C’est vrai on en entend souvent parler mais clairement, quand peut-on parler de blockbuster ? Et puis c’est quoi, vraiment ? Une bouse qui a fait des millions d’entrées ? Une explosion de la rétine ? Laisse donc tatie Mary-Eunice venir à ton secours dans cette avalanche de genres cinématographiques.
« Blockbuster » est d’abord le nom d’une bombe utilisé par les américains durant la Seconde Guerre mondiale. Tu comprends bien que c’est un terme a consonance plutôt vénère. Ce mot vient du jargon américain (un peu comme « faire le buzz », expression qu’il faudrait éradiquer sous peine de pendaison par les cuticules des pieds, chez nous).
À la base, on en parle au théâtre lorsqu’une pièce rencontre un fort succès (exemple : « Hernani a beau être beaucoup trop free du fri-fri, je pense qu’Hugo a donné naissance à un blockbuster. » – Pouet). Ensuite, l’idée s’est répandue au cinéma et a désigné un film avec un budget énorme, qui mobilise une quantité astronomique de personnels, et qui, souvent, explose le box-office.
Le blockbuster est devenu un genre cinématographique vers la sortie des Dents de la Mer (1975). C’est par là que sont apparus les premiers produits dérivés – et à qui tu dois le rayon « Ewok en peluche qui grogne » à la Fnac.
Y’a pas à dire, plus on avance dans le temps, plus on tend à blockbustériser le cinéma grand public. Depuis quelle année on n’a pas passé une année sans reboot, suite ou prequel de n’importe quel super héros, allant du très mauvais au bandant, en passant par le bof ?
Je suis sortie de Pacific Rim avec l’impression d’être un Power Ranger. Et je trouve quand même fou qu’un réalisateur arrive presque à te vendre une fin du monde que tu crèverais d’envie de vivre au moins une fois. Pour moi, c’est comme ça que tu dois passer la porte du cinéma. La preuve que le film a réussi son contrat : t’en foutre plein la tronche.
Après l’arrivée fracassante (dans le sens premier du terme) d’After Earth et un peu mieux de Star Trek : Into Darkness (je l’ai pas vu, je peux pas dire, honte sur mon crâne), Guillermo Del Toro a fait un boulot à la hauteur de mon amour pour lui. Voici donc des tips de réal cool (des fois que tu te prennes à vouloir produire le nouveau Independance Day).
Faire venir des aliens du fond de l’océan
Qui dit gros budget dit souvent inventions à la hauteur du porte-monnaie. Faut pas se leurrer, avec des centaines de millions de dollars, ça serait un peu con d’aller faire un docu sur les ornithorynques du zoo d’Amnéville (bien qu’à mon sens et en 3D, ça pourrait faire classe quand même).
Dans Pacific Rim, des extra-terrestres sous forme de monstres géants sortent de manière plus ou moins aléatoire d’une brèche au fin fond de l’océan Pacifique. J’avoue, si tu me dis bestiaire de quatre kilomètres de haut, tu me prends par les sentiments. Mais y’a pas a dire, c’est hyper bien chiadé.
Petit, petit, petit…
Dans le film, ils sont appelé les « Kaiju » (ça signifie « bête étrange » en japonais »). C’est un terme qui définit ce genre au japon (les films où une bête détruit la ville et c’est pas cool). Ce qui prouve que Del Toro apporte son lot d’influences, et qu’il en a dans le caillou.
En fait, lors de la première attaque de monstre (dix premières minutes, on perd pas de temps), j’ai eu l’impression que les sièges du Max Linder se transformaient en simulateur du Futoroscope. La salle tremblait et direct, je me suis cru dans un immense concert de rock – avec les potes de Godzilla. Le rêve de ma vie.
Ce qui est vraiment cool avec Pacific Rim, c’est qu’ils ne se sont pas contentés de n’en créer qu’un seul (à la manière de Cloverfield par exemple). Comme ce genre de film est juste là pour te brûler les yeux et te faire faire des crises d’épilepsies (ou un orgasme ?), il pleut des tas de Kaiju, et de toutes formes.
J’ai aimé la recherche particulière pour que chaque bête ressemble de près ou de loin à un animal. J’envoie tout mon amour au Kaiju chauve souris – que j’aurais bien apprivoisé et utilisé comme moyen de transport pour aller à la rédac.
Chéri, j’suis rentrée !
Forcément, il deviennent aussi de plus en plus imposants, beaux, et surtout vénères tout au long du film. Ça donne un intérêt supplémentaire.
