Parfois, alors que j’aime d’amour une chanson depuis des mois et que je l’écoute avec de la passion dégoulinant de mes oreilles, il m’arrive de la détester en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « j’aime plus ». En cause, un petit détail qui vient me gâcher mon plaisir pour toujours. Retour sur 4 façons de me pourrir une chanson.
Provoquer une interférence avec un autre morceau (naze)
Quand j’étais plus jeune, au lycée, j’aimais bien écouter Noir Désir à petites doses. Un jour que j’étais en train de fredonner massacrer Le Vent Nous Portera, une amie m’a expliquée qu’un phénomène étrange avait lieu en son sein quand elle l’entendait. Ce phénomène, je vous le donne en mille : après le premier « le vent l’emportera », elle faisait irrémédiablement la transition avec le refrain de Du Côté de Chez Swann, de Dave.
https://www.youtube.com/watch?v=a1r21jzpbso
https://www.youtube.com/watch?v=NE8Xpz1ypnc
Depuis, je ne peux empêcher mon cerveau de l’imiter. Et je souffre.
(Si tu veux faire tout comme moi, il faut arrêter Noir Désir 0.50 et enchaîner avec Dave à 0.51. Personnellement, je trouve que ça s’enchaîne beaucoup trop bien).
Autre exemple : je faisais écouter Tighten Up des Black Keys à un ami, quand celui-ci m’a fait remarquer que le riff de guitare à 2mn 40 ressemblait à s’y méprendre à Lambé An Dro de Matmatah. Problème : je déteste Matmatah. Je déteste ce groupe plus que Tryo et l’odeur des andouillettes réunies. C’est donc le coeur en berne que j’ai décidé de cesser d’écouter Tighten Up.
https://www.youtube.com/watch?v=ykeaOnFAQHY
Qu’elle soit reprise en moins bien
Tous les ans et partout dans le monde, des milliers de chansons sont reprises par d’autres artistes. L’intention est louable, puisque la volonté est de rendre hommage à un artiste que l’on aime. Le résultat, bien que souvent incomparable à la version originale, peut être génial quand on est bourrés de talent. Beaucoup moins quand on est bourrés tout court. Et je pense que c’était le cas de Brit-brit Spears quand elle a décidé de reprendre I Love Rock’n’Roll de The Arrows en version poppo-rocko-danço-faussement-sensuelle
. Une reprise qui a d’ailleurs été (à (très) juste titre) qualifiée comme la pire de tous les temps par NME.
[dailymotion]https://www.dailymotion.com/video/x1cs06_britney-spears-i-love-rock-n-roll_music[/dailymotion]
Britney, sérieusement : si tu aimes le rock, pourquoi tu lui fais ça ?
Depuis, lorsque j’écoute la version originale ou celle de Joan Jett, j’ai les petits bruits extatiques et les mouvements de cheveux circulaires de la chanteuse de Baby One More Time. Plus étrange encore : ça ne marche pas avec toutes les mauvaises reprises. Ainsi, j’en ai déduit qu’il y avait quatre types de covers :
- celles que je trouve réussies (Ben Harper reprenant Sexual Healing
pipi culotte, Brigitte qui revisite Ma Benz ou Johnny Cash pour Hurt, par exemple), - celles qui sont « objectivement » mauvaises et s’incrustent dans mon esprit lorsque j’écoute la version originale (comme I Love Rock’n’Roll, donc),
- celles que je trouve subjectivement mauvaises alors qu’elles sont acclamées par la majorité de personnes qui les ont écoutées, et qui m’agacent doublement (genre crise d’épilepsie du pavillon de l’oreille), comme Feeling Good par Muse, Knocking on Heaven’s Door par les Guns’n’Roses ou Hallelujah par Jeff Buckley),
- celles qui sont tellement mauvaises qu’elles me font mourir de rire avant d’être zappées par mon subconscient. L’exemple le plus probant reste, à ce jour, Fairytale of New York par Ronan Keating et Moya Brennan (et probablement une chèvre grippée), par exemple :
Un classement à adapter selon vos propres goûts, bien entendu.
Un coup de kazoo répétitif
J’imagine que vous n’avez pas oublié Like a Hobo de Charlie Winston, chanson qui a fait bouger les fesses de milliards de personnes à travers le monde au printemps 2009.
Comme beaucoup, j’ai apprécié cette chanson à la première écoute. Et puis très vite, non. En y réfléchissant bien, ce n’est pas le réel matraquage audiovisuel et radiophonique que nous avons subi avec ce morceau qui m’a lassée. La vérité est ailleurs ; la vérité est dans l’harmonica.
Aussi petit que bon marché, conférant à n’importe quel morceau un faux air de Bob Dylan (en fait, non) et permettant d’émettre un bruit de canard agonisant tout en arrosant la personne en face de vous de bave, l’harmonica a eu un regain de popularité en 2009. Du coup, Charlie s’est dit « tiens, j’vais en foutre partout dans ma chanson ».
Si tu te concentres un minimum pendant le refrain, tu auras donc le sentiment d’entendre un canard hystérique agonisant, victime du syndrome Gilles de la Tourette, et pris d’une crise d’angoisse.
Du moins est-ce l’impression que j’ai.
Apprendre une mauvaise nouvelle dessus
Existe-t-il un moyen plus efficace de faire détester une chanson à quelqu’un qu’en lui apprenant une très bonne nouvelle alors qu’il est en train de l’écouter, voire simplement d’y penser ? J’en doute.
Par exemple, j’aurais préféré apprendre le décès de ma grand-mère avec du Jean-Jacques Goldman dans la tête plutôt qu’avec du Radiohead histoire de m’éviter d’avoir à faire un double deuil, si vous voyez ce que je veux dire.
Et vous, comment en êtes-vous arrivé à vous dégoûter de chansons que vous aimiez ?
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Les Commentaires
J'appelle "Tu dis rien" de Louise Attaque, vachement cool de base, mais il y a juste un petit bout de riff qui me fait penser A UNE F*****K CHANSON DE PINOCCHIO "T'es cap pas cap"
Illustrations je vous prie :
https://www.youtube.com/watch?v=fI2-9iFC3qs à 1:46
https://www.youtube.com/watch?v=hcI60RXHxWY à 0:27
Je vous en prie, partagez ma douleur !