Publié le 26 octobre 2017, sous le titre : Oui, la mode continue à avancer vers plus d’inclusion
Il y a quelques jours, je lisais un article du blog mode The Fashion Spot sur le fait que la diversité n’avait jamais été aussi présente sur les podiums des Fashion Week que ceux du printemps 2018.
J’ai prononcé un petit « yes » dans mon coin, parce que oui, c’est une bonne nouvelle. Je sais que certains peuvent hausser les sourcils. Ouep, effectivement, la mode a plein de défauts, presque autant qu’une chemise d’une marque de fast-fashion.
Et oui, souvent je suis désespérée quand je vois les grands pas faits dans la société, soulignés pas mes collègues de la rubrique actu-société, alors que la mode avance LENTEMENT son terrain, telle une vieille mamie, certes extrêmement bien sapée mais en déambulateur sur une montée à 70°.
J’ai du mal à ne pas comparer les deux parce qu’entre la mode et la société au global, à l’instant T, il y en a une qui a sérieusement fait bouffer la poussière à l’autre.
Je dis à l’instant T parce que quand Mary Quant a inventé la mini-jupe, c’était une première, et ça a fait bouger pas mal de trucs.
Je sais que d’autres me diront que c’est Courrèges, essayons de ne pas avoir ce débat maintenant, vous-même vous savez qu’on aura jamais vraiment la réponse.
Mais je vois bien que de la même façon que la rue et les gens de « la vraie vie » inspirent les podiums, ces évolutions vont embarquer la Fashion sphère à ses côtés. J’y crois.
C’est ainsi que j’ai eu le plaisir de voir sur Konbini que Tommy Hilfiger avait lancé tout récemment, une collection de fringues pour les personnes en situation de handicap. Elle est la suite logique d’une collection enfants de 2016 réalisée pour répondre à ce même besoin.
La collection se compose de 34 articles pour les femmes et 37 pour les hommes, dont la fonctionnalité a été repensée. Revelist montre comment en images, avec par exemples des fermetures Éclair des jupes remplacées par des aimants.
Les t-shirts s’enfilent à l’aide d’une encolure qu’on peut ouvrir et fermer sur le même principe.
Il est possible d’adapter sa longueur de jambe avec un système d’ourlet à boutons sur les jeans. Enfin, les doudounes sont pourvues de zip ouvrables à une seule main.
Non, l’inclusion n’est pas incompatible avec le style
Pour moi, un des bons indicateurs montrant qu’une marque fait vraiment l’effort de bosser sur sa diversité et son inclusion, c’est le style et la coupe d’une de ses fringues.
(Bordel ça devrait même pas être un effort, laissez-moi éponger l’absurdité de cette phrase avant de reprendre).
Je m’explique. Non, toutes les coupes ne flattent pas toutes les morphologies, c’est une réalité, même si en revanche oui, on peut tout mettre (mais c’est un autre point).
Ça veut donc dire que si le travail est bien fait, et que la marque veut habiller tout le monde, il lui faut adapter son modèle en fonction des tailles. J’entends par là sa coupe en générale, ses pinces, ses plis, l’emplacement de ses poches, et la liste est longue. C’est un vrai métier.
Avant, certaines marques taillaient « pour les grandes tailles », simplement en gradant à l’arrache, c’est-à-dire en ajoutant juste des valeurs sur le modèle de base pour qu’il aille à toutes les tailles.
Résultat, la coupe était à chier et le stylisme était parti loin, très loin (j’entends qu’il était comme mon prof d’espagnol à la fac, c’est-à-dire : absent.)
Et puis, les marques se sont rendu compte que les consommatrices « grandes tailles » en avaient plein le cul d’être laissées de côté, et qu’elles avaient envie d’autres choses que des t-shirts amples gris chiné et des pantalons informes. Merci bien mais ça ira.
Fun fact : tout le monde a besoin de s’habiller
La vie serait exceptionnelle si on pouvait rester en slip toute la journée, mais voyons la réalité en face, on a tous et toutes besoin d’enfiler quelque chose sur le dos avant de sortir de chez soi.
L’envie, le besoin de cette cible ont fini par être vues et (plus ou moins) entendues et pouf, des sections spéciales « grandes tailles » ont vu le jour, avec des fringues bien coupées, aux motifs vraiment cool et surtout, qui étaient mode, tendance, bref qui suscitaient du désir, et qui ne répondaient pas uniquement à un besoin basique de se vêtir (RIP le look en slip).
On n’est pas encore dans la folie, mais y a eu du progrès. J’aime pas voir le verre à moitié vide, parce que sinon je vais finir aigrie à 60 ans et je serai probablement devenue une vieille conne.
Toujours vers plus d’inclusion, la mode se penche maintenant un tout petit peu sur les fringues adaptées aux personnes en situation de handicap.