Créer des machines qui font (presque) le boulot à notre place
Forcément, les humains peuvent pas rester là à se faire bouffer comme des Oréo sans rien dire. Pour répliquer, Del Toro a eu l’idée que nous aurions pu créer un moyen de répliquer avec d’énormes robots. Ces machines de guerre seraient conduites par deux personnes dont les cerveaux seraient reliés par la pensée et les souvenirs.
Les robots sont alors appelés des « Jaeger » (« chasseur » en allemand). Je ne sais pas si la comparaison avec la boisson est fortuite, mais à chaque fois que le mot était prononcé je n’arrivais pas à retirer le goût de plante de ma bouche. Le début de l’ivrognerie. Sans doute.
Ces géants mécaniques évoluent également dans le temps et deviennent de plus en plus accessoirisés. C’est un peu comme des Mégazords, mais sans les étincelles. Et forcément, comme il s’agit d’un film de pure action, les doses de TNT et les armes dignes de Ratchet & Clank ne manquent pas.
Alors oui, certain-e-s se demanderont « Mais c’est pas un peu gros quand même ? ». Je ne peux que citer la merveilleuse réponse de Fab qui a su résumer la situation de manière claire et concise « Mais c’est des putains de robots qui se battent contre des putains d’aliens géant au centre d’Hong-Kong, alors oui c’est un peu gros. »
Prendre de la hauteur
Quand on regarde Pacific Rim, on se rend compte que quasiment toutes les scènes ne se passe pas à hauteur d’homme, mais bien plus haut. C’est un peu comme un Domino Day de gratte-ciels pendant deux heures dix.
On peut parler d’un film à (très) grand spectacle dans le sens où les images sont impossibles à shooter avec les (même gros) moyens du bord. Également, beaucoup de scènes se passent dans ou sous l’eau. Et ça donne un résultat carrément stylé.
Moi pendant tout le film. (Photo de Mustang Wanted)
Comprendre le sens de « tous pour un, un pour tous »
Je ne sais pas si tu as remarqué, mais souvent dans les blockbusters, la population mondiale a tendance à se faire attaquer par un truc qui en veux à la planète entière (2012, The Avengers, La Guerre des mondes). Que tu sois noir, blanc, vert ou rouge avec des rayure dorées, c’est le même destin pour tout le monde : le trépas. Il faut donc se serrer les coudes.
Comme c’est expliqué dans la première séquence du film, dans Pacific Rim, les pays ont oublié leurs querelles et ont décidé de faire face ensemble. C’est beau.
Le patriotisme US omniprésent dans les blockbusters et les films catastrophes en général (Armageddon) est quand même totalement lourdingue. Del Toro n’est pas tombé dans ce piège, en faisant intervenir le monde entier (et surtout pas le Président, et surtout pas Dieu). Ça ne l’empêche pas de sortir les violons relous, mais peu importe, puisque c’est un foutu film avec des robots qui tabassent des dinosaures géants !
De toute manière, le côté « destruction porn » du film ne laisse pas vraiment le choix au mégapoles. Que ce soit Hong Kong, Manille, Sydney ou San Francisco, chacun a droit à son coup de mâchoires bien placé.
Ce qui est marrant et ajoute encore un coté « farfelu mais épique en même temps » c’est que chaque équipe de pilotes sont de purs clichés totalement assumés. Trop facile de rendre aux Asiatiques et aux Russes leurs jaegers – même les yeux fermés, en pouffant un peu de rire tellement c’est gros. Ça m’a un peu fait pensé à Banlieue 13 : Ultimatum. Mais en (infiniment) mieux.
De même, le couple du film joue aussi sur la diversité : il est caucasien, elle est asiatique. C’est un pro, elle n’est pas expérimentée. Aussi classique, sans surprises mais aussi plaisant que le scénario en lui-même.
Raleigh Beckett et Mako Mori pour sauver le monde, au rapport.
Abuser d’une musique qui déboite
Quand tu veux faire un film qui botte les fesses des spectateurs, il faut une musique badass appropriée. Pour Pacific Rim, Guillermo Del Toro a mis aux manettes Ramin Djwani qui a notamment composé pour Game of Thrones et Le Choc des Titans. Bref, on s’met bien.
http://youtu.be/LpuhWD4mjUY
Oui, elle dégouline un peu de partout et à chaque moment de montée en puissance. Le héros enfile son armure de pilote : musique. Le Jaeger arrive et les humains montrent qu’ils sont pas contents : musique. Le monstre meurt : musique. Un autre revient : musique. Mais c’est aussi pour ça que c’est cool.
