La rentrée des classes vient à peine de passer que les hautes tensions persistent et s’accentuent. Dans un contexte de terrible inflation qui fragilise encore plus les plus précaires dont font souvent partie les étudiant·e·s, le gouvernement français a annoncé sa volonté de refondre le système de bourses, laissant présager le pire ou des mesures insuffisantes. C’est pourquoi quatorze président·e·s d’université ont signé ensemble une tribune parue le 19 septembre 2023 dans Le Monde afin de réclamer une « allocation d’étude » pour tou·te·s les étudiant·e·s.
Des président·e·s d’université réclament une « allocation d’études » pour tou·te·s les étudiant·e·s
« Nous, présidentes et présidents d’université, appelons à une réforme structurelle d’envergure des bourses avec pour objectif la mise en place d’une allocation d’études pour toutes les étudiantes et tous les étudiants, à l’instar de ce qui se pratique dans d’autres pays d’Europe. »
Tribune « Nous, présidentes et présidents d’université, appelons à la mise en place d’une allocation d’études pour tous les étudiants », parue dans Le Monde le 19 septembre 2023.
Cette coalition de président·e·s d’université listent plusieurs chiffres alarmants émanant de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) sur la précarité étudiante croissante en France :
« 26 % des étudiants interrogés déclarent vivre de manière précaire et 56 % disent rencontrer des difficultés financières au point de réduire leur alimentation, quand 38 % peinent à payer leur loyer. […] 27,1 % des étudiants vivraient sous le seuil de pauvreté (correspondant à 60 % du niveau de vie médian des étudiants, soit 454 euros). »
Une allocation contre le « stress financier qui affecte souvent leur réussite et leur santé mentale »
Ces président·e·s d’université l’affirment : ni les bourses sur critères sociaux, ni les aides exceptionnelles débloquées fin 2022 par le gouvernement ne suffisent à juguler cette précarité étudiante. Et encore moins de permettre une égalité d’accès à l’enseignement supérieur. C’est pourquoi cette coalition appelle à « la création d’une allocation d’études pour tous » qui permettrait de réduire les inégalités socio-économiques. Cela contribuerait à décharger les étudiant·e·s du « stress financier qui affecte souvent leur réussite et leur santé mentale ».
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Ce genre de revenu universel de formation existe déjà dans d’autres pays comme le Danemark, cite la tribune : tout·e étudiant·e quittant le foyer familial reçoit une bourse d’environ 800 € mensuel, interrompue s’il prend du retard dans son cursus. C’est un exemple que pourrait prendre la France. En plus de favoriser la poursuite d’études supérieures, ce genre d’allocation d’étude pourrait aussi profiter à l’engagement associatif, et aux échanges universitaires internationaux, plaident les président·e·s d’université.
Des étudiant·e·s peinent à « se nourrir, à aller chez le médecin, à avoir une hygiène minimale au quotidien »
Christine Neau-Leduc, professeur de droit qui préside l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne a raconté au micro de France Inter le 20 septembre 2023 les difficultés grandissantes que rencontrent les étudiant·e·s :
« Ce sont des réalités humaines au quotidien. Vous parlez de ces chiffres, mais parmi les marqueurs incroyables comptent les aides d’urgence que nous distribuons à nos étudiants. Les années précédentes, le montant maximal par étudiant, c’était 400, 500, voire 600 €. Or, cette année, c’est 1000, 1200, 1400 €. Ces aides peuvent aussi concerner des étudiants boursiers. Ce sont des aides qui dépendent des universités, c’est le seul levier que les universités ont pour accompagner, en plus des aides du CROUS, des APL. [Ces demandes d’aides d’urgence] explosent en nombre et en montant. C’est une réalité au quotidien : on voit la difficulté de nos étudiants à se nourrir, à aller chez le médecin, à avoir une hygiène minimale au quotidien. »
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« Sortir de la précarité n’est pas un Smic d’assistanat »
Un autre signataire, Michel Deneken, président de l’université de Strasbourg, a également plaidé pour cette allocation d’étude pour tou·te·s auprès de France Info :
« On se plaint que les jeunes n’ont plus de motivation, mais si on a envie d’investir en eux, il faut les aider. On ne va pas en faire des assistés. Ce seront des étudiants responsables d’un budget qu’on leur apprendra à gérer, et qui seront des acteurs économiques, professionnels et culturels plus rapidement. […] Sortir de la précarité n’est pas un Smic d’assistanat. C’est un contrat d’allocation d’études qui évoluera au fil du cursus. Les économistes nous disent que c’est gagnant-gagnant. »
Espérons que le gouvernement l’entende de la même oreille.
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