ou un soi-même peureux nous décourage et nous conseille plutôt de nous lancer dans une voie raisonnable.

C’est-à-dire un domaine dans lequel nous sommes loin d’exceller et où le seul moyen de faire oublier notre médiocrité crasse, c’est d’apporter des croissants à nos collègues tous les matins.

Tout rapport avec une situation existante serait évidemment purement fortuit.

 Pendant de bien trop longues années, mon métier a consisté à saisir des commandes et à faire de la gestion de stock.

Avec le recul, je suis en mesure d’affirmer que je suis la pire chose qui soit arrivée au monde la logistique. 

Je voudrais profiter de cette chronique pour adresser un message personnel à tous mes anciens superviseurs : certaines personnes ne sont pas capables de recopier plus de 4 chiffres à la suite sans faire d’erreur.

Nous conviendrons que c’est fort dommage que ces incompatibilités mentales fassent parfois perdre plusieurs milliers d’euros à la société qui emploie ces grosses nouilles.

Malheureusement « Peux-tu faire plus attention la prochaine fois ? » « Vraiment essaye de faire attention ! » « MAIS TU VAS FAIRE ATTENTION BORDEL ????!!!!! » ne sont pas des instructions efficaces pour la pauvre bougresse qui malgré toute sa bonne volonté et vingt relectures sait que son fichier Excel ne sera jamais exempt de fautes.

Les réunions professionnelles, ou le dernier sabbat avant l’apocalypse

La réunion professionnelle, ou son jumeau maléfique et menteur, le petit point rapide, est probablement ce qui rend le monde de l’entreprise aussi insoutenable.

Mise en situation : à cause de la crise COVID, de nombreuses entreprises sont dans une mouise financière noire. Pas la mienne, qui affiche au contraire une hausse d’activité significative que mon CEO solidaire a géré en réduisant de moitié tous ses effectifs.

C’est donc un peu charrette, comme on disait en 2010.

 Cela dit, en ignorant toute source de distraction triviale et futile comme le sommeil et la faim, je vais réussir à boucler ma journée.

C’est là qu’intervient la réunion, petit coup de poignard fatal dans un agenda déjà plein à craquer.

Je pense sincèrement qu’il existe des réunions intéressantes et utiles, je n’ai simplement encore jamais eu la chance d’y assister. 



Durant plusieurs heures, mon superviseur survolté va formuler d’une dizaine de façons différentes une seule et unique information qu’il aurait simplement pu partager par courriel.

À un certain moment, sentant le désintérêt poindre sur mon visage éperdu, il me demande de répéter ce qu’il vient de dire. Piégée, je tente pourtant une feinte et répète mot pour mot la première phrase prononcée en début de meeting.

Ouf SAUVÉE, j’ai tout bon !

 Dix ans plus tard, alors que je m’apitoie sur les vestiges de ma jeunesse perdue et les longues années qui viennent de s’écouler, pendant lesquelles j’aurais eu le temps de faire le tour de monde, me marier trois fois, divorcer d’autant et de me lancer dans une carrière de chanteuse d’opérette, notre chef d’équipe demande si nous avons des questions.

L’auditoire supplie en silence, dans les esprits ça allume des cierges à tout-va pour conjurer cette demande et nous protéger d’une éventuelle prolongation de la séance de torture.

Trop dommage, le nouveau qui veut se faire bien voir (celui-là même qui se révélera être un serial copieur) lève studieusement la main. Il voudrait refaire un petit point rapide.



Et vous ? Quelles sont les plaies de l’entreprise contre lesquelles vous luttez chaque jour ?


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

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