D’ailleurs, il y a d’autres marques spécialisées qui sont déjà sur ce créneau, Tommy Hilfiger n’est pas la première personne à faire des vêtements pour elles, heureusement.
Cependant, arrêtez-moi si je me trompe (et c’est possible), mais c’est bien la première fois qu’une grande marque dont on a plus ou moins tous et toutes croisé le nom propose des vêtements adaptés aux personnes en situation de handicap.
Et Tommy Hilfiger, au travers de cette collection, montre qu’on peut faire des fringues qui conviennent à encore plus de gens ET qui sont stylées (après on aime ou pas).
Chère Mode, voilà ce que je te propose pour 2018
Comme je l’ai dit plus haut, les marques habillent des gens qui évoluent dans une société qui elle-même, change. C’est pour ça que concrètement, l’une ne peut pas se séparer de l’autre et que la plus avancée va pousser l’autre à changer. Je t’apprends rien, c’est pas neuf.
Et pourtant, je trouve que c’est hyper important de garder ça en tête. Surtout si comme moi, tu es passionné•e par la mode mais qu’en même temps, t’as envie de pleurer tant le décalage est grand entre les podiums et l’évolution des mentalités.
J’ai récemment discuté avec une de mes amies, une féministe très engagée, qui me disait être horrifiée de voir à quel point la mode surfe sur le féminisme et le Girl Power.
Sur le principe, je la comprends complètement. Comment une industrie qui réifie la femme (entre autres) peut-elle faire des t-shirts féministes ?
La mode surfe sur les changements sociaux et elle en fait son bizness alors qu’elle n’est pas capable de se changer elle-même, c’est pas complètement faux, mais pas complètement vrai.
Cette diversité sur les podiums dont je parlais plus haut, les mannequins dont on voit les vergetures, les poils sur les jambes, ça peut paraitre anecdotique mais ça démontre que ça bouge aussi en interne.
Et puis Dior qui écrit « We should be all feminists », oui c’est du marketing et ça fait rire jaune, mais j’ai envie de dire, pourquoi pas, si ça peut faire en sorte que le message passe partout et notamment auprès des personnes qui ne sont pas encore sensibilisées à la cause ?
De nombreuses lectrices qui kiffent la mode arrivent par ce biais sur madmoiZelle. Certaines d’entre elles ne sont pas féministes mais découvrent ce que c’est en restant voguer sur le site, d’article en article. Et elles finissent par repenser toute la société et les codes qui les entourent.
Je peux te le dire, je suis fière de ça, et c’est même comme ça que j’ai débarqué un jour sur madmoiZelle, y a 7 ou 8 ans de ça.
Encourager les changements sociaux
Donc je dirais que l‘outil n°1 pour que la mode avance encore un peu sur la diversité, c’est toi, c’est moi, et tous ceux qui le veulent.
Ça peut se faire avec des blogueuses ou influenceuses et influenceurs qui montrent d’autres corps, avec le mouvement body positive, quand tu fais un selfie de toi le matin au réveil, que tu vas en manif, y a le choix.
Je pense aux mannequins « grandes tailles » comme Tess Holliday, Ashley Graham… Je pense aux stars qui refusent qu’on les photoshope ou les mannequins qui ont témoigné contre des hommes du même milieu pendant le mouvement du #MeToo. (Bye Terry Richardson, au passage.)
Adapter les formations en mode
Ensuite, je pense que ça se fera aussi dans les formations données dans les écoles de mode. Quand j’étais dans la mienne, je pouvais choisir entre différentes spécialités en dernière année : mode enfant, homme, accessoires, etc.
Sans que ça devienne « une spécialité », je pense qu’on devrait nous former à faire des vêtements pour tout le monde : pour les « grandes tailles », pour les personnes en situation de handicap…
Après, peut-être que certaines écoles proposent déjà tout ça, dans ce cas n’hésite pas à me donner des noms, je serai trop contente de savoir que ça a bougé depuis mon diplôme !
De même, je pense que les conseillères de vente seraient encore plus performantes si on leur apprenait à conseiller les gens en fonction de leurs morphologies et de leurs tailles. Je sais que c’est déjà le cas pour certaines enseignes, mais là je vise LA TOTALITÉ des vendeuses et des vendeurs.
Voilà, c’était ma wish-list pour plus d’inclusion et de diversité en 2018, aussi bien sur les podiums, dans les pubs, que dans les boutiques, bref, partout où la mode est présente.
Oui, on est fin octobre, écoute, l’espoir et les meilleurs voeux n’attendent pas, si ?
À lire aussi : La diversité, star de la Fashion Week de New York !
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Les Commentaires
Dixit une fille condamnée à porter des baskets à 28 ans.