Lors de mes crises de boulimie cinématographique, je bloque parfois sur des films. Pas forcément des chefs d’œuvres, ni des OCNI (Objet Cinématographique Non Identifié)… Cependant, ces œuvres sont passées sous mon radar, et m’ont marquée d’une certaine façon quand je les ai découvertes : en voici donc trois sur lesquelles je me suis récemment arrêtée !
Ah oui, et c’est sans spoiler, parce que je suis comme René Coty, je suis ton amie.
The Overnight de Patrick Brice (2015)
Sorti aux États-Unis le 19 juin 2015, The Overnight raconte l’histoire d’Alex, Emily et de leur fils RJ (vraisemblablement Rolland-Juanito donc, même si son nom complet n’est jamais prononcé), fraîchement installés à Los Angeles et qui n’y connaissent personne. Ils croisent par hasard l’intrigant Kurt, qui les invite à passer la soirée chez lui en compagnie de sa femme Charlotte et de leur fils Max, du même âge qu’RJ.
Alors certes, l’intrigue n’est pas signée Christopher Nolan, mais laisse-moi t’expliquer pourquoi il faut suivre Emily et Alex à cette soirée.
Tout d’abord The Overnight aborde avec brio et folie des thèmes trop souvent sabotés par Hollywood : l’amitié à l’âge adulte (lapidée dans le douteux The Change Up) et la sexualité qui sort du sacro-saint carcan missionnaire-monogamie-hétérosexualité. Les liens qui se tisseront entre les personnages sont inattendus, mais beaux, et surtout réalistes.
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Ce qui nous amène au deuxième point fort du film (t’as vu c’te transition de BG ?) : son casting !
Tout aussi inattendue que les sujets abordés, la distribution nous offre Adam « Sir Ben Lightstorm Wyatt » Scott en trentenaire complexé qui apprend à se laisser aller ; Taylor « Piper-Montana » Schilling, sa femme qui essaie tant bien que mal de soutenir son mari, non sans crainte de voir la soirée vraiment dégénérer ; Jason « La Bûche » Schwartzman en hôte accueillant, décomplexé, qui plane à 10 000 ; et enfin son épouse, Judith « Mais si, la meuf de L’homme au Masque de Fer ! » Godrèche, immigrée française un peu neuneu mais surtout difficile à cerner.
Comme j’ai promis de ne pas spoiler, je n’en dirais pas beaucoup plus, à part que The Overnight est un formidable roller-coaster dans lequel on embarque avec des inconnu•es et duquel on redescend avec des ami•es, du genre que l’on ne se fait qu’après avoir partagé une véritable expérience.
Trance, de Danny Boyle (2013)
C’est là que ça se corse ; cette critique sera en demi-teinte, car je ne sais pas sur quel pied danser par rapport à ce film. Mais chaque chose en son temps. Je suis tombée sur Trance en engloutissant à vitesse grand V la filmographie du non moins grand Vincent Cassel…
Simon (interprété par James MacAvoy) est commissaire-priseur lors de la mise aux enchères du Vol Des Sorcières de Goya, soudainement interrompue par un braquage. Il respecte la procédure qui est de mettre le tableau en lieu sûr, mais se retrouve alors face à Franck, le braqueur (c’est le méchant de l’histoire, donc c’est Vincent Cassel), qui lui assène un coup en pleine tête lorsqu’il tente de lui résister. Quand Franck ouvre l’étui censé contenir le tableau, il ne trouve qu’un cadre vide…
Monsieur Cassel n’ayant pas l’habitude de se laisser bolosser de tous les côtés, il décide de faire parler Simon. Manque de bol, ce dernier a perdu la mémoire à cause de la violence du coup qu’il a reçu (par Franck — #TelEstPriKiCroyéPrendre #AMéditer) et il est incapable de se souvenir où il a caché le chef-d’œuvre. Les deux compères décident alors de faire appel à Elizabeth Lamb (interprétée par l’incroyable Rosario Dawson
), spécialiste en hypnose, pour faire revenir la mémoire de Simon au plus vite.
Au vu de ce trailer, je me dis que j’aurai affaire à un thriller sur un braquage, avec un casting de qualité supérieure — tous les ingrédients pour un bon film donc, surtout par M. Danny Boyle. Sauf qu’il y a en fait une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne nouvelle, c’est que Trance nous emmène dans une direction bien éloignée de la simple histoire de braquage, qui aurait pu être prévisible. Les fils d’une problématique plus complexe commencent à se dénouer, et bien qu’on ne comprenne pas où l’on va, on y va de bon cœur.
