Putain, dix ans. Ça fait déjà plus de dix ans que la planète a serré les fesses de concert le 31 décembre à minuit, à cause de Paco Rabanne qui depuis s’est reconverti dans le drap housse.
Dix ans que l’on attend le bug, dix ans qu’on s’est habitués à l’idée que Retour vers le futur nous ait menti quant aux voitures volantes. Et surtout, dix ans qu’on se coiffe sans permission, en mode label indépendant. Un peu plus pour certaines, un tout petit peu moins pour les sœurettes, mais à quelques pinces papillons près, 2000 a sonné le glas de l’indépendance capillaire, pour le meilleur et pour le pire.
Et tiens, puisqu’on parle du pire : as tu déjà remarqué comme une coupe de cheveux pour laquelle tu aurais vendu ta mère aux allocations familiales peut paraître hors de question la saison suivante ? Regarde attentivement ce qui va suivre et tu vas réaliser, oh oui tu vas réaliser, comme le plaqué devant / bombé derrière est aussi inacceptable que Maurice Papon qui dirait « sur la tête de ma mère, c’est pas ma faute ».
Mais avant d’entamer par le commencement, c’est à dire l’an 2000, je voudrais juste remercier toutes les années 90, à savoir 91, 93, 97, et toutes les autres auxquelles je pense pas forcément parce que je suis émue, et sans qui tout ça n’aurait pas été possible. Hommage.
Voilà, maintenant on peut s’y mettre, attention Simone c’est parti avec 2000, où les cheveux se divisaient en 2 : deux mèches devant les yeux, et le reste derrière les oreilles. Eh ouais meuf, ça fait mal mais ça s’appelle le devoir de mémoire.
2000 : les deux mèches pour cacher ses yeux de pré-adolescente en pleine bissectrice physique
PrécurseuZ : Lara Croft, elle est belle, elle est bonne, mais elle est aussi en images de synthèse (? nous qui sommes en vrai et au collège Gérard Daboval).
Principe de la coupe : Ne pas avoir de coupe.
Ne pas avoir le droit d’avoir une coupe de cheveux définie.
Avoir pour seul accessoire autorisé ses doigts et les utiliser pour rouler deux mèches choisies avec lassitude adolescente et boutons sur le front.
Voilà, ça rend rien mais au moins on a une nouvelle passion : se rerouler les mèches quand elles commencent à fomenter contre la brosse. (= début de dreadlock)
La phrase typique de mère : « enlève tes cheveux on voipatesyeux ».
2001 : La coupe plaquée devant hérissé derrière
PrécurseuZ : Posh à l’époque où elle se cherchait capillairement parlant.
Principe de la coupe : regarder la coiffeuse droit dans les yeux et lui expliquer en faisant le geste qu’on veut que ça soit plaqué devant (faire le geste du plaquage) et hérissé derrière (faire le geste du décoiffage à l’arrière).
La phrase typique de la coiffeuse : « Oui y’a aucun problème, de toute façon après c’est une question de coiffage. Ce que je vais faire c’est désépaissir et dégrader à fond ». (C’est là qu’elle passe sa main dans nos longs cheveux et que normalement, il faudrait fuir).
2002, le brushing qui rebique vers l’extérieur
PrécurseuZ : Tiffany Amber Thiessen, aka 16/9 ème mais aussi Valérie Malone.
Principe de la coupe : Prendre une de ces photos comme modèle pour se rendre chez le coiffeur.
Demander un dégradé beaucoup trop court et un brushing infaisable une fois rentrée chez soi.
Se rendre compte après le premier shampoing que 1/ la ressemblance qu’on se trouvait avec Rachel Green était une vraie illusion d’optique. 2 / putain c’est court on dirait un bol en deux temps. 3 / Ça on le saura que dans deux mois mais une coupe comme ça quand ça repousse, ça fait vite « Bonjour je suis passionnée par le moyen-âge, je participe à des joutes en costume le week-end ».
La phrase typique à son coiffeur : « vous me la faites bien bomber derrière et rebiquer au bout ».
2003, les mèches blondes (ne mens pas, t’en as fait aussi)
PrécurseuZ : Rachel Green, qui n’est pas sur la photo et qui avait un très bon coiffeur puisqu’on avait le sentiment qu’il s’agissait d’une teinte naturelle. Ensuite y’a eu Britney et SURTOUT Christina Aguilera, qui, quand elle fait des mèches, n’y va pas avec le dos de la cuiller.
Principe de la coupe : les premières mèches blondes, c’est comme sa première automobile : on la veut rouge, on la veut avec une sono d’enfer quitte à mettre des enceintes dans le coffre, bref, on veut que ça se voit. D’où l’apparition des premières mèches dites « Bandeaux » réalisées par des coiffeuses sans scrupules qui décolorent 15 g de cheveux par mèche et ruinent ta couleur naturelle pour te faire ressembler à un travelo de Confession Intimes.
