À propos de la 76ᵉ édition du Festival de Cannes, on parle beaucoup de positionnements scandaleux, de films problématiques et surtout, mauvais.
On entend moins parler de cinéastes émergents enthousiasmants, de longs-métrages venus de pays presque jamais représentés en compétition ou encore de femmes cinéastes qui brisent le monopole des hommes dans l’Histoire des grands films.
Et pourtant, cette année, elles ne manquent pas. Voici un petit tour d’horizon des femmes cinéastes présentes sur la Croisette cette année et qui nous rappellent que lorsqu’on se décentre de ses polémiques et ses scandales stériles, le cinéma peut être le paradis des féministes.
« Anatomie d’une chute » de la Française Justine Triet
Julia Ducournau, Alice Diop, Mati Diop, Justine Triet…le cinéma français est un précieux vivier de talents au féminin.
Cette 76ème édition du festival de Cannes est l’occasion pour toi, chère lectrice, de découvrir ou redécouvrir l’une de ces réalisatrices passionnantes. C’est en effet à Justine Triet que l’on doit notamment les magnifiques Victoria (2016) et Sibyl (2019) qui donnaient à Virginie Efira deux rôles à la hauteur de son immense talent. Pas de doute, si vous êtes à la recherche de réalisatrices françaises brillantes : faites un tour du côté de la filmographie de Justine Triet.
De quoi patienter avant la sortie en août 2023 de son nouveau film Anatomie d’une chute, que la réalisatrice présente en compétition à Cannes.
Pour l’heure, on ne sait que peu de choses de son quatrième long-métrage, si ce n’est son synopsis intrigant. Au sein d’une famille vivant depuis peu à la montagne loin de tout, le père, Samuel, est retrouvé mort. C’est sur sa femme, Sandra, que se posent les doutes des enquêteurs. Elle est inculpée, malgré le mystère d’une mort dont on ne sait si elle relève du meurtre ou du suicide. Un an plus tard, Daniel, leur fils malvoyant de 11 ans, assistera au procès de sa mère, que le synopsis présente comme une « véritable dissection du couple ».
Après Saint-Omer d’Alice Diop qui révélait combien un tribunal pouvait se transformer en matière de cinéma passionnante, on est impatientes de découvrir la plongée de Justine Triet dans une histoire plus sombre et mystérieuse que jamais dans son cinéma.
Tiger Stripes, de la Malaysienne Amanda Nell Eu
Au-delà de ses polémiques éreintantes et stériles, de ses réalisateurs occupant la Sélection Officielle chaque année depuis 70 ans, le Festival de Cannes reste le paradis pour qui souhaite découvrir de jeunes cinéastes extrêmement enthousiasmants.
Et si on allait faire un tour du côté de ce que font les jeunes cinéastes malaysiennes ? La Semaine de la Critique nous donne en effet l’occasion de découvrir le travail d’Amanda Nell Eu, dont le cinéma explore le corps et l’identité féminine dans le contexte culturel de l’Asie du Sud-Est.
Si Tiger Stripes se hisse en tête des films que l’on a hâte de découvrir, c’est qu’il promet une émulation entre féminisme et cinéma de genre (vraiment, tout ce qu’on adore). On y découvre Zaffan, une fillette de 12 ans vivant dans une petite communauté rurale en Malaisie.
En pleine puberté, elle réalise que son corps se transforme à une vitesse inquiétante. Ses amies se détournent d’elles alors que l’école semble sous l’emprise de forces mystérieuses. Comme un tigre harcelé et délogé de son habitat, Zaffan décide de révéler sa vraie nature, sa fureur, sa rage et sa beauté.
On avait adoré l’incroyable Teddy, un film d’horreur français rempli d’humour et de malice où le jeune Anthony Bajon laissait sortir le loup en lui. Aurait-on trouvé son équivalent, féministe et malaysien ?
Banel et Adama de la Franco-Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy
En 2019, la cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop nous avait éblouies comme rarement devant le grand écran avec son sublime Atlantique, une histoire d’amour, de zombies, d’injustice sociale et d’exil.
Outre la révélation d’une immense cinéaste qui repartait de Cannes récompensée du Grand Prix, Atlantique rappelait à qui a encore besoin d’être convaincu que le cinéma gagne a être enrichi de l’imaginaire de femmes africaines.
Autant dire que l’on est impatientes de découvrir sa consœur, Ramata-Toulaye Sy, qui, comme Mati Diop, est une cinéaste franco-sénégalaise dont le premier film est présenté sur la Croisette. Encore mieux : Ramata-Toulaye Sy a été choisie en Compétition et aspire donc à la Palme d’or. À 36 ans, elle est non seulement la plus jeune de la sélection, mais aussi la seule à prétendre à la Palme avec un premier long métrage : Banel et Adama.
Le film a été tourné en langue peule, avec des acteurs non-professionnels, et la réalisatrice l’évoque comme un film « entre conte, tragédie et réalisme magique ». En toute objectivité, on l’adore déjà.
Banel et Adama nous plonge dans un village éloigné au Nord du Sénégal. Banel et Adama sont liés par un amour absolu, en dehors duquel rien n’existe. Mais cet amour va se heurter aux conventions de la communauté. Car là où ils vivent, il n’y a pas de place pour les passions, et encore moins pour le chaos…
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