« Est-ce que c’est votre responsabilité ? »
Maureen a 31 ans, et elle a commencé sa psychothérapie dans une période difficile : après un burn-out et la fin d’une relation toxique, sa médecin généraliste lui conseille un suivi psychologique.
« Après plusieurs séances, ma psy m’a fait comprendre qu’il était temps que j’apprenne à lâcher prise. Elle m’a demandé de lui raconter plusieurs situations qui m’ont rendue tristes ou en colère, dans ma vie personnelle et professionnelle.
En fin de séance, elle est revenue sur ces situations et m’a demandé, pour chacune d’entre elles : “Est ce que c’est votre responsabilité ?”.
Je n’avais pas réalisé que je m’investissais trop, et que je prenais la responsabilité de choses sur lesquelles je n’ai pas d’impact. Désormais, j’apprends à dépenser mon énergie pour des personnes des situations qui le méritent, et qui me font du bien.
Et dans chaque situation inconfortable, ou dans laquelle je dois prendre position, je me demande : “Est-ce que c’est ma responsabilité? Est ce que j’ai un impact sur cette situation ?”
Si la réponse est oui je réfléchis à ce que je peux faire pour améliorer la situation. Si ce n’est pas le cas, je ne m’investis plus autant.
C’est le conseil le plus important qu’elle m’a donné, car il me permet de prendre du recul et d’avancer plus sereinement dans tous les aspects de ma vie ! »
« On apprend toujours de ce qu’on voit comme des échecs »
Pour Louis, 22 ans, c’est la crise sanitaire qui a été le déclencheur de sa psychothérapie : bloqué chez ses parents en zone rurale, loin de la fac où il effectue son master en recherche, il a commencé à se sentir isolé et angoissé.
« Ma mère et mon copain, voyant mon état, m’ont encouragé à aller consulter une psychothérapeute. J’ai pris le temps d’accepter en avoir besoin, et j’ai pris un rendez-vous au CMP [centre médico-psychologique, ndlr].
J’ai accroché très vite avec ma psy ; au bout de trois séances, j’ai commencé à sentir que c’était utile et que ça me faisait du bien. J’ai pu parler de mes études et de la pression qui me pesait. Elle a identifié les exigences que je m’imposais pour plaire à ma famille, et a réussi à mettre des mots sur beaucoup de choses jusqu’ici non résolues pour moi.
C‘est dans ce cadre qu’elle ma donné un conseil, ou plutôt un mantra que je garde en tête en permanence : “Quand tu penses échouer, rappelle-toi que tu en tires toujours une leçon et que tu as appris des choses pendant cette période que tu vois comme un échec”.
Aujourd’hui, je suis beaucoup moins terrifié par l’échec : je l’appréhende beaucoup mieux, et j’ai même accepté de changer de master pour faire quelque chose qui me sied mieux, et qui me permettra d’arriver aux mêmes objectifs.
C’est un conseil que j’essaie de m’appliquer à chaque fois que j’entame quelque chose de nouveau : ne pas me restreindre par peur d’échouer, et ne pas me forcer à suivre un seul chemin en gardant en tête que toutes les expériences sont des opportunités d’apprentissage, qu’elles soient réussies ou non. »
« Ne vous attardez pas sur ce qui ne vous appartient plus »
Rell a 34 ans, et elle a compris qu’elle avait besoin d’une psychothérapie quand son travail difficile a commencé à prendre le pas sur toute sa vie… sans aucune reconnaissance. Pour retrouver un équilibre sain et reprendre confiance en elle, elle a donc décidé d’aller consulter.
« Ma première séance a été très courte : je n’ai fait que pleurer durant quarante-cinq minutes. Aucun mot n’a pu sortir de ma bouche ! Je me sentais complètement polluée dans mon quotidien.
Un jour, alors que j’étais encore très remontée contre ma direction à cause d’un problème qui n’était pas de mon fait, ma psy m’a dit “Ne vous attardez pas sur ce qui ne vous appartient plus. Lâchez prise.”
Cette phrase a été magique : elle a réussi, en quelques mots simples, à me faire entendre que l’avis des autres, les problèmes créés par autrui, n’étaient pas de mon fait — dès lors, je pouvais m’en délester.
Je me suis sentie réellement soulagée d’un poids : aucun autre mot ne m’avaient jamais fait autant de bien ! Depuis, je ne perds plus de vue mes objectifs. Car si ce conseil a été très précieux, c’est aussi parce qu’il est universel, et peut s’appliquer à toute situation. J’y repense tous les jours. Le lâcher prise est une forme de bienveillance envers soi-même qu’il ne faut pas négliger ! »
« Si tu en as envie, fais-le ! »
Marion a 25 ans, et elle a commencé une thérapie dès que sa vie a été assez stable pour qu’elle se lance.