Oui, c’est franchement gros mais la mélodie finit par te rester en tête, si bien que j’ai fini par l’écouter en boucle en rédigeant cet article. Et puis il faut avouer que ça en jette, les mecs qui vont se battre tranquillou contre des monstres géants, comme s’ils allaient acheter de la margarine à Franprix sur un fond rock’n’roll. Ça m’a foutu le sourire tout le long.
Faire péter la 3D
La 3D c’est relou. Les trois-quarts du temps c’est mal fait. On dirait une carte postale en pop-up. Ça fait mal à la tronche et les lunettes tombent. Tu les nettoies consciencieusement puis tu refais une trace de doigt dessus, mais la lingette a déjà séché. En plus après ça fait une marque sur le nez.
Bref.
Mais parfois, miracle, ça apporte quelque chose.
Avec Pacific Rim c’est le cas. Personnellement j’ai trouvé que le rendu était vraiment magnifique et certains effets hyper bien rendus et réalistes (surtout dans le premier quart d’heure). Alors hop, interdit de rechigner.
Avoir dans ses rangs le combo Idris Elba x Ron Perlman
Pour faire tenir un blockbuster vénère comme ça, il faut des bonhommes qui en ont dans l’sloup. Del Toro l’a bien compris.
C’est pour ça qu’il a invité dans son décor Ron Perlman, la « gueule » d’Hellboy, de Stalingrad ou encore de la série Sons of Anarchy. Il joue Hannibal (pourquoi pas Jean-Eustache, hein ?), qui n’est pas forcément le personnage le plus avenant du long-métrage. Il lui apporte cependant une certaine diversité et forme d’humour prévisible dans ce genre de film.
« Tu l’a dit bouffi(e) »
Idris Elba est également de la partie. Habitué à
Thor, Ghost Rider et Prometheus, il est ici Stacker Pentecost, le grand manitou qui gère le hangar des jaeger comme un pro.
« Je t’avais pourtant dis de mettre ton clignotant quand tu tournais »
Contrairement au personnage principal, Raleigh Beckett (Charlie Hunnam) qui se contente d’être mignon et de faire bien son boulot, les deux acteurs cités au-dessus sont vraiment des figures de valeurs sûres pour un film aussi explosif.
Congédier le soleil
Sache que si tu déprimes parce qu’on est déjà presque à la moitié des vacances scolaires, qu’il fera bientôt moche et gris, je te déconseille de poser des fesses devant Pacific Rim.
La raison ? Il pleut. Tout. Le. Temps.
Quitte à ce que tout le monde crève, autant le faire sous un torrent pour faire encore plus dramatique.
Pas (trop) se prendre la tête sur le scénario
La clé d’un film de pur action pas trop relou ? Un scénario clair, net et simple. Dans Pacific Rim Del Toro ne laisse aucune place aux doutes. L’histoire est tellement prévisible qu’elle en devient comique. Sans parler des incohérences et des grosses ficelles, mais on s’en fiche, non ? C’est un film où des robots tabassent des dinosaures géants ! C’est comme si au premier coup d’oeil tu savais précisément ce qui va advenir de tous les personnages, mais c’est tellement hallucinant que tu t’en fiches un peu.
Cette petite personne va pleurer.
Cependant, le réalisateur est loin d’être con-con et d’avoir mis toutes sa thune et ses idées dans de nouvelles manières d’exploser les buildings. Le film est basé sur une idée vraiment originale et plutôt bien amenée. On y retrouve de bonnes références artistiques – Del Toro affirme s’être parfois inspiré du Colosse de Goya, mais aussi à la pop-culture et au gaming.
Assumer jusqu’au Final Cut
Ce que j’aime par-dessus tout avec ce genre de film, c’est qu’ils se prennent rarement au sérieux. Tu trouveras dans Pacific Rim un lot de blagues un peu lourdes mais bien placées qui ne font jamais mal pas où qu’ça passe.
C’est un film qui ne se prend pas la tête, de manière totalement assumée. Le spectacle est absolument hallucinant et tu ressortiras forcément comme une conquérante digne d’assurer le retour chez toi les dents serrées et le regard perçant.
Pour toi Del Toro n’a fait qu’un Transformers de plus, ou un film carrément bandant ?
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