En partenariat avec Wayna Pitch (notre Manifeste)
On ne m’enlèvera pas de l’esprit que les plus belles rencontres sont celles que l’on n’avait pas prévues.
L’amour du hasard
En 2013 par exemple, dans un contexte tout à fait insolite, je suis tombée en Inde sur un type qui allait partager ma vie pendant des années.
C’était un jeudi, et je sortais d’un périple en bus d’une douzaine d’heure censé me faire gagner rapidement la ville de Pondichery.
Au sortir du véhicule j’ai marché dans une bouse de Yack, pesté, insulté mon coloc et croisé le regard doux d’un inconnu compatissant.
Après quelques œillades amoureuses avec l’individu, j’ai fait fi de mon état physique franchement déplorable et l’ai invité à passer une soirée sur le rooftop de mon auberge de jeunesse.
Tout est ensuite allé très vite.
Une semaine plus tard j’étais dans un avion direction Hambourg pour passer 10 jours chez ce bel Allemand, avec lequel je n’avais même pas encore échangé un baiser.
Je peux désormais raconter à tout le monde que ma plus belle rencontre, je l’ai faite au bout du monde, dans un jogging recouvert de bouse de yack et avec la pire haleine de ma vie.
Comme Jan et Jule, les héros du très philosophique 303, j’ai laissé sa chance à l’inconnu, et c’était la meilleure décision de toute ma vie.
303, de quoi ça parle ?
Jule doit partir de Berlin pour rejoindre le Portugal dans son vieux van 303 qu’elle a hérité de sa famille.
Au détour d’une station-essence, elle fait la connaissance de Jan, qui cherche une bonne âme capable de le prendre en autostop. Jule accepte qu’il soit son camarade de route.
D’abord un peu maladroits dans leur manière de communiquer, les deux voyageurs finissent par se lier d’une amitié forte dont on se doute rapidement qu’elle aboutira à une histoire d’amour.
J’étais déjà séduite à la lecture du synopsis de 303, mais ce qui a achevé de me convaincre, c’est la dimension philosophique du film allemand signé Hans Weingartner…
303, l’amour et la philosophie
J’aurais aimé voir 303 avant de passer mon bac de philo.
Ça m’aurait aidée, c’est certain !
Pendant près de deux heures, 303 décortique les relations humaines au prétexte de l’amour naissant.
L’homme est-il fondamentalement bon et empathique, comme semble le croire Jule, ou bien égoïste et individualiste comme le pense Jan ?
Est-il possible d’aimer sans être jaloux ? Qu’est-ce que l’amour ? Quid de la religion ? De la fidélité ? De la nature ? De la maternité ?
303 apporte non pas une mais au moins deux réponses, au travers des deux personnages, les seuls que l’on suit du début à la fin.
Jan et Jule sont différents, n’attendent pas les mêmes choses de la vie et n’envisagent pas les relations amoureuses de la même façon.
Pourtant les deux amis, au fil des villes visitées et des instants passés dans la caravane de Jule, vont se rapprocher considérablement.
Impossible pour eux d’arrêter de discuter, de confronter leurs opinions et d’apprendre à respecter celles de l’autre.
Leur roadtrip de quelques semaines est bien sûr géographique mais surtout initiatique, et va bousculer pour toujours leurs vies de voyageurs.
303, en plein dans le cœur
J’ai souvent du mal à être embarquée dans les histoires d’amour qu’on me vend au cinéma.
La faute peut-être aux blockbusters américains qui m’ont servi la même soupe à la guimauve pendant des années ?
Alors quand un film parle d’amour, d’eau fraîche et de philosophie avec un ton moins niais et une patte plus affirmée, je craque.
Lorsque Jule et Jan se sont étreints pour la première fois, j’ai eu envie d’être à la place de Jule et de respirer très fort le cou de mon partenaire.
La tension qui règne entre les personnages principaux pendant toute la fiction est palpable et communicative, au point que j’étais un peu émoustillée à la fin du film.
303, porté deux jeunes acteurs vraiment prometteurs : Anton Spieker et Mala Emde, a tout de la vraie romance. Celle du réel, loin des clichés hollywoodiens, et plus près de toi, de moi, des vrais gens finalement.
Alors au moins pour ça, et pour les mille autres attraits de ce film allemand, écoute-moi douce lectrice, et fonce le voir le 24 juillet au cinéma.
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