Il y a une différence entre vivre « décemment » et avoir un budget qui permet de « survivre ». C’est ce que nous apprend le rapport du Conseil National des politiques de lutte contre la pauvreté (CNLE) — un organisme rattaché à Matignon — exposé en conférence de presse le 16 décembre dernier.
Le seuil de pauvreté fixé par l’INSEE étant de 2 314 € par mois pour un ménage similaire, et de 1 102 € pour une personne seule, ces chiffres piquent.
Des disparités de budget dans le territoire
Les auteurs de ce rapport ont demandé à des « groupes de citoyens » de tous milieux sociaux, de définir leurs propres besoins selon si ces derniers habitent dans une zone rurale, dans une ville de taille moyenne ou en région parisienne, afin de calculer un « revenu décent. »
Le résultat, la somme de 3 381 €, a été établi par les auteurs du rapport comme « budget de référence » qui permettrait de se « sentir partie prenante de la société » — sans avoir à se restreindre au quotidien pour économiser — et de non pas juste « survivre ». Si les dépenses d’habillement, de santé ou d’alimentation sont à peu près les mêmes sur tout le territoire français, celles liées au logement, aux modes de garde ou aux transports varient en fonction de la localisation des citoyens.
En effet, les besoins ne sont pas les mêmes dans certaines régions, où les frais de garde d’enfants peuvent être plus ou moins élevés en raison du manque de solution, tout comme la rareté des transports et des services publics qui feraient augmenter ou baisser le budget des familles, sans parler du prix des logements.
Ainsi, le rapport conclut qu’un couple avec deux enfants aurait besoin de 3 381 € par mois pour vivre décemment dans une ville moyenne, tout en ayant accès à un logement social, 3 824 € en zone rurale et de 4 451 € par mois pour une famille si elle est logée dans un parc privé en Île-de-France (tous les logements non gérés par des bailleurs sociaux).
En comparaison, pour une personne vivant seule et sans enfant, le budget de référence s’élève à 1 467 € dans les villes moyennes, 1 419 € en zone rurale, et 1 863 € en région parisienne.
Le seuil de pauvreté en France
Pour Michèle Lelièvre, la directrice du comité scientifique du CNLE, interviewée par le Huffington Post pour avoir une vie dite « décente », il ne suffit pas de vivre au-dessus du seuil de pauvreté :
[Il y a] une frange de la population non pauvre, mais en insuffisance budgétaire pour mener une vie convenable. Cette classe populaire est composée principalement de gens qui travaillent et qui ont un petit peu plus d’aisance que les personnes sous le seuil de pauvreté. Ils vont jongler pour essayer de boucler les fins de mois, ils sont experts en bons plans et ont développé des stratégies de débrouille pour essayer de vivre au niveau standard.
Michèle Lelièvre
En 2019, d’après les statistiques de l’INSEE, 9,2 millions de personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté, en France.
Crédit photo image de une : Pexels
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Les Commentaires
donc ils expliquent qu'on peut extrapoler aux autres âges via des évaluations annexes, mais je ne sais pas pourquoi les différences d'âge ont été choisies par contre...