Quand les inégalités liées au handicap s’ajoutent à celles du genre, on appelle cela la double peine. À travers une étude publiée le 9 novembre, en collaboration avec l’Ifop, L’ADAPT pousse un « cri d’alarme » au sujet des violences sexistes et sexuelles dont sont majoritairement victimes les femmes en situation de handicap. Deux enquêtes ont été réalisées simultanément. La première a été conduite auprès de 2002 personnes en situation de handicap, la seconde sur un échantillon de 2001 personnes, représentatif de la population française dans son ensemble. Les résultats ont ensuite été étudiés sur la base de quatre populations différentes : les femmes en situation de handicap, les hommes en situation de handicap, l’ensemble des femmes et l’ensemble des hommes. L’association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées révèle ainsi que 16% des femmes handicapées affirment avoir été violées, contre 9% des hommes handicapés. C’est presque deux fois plus que l’ensemble des femmes interrogées (9%) et plus de cinq fois plus que l’ensemble des hommes (3%). Des inégalités criantes qui ne connaissent pas d’exception.
23% des femmes handicapées victimes de violences conjugales
Dans les cas de violences conjugales, l’écart est également important. 23% des femmes handicapées déclarent en avoir été victimes, contre 15% sur l’ensemble de la population féminine. Les chiffres diminuent drastiquement concernant les hommes handicapés (13%) et encore davantage pour l’ensemble des hommes (4%). Selon L’ADAPT, cette « surexposition » des femmes en situation de handicap aux violences sexistes et sexuelles s’explique par leur « vulnérabilité physique, psychologique et économique (qui) les exposent davantage aux comportements de prédation ».
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Des inégalités dans tous les domaines
Ces inégalités s’observent également dans le milieu du travail, où 52% des femmes handicapées estiment que les choses sont plus difficiles pour elles, contre 36% des hommes handicapés. Mais que seraient les inégalités sans parler de la vie domestique. Là aussi, les femmes handicapées passent plus de temps (8,7 heures) que les hommes handicapés (7 heures) à s’occuper des tâches ménagères. Mais l’étude révèle aussi que dans ce cas précis, « le handicap n’a que peu d’impact sur la répartition des tâches domestiques au sein du couple ». En effet, l’ensemble des femmes interrogées déclarent effectuer 8,5 heures de tâches ménagères, contre 6,5 heures pour l’ensemble des hommes. Cette étude est l’occasion de rappeler que dans la lutte contre les inégalités, il est primordial de garder à l’esprit qu’une discrimination peut en cacher une autre et que certaines personnes paient les frais de ce cumul.
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Visuel de Une : Unsplash / Romain Virtuel
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
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