Loin du pathos et de la mise en scène spectaculaire de certains films hollywoodiens qui ont abordé le sujet avec plus ou moins de réussite, plusieurs documentaires ont, récemment et moins récemment, montré la peine capitale aux États-Unis pour ce qu’elle est : le résultat d’un système judiciaire défaillant, inéquitable et raciste, et qui, loin d’apporter justice et réparation aux proches des victimes, engendre de nouvelles violences.
Voici quelques films documentaires à découvrir pour comprendre la violence et l’absurdité de la peine capitale aux États-Unis :
Into the Abyss (2012)
En 2010, l’immense cinéaste Werner Herzog a réalisé Into The Abyss. Il y explore le cas d’un condamné, Michael Perry, non pas pour sonder d’éventuels regrets, mais pour comprendre le contexte de misère sociale et familiale de ce crime crapuleux, l’assassinat de trois personnes dans le but de voler une voiture, avec un complice, Jason Burkett, condamné, lui, à 40 de prison.
Into The Abyss se concentre avec précision et patience sur les mécanismes de reproduction de la violence. Sans exonérer Michael Perry du mal qu’il a fait, Werner Herzog, dont on entend la calme voix poser des questions hors champ, tend à (nous) interroger sur la notion de justice, de vengeance, de pardon. En parlant avec le condamné dans ses derniers jours, mais aussi avec ses proches (certains membres de sa famille sont aussi en prison), ainsi qu’avec les proches de ses victimes, il reconstitue le tableau du crime, aussi glaçant que vertigineux.
Disponible sur YouTube.
Fourteen Days In May (1987)
Quatorze jours avant son exécution le 20 mai 1987, Edward Earl Johson, condamné à mort pour le meurtre d’un policier et le viol d’une femme, crimes pour lesquels il a toujours clamé son innocence, a été suivi par une équipe de tournage pour un documentaire HBO.
Ses avocats, sa famille, les gardiens de l’aile pénitentiaire où vivent les condamnés à mort, le directeur de la prison, tous sont visibles dans Fourteen Days in May qui montre la vie du couloir de la mort, la troublante et dérangeante banalité des derniers jours d’un condamné, les préparatifs, les adieux, l’espoir d’une bonne nouvelle qui s’éloigne à mesure que les jours passent.
Une scène de test de la chambre à gaz, là où doit être exécuté Edward Earl Johnson avait au moment de la diffusion provoqué des réactions bouleversées : on y voit un lapin placé dans le sas afin de tester son étanchéité et s’assurer que le gaz létal fonctionne. HBO avait alors reçu plusieurs courriers pour dénoncer le sacrifice d’un lapin innocent. Difficile de ne pas y voir une morbide ironie, puisque le film se termine avec la mort d’Edward Earl Johnson.
Disponible via Reprieve.
L’État du Texas contre Melissa (2020)
L’histoire de Melissa Lucio, première femme hispanique condamnée à la peine capitale aux États-Unis, est celle d’une femme pauvre et racisée, accusée d’infanticide, et de son procès bâclé.
La réalisatrice Sabrina Van Tassel a voulu raconter son histoire et le combat de ses proches et de ses avocats pour la sauver du couloir de la mort où elle a passé plus de dix ans. En reconstituant les manquements de l’enquête, le retrait de certaines preuves majeures, mais aussi les enjeux électoralistes qui ont conduit à la condamnation, L’État du Texas contre Melissa est un symbole des failles de la machine judiciaire.
Depuis la sortie du film en 2021, l’exécution a été suspendue quelques heures avant la date prévue et Melissa Lucio doit avoir droit à un nouveau procès.
Disponible sur MyCanal
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