Une nouvelle enquête de l’institut Ipsos, via la plateforme en ligne Ipsos Global Advisor dans trente pays en collaboration avec le Global Institute for Women’s Leadership du King’s College de Londres, nous indique que pour les femmes, avoir une vie de famille — et lui consacrer du temps — peut les pénaliser dans le monde du travail. No Shit.
Que nous apprend cette étude sur la perception de la parentalité dans le milieu professionnel ?
L’étude met en lumière que les femmes ne seraient pas égales aux hommes quant à l’impact des responsabilités familiales sur leur carrière.
À l’échelle mondiale, c’est 3 femmes sur 10 qui affirment que leur carrière aurait été différente sans ces responsabilités familiales.
C’est un peu moins en France, où 23 % des femmes le pensent, contre 12% des hommes.
Non-disponibilité et sociabilisation
Pour les femmes, avoir une famille complique les perspectives d’évolution. Ce serait notamment la non-disponibilité en dehors des heures de travail qui nuirait à la carrière. En effet, ne pas être joignable en dehors du temps contractuel est perçu comme un risque pour 28% des femmes et 15% des hommes.
Une sociabilsation moindre est également considérée comme un handicap professionnel. Ne pas pouvoir partager des moments avec ses collègues en dehors du strict temps de travail parce qu’il faut s’occuper de sa famille nuit plus ou moins directement à sa carrière pour 21% des femmes dans le monde.
Il est clair que les discussions vont bon train autour des bières en afterwork et les mères de famille, qui peuvent être coincées dans le fameux tunnel repas-bain-coucher, peuvent louper des informations importantes sur la vie de la boîte.
Parler de sa famille : est-ce un problème ?
Pour 35% des personnes interrogées, la possibilité de devoir garder ses enfants pendant la journée est plus susceptible de nuire aux femmes qu’aux hommes. Car quand un enfant est malade par exemple, qui la plupart du temps s’en occupe ? Je vous le donne dans le mille : les femmes.
C’est également largement le cas pour les rendez-vous médicaux. Près de 90% des rendez-vous pris en ligne chez le pédiatre sur Doctolib sont réservés par des femmes. Coucou la charge mentale ! Mais il y a aussi tout un tas d’impératifs auxquels on ne peut pas se soustraire quand on a des enfants : fermeture de crèche, assistante maternelle malade, sorties scolaires, etc.
Comme le disait la journaliste et autrice Renée Greusard lors d’une rencontre littéraire à la maison des Femmes Thérèse Clerc, samedi 12 mars à Montreuil, pour la parution de son livre Choisir d’être mère, elle ne veut pas, dans le monde professionnel, faire comme si elle n’avait pas d’enfant, même si cela peut être conseillé. Oui, elle a une vie familiale, et oui, cela l’empêche de faire des choses mais c’est politique aussi de l’affirmer. Il faudrait maintenant que les pères le fassent aussi…
Même le fait de parler de sa famille peut sembler préjudiciable à 22% des femmes (13 % des hommes) — un résultat un peu plus nuancé en France avec 18% des femmes et 12% des femmes.
Non seulement la parentalité peut être vue comme un sujet chiant, comme nous le détaillions dans cet article mais en plus parler de ses enfants peut être considéré comme préjudiciable.
À la machine à café, mieux vaut parler de son week-end de teuf que de la maladie de ses gosses. Même si personnellement, j’ai du mal à ne pas le faire, tant les maladies qui se sont enchaînées tout l’hiver sans discontinuité ont un impact sur toutes mes journées.
Dans le monde professionnel, le regard n’est pas le même sur les mères et les pères
Il existe une différence de traitement de la parentalité — le fameux et hallucinant « Daddy Bonus », qui voudrait que les carrières évoluent positivement lorsque les hommes deviennent pères, et le « Mommy Penalty », selon lequel la carrière des femmes marquerait un coup d’arrêt — avec le recours au temps partiel et l’adaptation de l’emploi du temps, l’auto-limitation, les promotions non accordés, etc. Nous parlons ici bien sûr de tendances observées et les cas particuliers sont nombreux.
La sociologue et militante féministe Illana Weizman nous l’expliquait également à l’occasion d’un article sur les doubles standards dans la parentalité :
« Quand un père a mal dormi, quand il est fatigué, tout le monde est impressionné — “Whaou il aide sa femme, c’est génial !”.
Alors qu’une femme qui rentre dans la parentalité, ses supérieurs vont se dire qu’elle va être crevée, qu’ils vont moins pouvoir compter sur elle, c’est elle qui va demander à quitter plus tôt le boulot, qui va aller chercher les enfants quand ils sont malades…
Dans le monde du travail, c’est ultra-discriminant ! »
On dit souvent qu’au travail, on ne doit pas être mère et lorsqu’on est dans son rôle de mère, on ne doit pas avoir de travail.
Comme il impossible de se couper en deux ou d’avoir le don d’ubiquité, il serait temps que les choses changent, autant dans les foyers, où les femmes assument encore 70% des taches parentales et domestiques, que dans les entreprises, où être mère peut être pénalisé.
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Image en une : © Unsplash/Magnet.me
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Les Commentaires
Alors pour ma part je suis totalement d'accord. Je suis hôtesse d'accueil depuis 10 ans, j'ai souvent eu à retourner à la case chômage, recherche d'emploi à cause des absences liées aux maux de mon fils que j'élève seule depuis plus de 10 ans (il en a 11). Aujourd'hui, je vais peut-être perdre un CDI que j'ai depuis novembre car mon fils a eu la mal chance de ne pas se sentir bien et de vomir pendant son heure de cantine. La directrice du centre connait ma situation et me contacte vraiment qu'en cas d'urgence si mon fils ne peut pas attendre 16H30 (Elle est super cool, peu comprenne ma situation en tant que maman solo). Vendredi dernier, bim un courrier AR d'avertissement pour cette aprem du 25 mars loupée au travail. Bien sûr, je vais contester cet avertissement car j'ai les justificatifs qui prouvent que mon absence était justifiée. Je me demande si je ne vais pas me retrouver au chômage. Mercredi 13 avril je dois faire passer des tests d'athlétisme pour que mon fils rentre en sport-étude à sa 1ère année de collège et mon employeur a refusé ma journée. Obliger d'aller à ce test (pas d'autres dates), je risque de recevoir un autre avertissement car mon employeur estime que la convocation (autorisation pour participer à la journée de test) n'est pas un document qui les obligent à me laisser ma journée. Je connais les méthodes pour essayer de virer une personne en CDI, je suis prestataire donc pas trop protégée. On m'a même interdit mon piercing au nez sachant que ma collègue occupant le même poste que moi en a un (mais elle n'est pas maman). J'ai l'impression qu'on me pousse à bout pour me faire quitter mon poste... Je suis profondément écœurée et inquiète pour mon avenir professionnel.
Diena.