« J’avais des problèmes de confiance en moi et de mal-être, au travail comme dans la vie sociale. Ma psy était à peine plus âgée que moi, et le fait qu’on soit de la même génération m’a beaucoup aidée : je savais qu’elle comprenait l’enfermement qu’on peut ressentir aujourd’hui, à 25 ans, dans cette société.
Grâce à ces séances, j’ai compris beaucoup de chose sur moi-même et sur mon rapport au monde. Elle m’a appris à écouter mes envies, mes besoins, et j’ai découvert que j’étais en plein bore-out.
J’ai commencé à envisager un nouveau projet, mais j’avais très peur du jugement de mon entourage et de l’échec. C’est là qu’elle m’a donné ce précieux conseil : “Eh bien, si tu en as envie, fais-le !”.
Elle m’a aidée à me concentrer sur chaque étape, l’une après l’autre, et m’a montré que j’étais libre d’emprunter le chemin que je souhaitais, ou de changer en cours de route.
Et ça a marché ! Dans trois semaines, un an et demi après le début de ma psychothérapie, je commence un projet pour devenir navigatrice dans la marine nationale !
Même si ma thérapie est terminée depuis quelques mois, je repense souvent à ces paroles : elles m’ont aidée à prendre conscience de qui j’étais, et du fait que j’avais le droit de faire ce que j’avais envie. C’est ce dont j’ai eu besoin pour laisser derrière mois cinq ans d’études, un CDI bien payé et un bel appartement pour me lancer dans une nouvelle aventure — difficile, mais qui me ressemble vraiment ! »
«Si j’étais vous, il y a longtemps que je l’aurais quitté »
Il y a quelques mois, face à une baisse de moral qu’elle ne parvenait pas à s’expliquer, Laurie* s’est dit qu’elle avait besoin d’un soutien. Sur les recommandations de son frère, qui travaille dans le milieu médical, elle prend rendez-vous avec une psychologue… mais la première séance ne se passe pas comme elle l’avait imaginé.
« Elle était très franche, avait un tout petit cabinet sombre, m’a prise en retard et a réclamé son chèque dès mon arrivée. Autant dire que nous ne partions pas sur de bonnes bases.
Quand elle m’a demandé ce qui m’amenait chez elle, je lui ai déballé tout ce que j’avais sur le cœur, dont beaucoup de choses liées à mon couple. Je ne me sentais pas à ma place, pas aimée, pas désirée, pas utile… Le mode de vie de mon compagnon (souvent absent, alcoolique, distant) ne me convenait pas.
Je me suis interrogée à voix haute : je faisais des efforts et des concessions. Mon copain était heureux avec moi. Alors pourquoi, moi, je ne l’étais pas ? C’est là qu’elle m’a arrêtée pour me demander “Vous n’avez jamais pensé à le tromper ?”
J’étais abasourdie qu’une psychologue me conseille ça de manière si naturelle. Et c’est là qu’elle m’a dit : “Si j’étais vous, il y a longtemps que je l’aurais quitté.”
J’étais sous le choc ! La séance touchait à sa fin, et j’étais en colère de l’entendre proposer des solutions pareilles à un couple qui va très bien. Ce n’était pas du tout ça que je voulais entendre.
J’ai appelé mon frère pour le seriner : “Tu aurais pu m’en conseiller une meilleure que ça ! Elle ne m’a pas plu.” Mais au final, l’idée a fait son chemin, et quelques mois plus tard, mon moral étant encore plus bas, je me suis décidée à quitter mon copain.
Sans cette psy, je ne me serais jamais autorisée à envisager ça ! C’est la meilleure décision que j’aie prise, et j’y repense de manière quotidienne. »
« Ton instinct est ton meilleur allié »
C’est à son entrée au lycée qu’Ada, 20 ans, a commencé la thérapie. Ado sans problème, considérée comme brillante car excellente dans ses études, elle se sentait en décalage émotionnel permanent avec les autres personnes de son âge.
« Je me sentais comme un bébé : j’étais extrêmement émotive, et ça me complexait beaucoup. Je ne comprenais pas pourquoi je n’avais aucune relation sociale saine avec des gens de mon âge, et cela me rendait malheureuse.
Avec ma mère, j’étais aussi très colérique et provoquais de nombreux conflits alors que nous étions très proches. Mais, travaillant dans le paramédical, ma maman connaissait LA psychologue du coin spécialiste de l’hypersensibilité et du diagnostic des hauts potentiels intellectuels. C’est comme ça que je me suis retrouvée dans le cabinet de ma super psy !