La mauvaise nouvelle, c’est que Trance n’est pas vraiment un bon film. Mais ce n’est pas un mauvais film non plus. Je vais m’expliquer parce que je sens que je vous perds comme Otis perd Numerobis pendant son monologue sur la qualité de la situation de scribe.
Trance est un film ambitieux. Il dissimule un thriller psychologique derrière un film de gangsters, arrive à retourner si bien son intrigue que l’importance des personnages (et l’empathie qu’on a envers eux) s’inverse complètement, et tient en haleine. Cependant, arrivée à la fin, j’avais ce petit goût amer dans la bouche que j’ai après avoir vu un film qui n’est que l’esquisse du chef-d’œuvre qu’il aurait pu être.
Et il me peine d’admettre qu’un de mes plus gros problème est incarné par Vincent Cassel… c’est le braqueur, Franck. Au fil du déroulement de l’intrigue, Franck est le seul personnage dont je ne comprends ni les choix, ni les actes, ni l’ambition. Ce qui a sûrement avoir avec la temporalité un peu confuse dans laquelle évoluent les personnages : j’ai du mal à situer Franck et donc à en comprendre les tenants et les aboutissants. Un film de l’ambition dont fait preuve Trance ne peut à mon sens pas se permettre de rester aussi en surface quant à un des trois personnages principaux.
Trance manque un peu de profondeur, de développement, quand on considère la nébuleuse dans laquelle il nous enfonce. Je vous conseille néanmoins de le voir, car il regorge de bonnes idées, de surprises, Rosario Dawson est à poil à un moment et d’imagination !
The Diary of a Teenage Girl, de Marielle Heller (2015)
On finit en beauté avec l’incroyable Diary of a Teenage Girl ! Découvert par hasard (et cette fois c’est vrai), ce film se révèle être un vrai bijou, et il en va de même pour son actrice principale : Bel Powley.
Le film nous plonge dans le San Francisco des années 1970 où vit Minnie, adolescente passionnée d’illustration, avec sa fêtarde de mère (la formidable Kristen Wiig) et sa petite sœur. Minnie pourrait être une lycéenne lambda, qui aime Iggy Pop, parler des garçons avec sa meilleure amie, dessiner dans des carnets… Si elle ne couchait pas avec Monroe (Alexander « Graou » Skarsgård), le petit ami déluré de sa mère.
Quelque part entre Fish Tank et Une Éducation, Diary of a Teenage Girl nous fait vivre cette liaison à travers son héroïne de 15 ans, dont la force réside dans le fait qu’elle est une personne à part entière — complexe, surprenante, intelligente et douée — avant d’être la maîtresse de Monroe. On vit cette histoire aux côtés d’une adolescente certes marginale, mais ambitieuse ; parfois un peu perdue, mais loin d’être naïve.
En découvrant sa sexualité, Minnie découvre également son amour du sexe, son désir, le fait de plaire et d’aimer son corps, d’aimer qu’on la touche.
Dans Diary of a Teenage Girl, la sexualité adolescente et le désir féminin sont abordés avec une maturité rafraîchissante. Il n’est pas question de pervers narcissique ni de manipulation, simplement d’un homme un peu trop lâche, un peu trop faible, d’une fille un peu trop aventureuse pour son propre bien, et d’une mère qui rêve un peu trop de liberté après avoir été mariée à un homme un peu trop rigide.
Bel Powley incarne avec brio cette adolescente qui semble en avance sur son temps, qui découvre l’amour-propre en même temps que l’amour, teste ses imites et reconnaît ses erreurs. Diary of a Teenage Girl n’a pas encore de date de sortie en France, mais dès qu’il sera en salles, courez le voir ; dansez avec Minnie sur du Iggy Pop, jouez avec le fait de plaire aux autres et jouissez du fait de vous aimer vous-même !
C’est tout pour cette sélection de films ! Quelles œuvres aimeriez-vous faire découvrir ? Parlez-en dans les commentaires !
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Les Commentaires
C'est un film très doux, esthétique, avec une douce histoire d'amour pas niaise. C'est une vision de l'amour vraiment chouette et sincère. Et puis pleins de sujets sont traités : le lien entre frères, le rapport au beau dans une relation, la définition de fidélité, le voyage, C'EST L'AMOUR ❤️️