Les premiers mois de grossesse peuvent être un calvaire pour les personnes enceintes. Elles sont encouragées à ne pas l’annoncer, et à garder pour elle de potentiels désagréments physiques très handicapants — sans parler du bouleversement psychologique…
Il est en effet « recommandé », surtout par convention et parfois par peur des discriminations, de ne pas annoncer sa grossesse avant douze semaines, le risque de fausse couche chutant drastiquement à ce moment-là.
Madmoizelle consacrait d’ailleurs un article au sujet des difficultés lors du premier trimestre de grossesse il y a quelques mois ; des femmes témoignaient de l’enfer qu’elles vivaient, notamment dans le cadre professionnel. Paula Forteza déclarait hier au micro d’Europe 1 :
« […] il faut qu’on puisse prendre en charge par les politiques publiques, le système de santé, le Code du travail, cette période de façon à aménager le parcours de ces trois premiers mois pour les femmes. »
La députée s’est appuyée sur plusieurs centaines de témoignages, des études scientifiques, sur sa propre expérience qu’elle détaillait en juillet dernier, et sur le très documenté livre de Judith Aquien, sorti récemment, Trois mois sous silence. Le tabou de la condition des femmes en début de grossesse. Pour l’autrice, révéler ou non sa grossesse devrait être un choix et non une injonction. Les femmes devraient avoir la possibilité de rompre un isolement subi :
« On n’explique pas les raisons de cette injonction au silence et les femmes l’appliquent souvent sans trop réfléchir aux conséquences que cela peut avoir, et notamment la solitude qu’elles vont traverser.
Cela devrait être un pur choix personnel éclairé, et cela devient une convenance à tous les niveaux. Aucune aide n’étant prévue pour les femmes enceintes au premier trimestre, elles se retrouvent à devoir cacher des symptômes extrêmement difficiles à vivre et handicapants. »
« Il faut que tout le monde comprenne : il ne s’agit pas de caprices mais de véritables symptômes physiques ! », écrit sur Twitter Paula Forteza
Le tabou de la fausse couche
La député axe ses demandes sur une meilleure prise en charge des premiers mois et des possibles fausses couches. Elle détaille les difficultés, leurs origines et les améliorations souhaitées, au niveau des pouvoirs publics :
« Cela s’explique par les précautions, l’envie de ne pas vouloir dévoiler sa grossesse avant de savoir si elle va arriver au but. Pendant les trois premiers mois, le risque de fausse couche pèse énormément sur les jeunes mamans. Mais justement, si on vit une fausse couche, il faut pouvoir la vivre accompagnée et non isolée. »
En effet, en cas de fausse couche, l’arrêt maladie n’est pas obligatoire et environ 40% des demandes n’aboutiraient pas. Alors que cet événement peut être très éprouvant à la fois physiquement et psychologiquement, il serait tout à fait nécessaire de prévoir un arrêt de travail. C’est une sorte de deuil et les femmes – les parents de façon plus générale – ont besoin d’être accompagnées. La député propose un congé spécial :
« Pour permettre de traverser l’épreuve qu’est une fausse couche, nous souhaitons instaurer un congé spécifique de trois jours pour les femmes et leur conjoint ou conjointe, sur le modèle de celui mis en place en Nouvelle-Zélande. »
Nausées, fatigue intense et malaises
La députée déplore également le peu de recherches scientifiques dans ce domaine alors que les nausées concernent beaucoup de femmes au premier trimestre de grossesse. Elle déclare :
« On prescrit des remèdes ou des médicaments naturels qui sont plus ou moins efficaces selon les personnes. Simplement, l’industrie pharmaceutique ne les teste pas sur des femmes, ou des animaux femelles.
On arrive à créer des vaccins contre le Covid en quelques mois, et on n’arrive pas à mettre en place un médicament efficace contre les nausées pendant la grossesse. »
La fatigue ressentie par les femmes est parfois tellement intense qu’elles peinent à mener leur activité professionnel normalement. Pour Madmoizelle, Marie, 32 ans, racontait :
« Je me cache régulièrement dans une salle de réunion vide pour me reposer. »
La députée préconise la possibilité de « télétravailler, ou changer de poste si elles sont très longtemps debout ou en contact avec la clientèle ». Peut-être faudrait il aussi réserver des temps et des lieux de pause aux personnes enceintes. Il est déjà possible d’avoir des aménagements d’horaires dès le quatrième mois – ne prenant donc une fois de plus pas en compte les symptômes importants du premier trimestre – mais cela est régi par les conventions collectives et non par une loi.
On attend donc avec impatience d’avoir accès aux débats qui ont eu lieu à l’Assemblée autour de ces mesures présentées par la députée Paula Forteza.
Alors que la présidentielle approchent et que les déclarations de candidatures se font au compte-gouttes, on espère des mesures fortes proposées dans les programmes autour de ces questions qui n’ont rien d’anodin — car les femmes en ont marre de serrer les dents durant cette période qui peut être source de grande joie, mais aussi extrêmement pénible.
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Photo en une © Josue Michel, Unsplash
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Les Commentaires
On arrive à créer des vaccins contre le Covid en quelques mois, et on n’arrive pas à mettre en place un médicament efficace contre les nausées pendant la grossesse. »
Si la députée en question passe par là : merci