La phrase de la coiffeuse : « Ce qu’on va faire, c’est des mèches vanille sur une base chocolat » + touchage de racines = oui, parce qu’elle a eu une formation d’une journée où on lui a appris qu’il fallait donner envie à la cliente en lui évoquant des noms de couleurs concrets. Depuis, elle dit plus « Je vous fais un E43 sur une base B78 », mais elle tease en te parlant de nourriture. Ouais c’est chien.
2005, le Carré plongeant
PrécurseuZ : T-Boz des TLC (c’est celle avec la mèche bleue), qui à l’époque avait poussé le vice jusqu’à adopter un carré plooooooooooogeant, c’est à dire cheveux aux oreilles + deux mèches jusqu’aux épaules. Mais bon, ça date de tellement longtemps que la photographie n’existait pas encore, d’où l’absence d’illustration.
Principe de la coupe : A mon avis, il s’est passé un truc comme avec la tarte tatin. Un jour un coiffeur a fait son cinéma habituel pour claquer un carré à une quelconque Sylvie, et puis elle a penché la tête trop en avant et bam, les présentations avec le plongeant étaient faites. Bref, le carré plongeant, c’est un carré sauf que tu ressembles à une vraie fille et pas à la gamine des Triplés quand tu as la tête qui regarde l’horizon.
La phrase de la coiffeuse qu’il ne faut pas entendre parce que c’est mauvais signe : « Je vais passer un coup de rasoir sur la nuque » = carré plongeant trop court et coupe de skinnhead en rédemption.
2008 : Les rousses prennent le pouvoir (une pensée pour celles qui ont brûlé, RIP)
PrécurseuZ : je n’ai qu’une chose à dire : SCU-LLY. Je sais pas si tu te rends compte du courage de notre agent FBI à la bouche entrouverte au repos : elle- et Ginger des Spice Girls- étaient aussi hardies qu’un mec qui vendrait des porte-clés minaret en Suisse en ce moment.
Principe de la couleur : il faut qu’il y ait du reflet auburn, orange, rougeâtre, bref, il faut que ça flamboie. Je te déconseille de faire confiance à ta coiffeuse qui va te jurer sur la tête de sa mère que tu PEUX avoir cette couleur en étant châtain foncé : elle te ment. Tu vas ressortir de tes deux heures trente d’attente avec de pauvres reflets vénitiens qui t’auront coûté genre 97 euros et 60 cts.
Si tu VEUX être ROUSSE, soit tu te fais jeter un sort, soit tu t’inscris au relooking de M6 (mets une craquette à Christina de ma part merci) soit tu pousses la porte du coiffeur des stars après t’être prostitué pour réunir le budget nécessaire. C’est tout.
La phrase de la coiffeuse : « On va éclaircir pour créer une profondeur et puis on posera un auburn mélangé à un châtaigne blah blah blah blah blah » + touchage de racines.
2009 : La coupe Punk MAIS romantique
PrécurseuZ : les Ponkettes des années 80 qui ont conquis la tondeuse à la force du poignet. Merci à elles qui ont ouvert la voie à Rihanna. Sans elles, Riri aurait dû garder sa coupe au bol que franchement, on veut bien que c’est une star et qu’elle peut se permettre des trucs mais la coupe au bol euuuh, faut pas abuser (cette phrase vous était présentée par le Bescherelle).
Principe de la coupe : rasé d’un côté, et cheveuté de l’autre ; la coupe Punk MAIS romantique comporte donc également un pendant… Romantique, exact.
Le côté romantique, c’est qu’en 2009, on laisse ses cheveux libres, voire on leur applique un masque comme Cassie, voire on joue sa belle gosse comme Alice Dellal. Alors qu’en 80 je peux te dire qu’auprès des Punkettes, Pantène Pro V faisait pas son fanfaron.
La phrase de la coiffeuse : « Ah non, nous on fait pas ça. C’est dommage, vous avez de si beaux cheveux ».
Les Buggs de l’an 2000
De Gauche à droite en partant du haut : 1/ Simone Signoret, 2/ Coupe réalisée par Amélie Chalubier CFA coiffure de Meaux, 3/ Bruce Willis, 4/ Une personne restée bloquée dans les années 80, 5/Echantillon Mondial Moquette, 6/Régine, 7/Coolio, 8/ Mannequin catalogue Simone Coiffure collection 1991.
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Les Commentaires
Qui sait, d'ici peu de temps, on se moquera des nouvelles "blonettes" (chatain très clair), ou de celles qui demandent la coupe de Serena de Gossip girl (nouvelle coupe supplantant le brushing Rachel de Friends) à leurs coiffeurs?
Mince, ça craint j'ai les deux...