Il fait beau, l’été est là et honnêtement, regarder les JOs ça veut probablement dire être à l’intérieur, j’ai donc ce qu’il vous faut.
Doux, déjantés, ou introspectifs : du roman graphique au comic-book, de la randonnée aux teintures de poils, voici 4 récits illustrés et scénarisés par des meufs qui vous aideront à vous évader cet été.
Amours Croisées de Laura Nsafou et Camélia Blandeau
Après plusieurs albums jeunesses et un roman Young Adult, l’autrice afroféministe française Laura Nsafou continue à abreuver nos bibliothèques. Cette fois-ci, avec un roman graphique : Amours Croisées, illustré par Camélia Blandeau.
À Paris, Yari rencontre Hide. Ils se plaisent, se cherchent, mais… Hide est polyamoureux, et Yari ne sait pas comment s’y adapter, ou même si elle le souhaite. Au fil de leur histoire se dessinent aussi les portraits de leurs proches : amis plus ou moins perdus qu’eux dans leurs quêtes d’amour, familles plus ou moins compréhensives…
Édité chez Marabulles, Amours Croisées raconte une histoire d’amour comme dans la vraie vie, en 2021. La richesse et la complexité des personnages créés par Laura Nsafou apportent un vent de fraîcheur au genre de la romance, qui a tendance à s’enfermer dans la mise en scène de personnages aussi normés que les relations qu’ils rencontrent. Pas de ça dans Amours Croisées où les façons d’être et d’aimer sont multiples, et ça fait un bien fou ! Le trait de Camélia Blandeau magnifie les personnages et les décors parisiens avec douceur. De quoi bien commencer l’été.
Amours Croisées, Laura Nsafou et Camélia Blandeau, 19,95 €
I am not Starfire, de Mariko Tamaki et Yoshi Yoshitani
Starfire, ça vous dit quelque chose ? Dans ce comic-book édité chez Urban Comics, La rousse solaire des Teen Titans est devenue mère d’une ado nommée Mandy. Mais Mandy, qui diffère de sa mère en tous points, n’a pas hérité des pouvoirs de sa génitrice.
Alors qu’elle se sent la fille banale d’une femme extraordinaire, on suit Mandy naviguer entre ses galères de lycéenne et son crush sur sa camarade d’anglais. Dans I am not Starfire, Mariko Tamaki mélange les codes du comic-book et ceux du récit de passage à l’âge adulte avec brio, mais aborde aussi frontalement la question de la transmission générationnelle, a fortiori quand on est enfant d’immigrés, de la Terre ou d’ailleurs. Un récit à lire et à relire quand on ne sait plus où se mettre dans ce drôle de monde.
I am not Starfire, Mariko Tamaki et Yoshi Yoshiani, 14,50 €
Ébouriffant.e.s, d’Adeline Rapon et Emilie Gleason
Puisque le monde ressemble de plus en plus à une dystopie, profitons d’une BD qui nous propose l’inverse. Dans Ébouriffant.e.s, édité par le Nouvel Attila, Adeline Rapon et Emilie Gleason nous invitent à imaginer un futur dans lequel les poils (et notamment ceux des personnes perçues comme femmes) ne seraient plus traqués, tondus ou épilés, mais plutôt aimés et sublimés !
On y suit trois coiffeuses qui, au quotidien, teignent, coupent et mettent en forme des toisons sur les jambes, le pubis ou les aisselles dans leur salon. Au cours de quelques saynètes déjantées, on découvre des coupes au poil illustrées par Emilie Gleason, mais aussi photographiées IRL par Adeline Rapon. Une BD qui nous rappelle que la haine du poil est une construction sociale arbitraire, et qui nous fait rêver d’autre chose tout en nous faisant rire ! Et depuis, on attend avec impatience que quelqu’un donne vie au salon Fau tif’hair dans la vraie vie, pour aller se faire des torsades sur les tibias et se donner des airs de sirène.
Ébouriffant.e.s, Adeline Rapon et Emilie Gleason, 13 €
Partir, de Lili Sohn
Quand l’éditeur de Lili Sohn lui propose de faire le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle seule, laissant chez elle conjoint, enfant et smartphone, elle n’est pas immédiatement emballée. Finalement, elle se laisse tenter par l’aventure pour en tirer un magnifique roman graphique : Partir, édité chez Casterman.
Après avoir fait rentrer l’indispensable dans un petit sac à dos, Lili Sohn part donc à pied pendant 45 jours sur la route de Compostelle. L’occasion pour elle d’analyser son rapport à son smartphone et aux réseaux sociaux, et bien plus encore : au milieu de paysages magnifiques et cartographiés spécialement pour nous, l’autrice raconte aussi la manière dont elle occupe l’espace en tant que femme seule sur ce chemin très emprunté, son rapport à son corps qu’elle met à l’épreuve après avoir survécu à un cancer, et toutes les choses qui alimentent son monologue intérieur pendant ce mois et demi de marche.
C’est beau, c’est subtil, et on le referme en rêvant de solitude et de grands espaces. Un coup de cœur spécial vacances !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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