Depuis 6 ans maintenant, ma psy veille sur mon émancipation et me donne des outils pour avancer sereinement dans la vie d’adulte. Après m’avoir diagnostiquée comme HPI ou zèbre, j’ai été très soulagée de comprendre enfin mon fonctionnement. Mais j’ai aussi été envahie de questions : comment est-ce que je pourrai survivre en société, maintenant que je savais que je n’étais pas exactement calibrée “comme les autres” ? Je me sentais faible et désarmée.
C’est à ce moment-là qu’elle m’a offert ce conseil très important : “Ton instinct est ton meilleur allié, mais on ne t’a pas appris à l’écouter. Il faut commencer à le faire, car c’est lui le plus fort !’”
Cette phrase a sonné extrêmement juste pour moi : c’est celle qui me permet aujourd’hui de me fier à mon ressenti et à mes émotions. Je me fais bien plus confiance à présent, parce que dans tous types de situations, je m’écoute ! »
« Mais vous êtes libre ! »
Quand Pauline, 28 ans, a commencé son alternance de master, elle a vite réalisé que l’ambiance de travail était loin d’être saine. Après avoir subi du harcèlement de la part de sa supérieure, elle est tombée en dépression et a décidé de commencer une psychothérapie.
« J’ai décidé de voir une psy parce que je pensais que tout était de ma faute, et je voulais comprendre ce qui n’allait pas chez moi. Quand elle m’a expliqué que je n’étais pas coupable, j’ai quand même continué à la voir pour tenir le coup.
J’avais le sentiment d’être totalement bloquée et impuissante : j’étais devenue prisonnière de ma cheffe qui me harcelait et me faisait perdre toute confiance en moi. J’étais tétanisée à l’idée de démissionner et ne pas retrouver d’alternance pour finir mon master.
Jusqu’au jour où elle m’a dit “Mais vous êtes libre, Pauline, libre !” Et ça a résonné en moi comme dans une cathédrale. Après sept mois de calvaire, j’ai démissionné.
Ça peut paraître simple, mais c’est la traduction la plus pure de l’empowerment… On ne m’avait jamais dit aussi clairement que j’avais le pouvoir de décider de ce que je voulais faire de ma vie, perso comme pro !
J’y repense tout le temps : dès qu’une situation commence à m’angoisser, je me rappelle que je suis libre de partir, et ça va déjà mieux.
Même si je ne démissionne pas (ou ne quitte pas mes partenaires) toutes les semaines, rien que le fait de savoir que j’en ai le droit me fait me sentir plus légère. C’est comme une fenêtre des possibles qui s’ouvre dans un coin.
Parfois, je l’emploie aussi au second degré… Quand par exemple mon compagnon me demande “Pourquoi tu as fait [telle chose]?”, je lui réponds “Parce que je suis une femme libre” ! Ça le fait beaucoup rire et ça fait du bien de ne pas avoir à se justifier. »
« L’impossibilité n’est pas l’impuissance »
Jeanne a 19 ans, et elle a commencé à consulter une psychologue à la suite d’évènements familiaux qu’elle n’arrivait pas à gérer seule, notamment à cause du comportement toxique d’un de ses parents.
« J’ai réussi à discuter avec ce parent pour lui expliquer ce qui n’allait pas, et des mesures ont été prises en fonction : une rupture totale de la relation.
Mais une fois que cette coupure était faite, je ne pouvais plus rien faire pour que la personne change. Je devais faire le deuil de celle-ci, alors même qu’elle était encore en vie : je ne pourrai plus la revoir car elle ne changerait pas, et même si elle changeait, ses erreurs passées n’auraient pas été effacées.
Je me sentais alors très impuissante. J’avais envie d’aider cette personne à devenir meilleure, mais il était impossible que je le fasse, et impossible que cela change quoi que ce soit au passé. C’est à ce moment-là que ma psy, pendant mon rendez-vous, m’a dit : “L’impossibilité n’était pas l’impuissance.”
Ce n’est pas moi qui suis impuissante, puisque ce n’est pas de mon ressort.
Cette phrase m’a permis d’avancer, et de passer à autre chose. Et c’est valable pour d’autres situations : j’y ai pensé souvent ces derniers temps, notamment quand j’étais en proie à l’angoisse écologique. »
« N’en veux pas à la petite voix dans ta tête »
Ella a 16 ans. Elle a commencé son suivi psychologique parce qu’elle souffrait d’anxiété, et que ses années au collège avaient été difficiles.
« J’ai tendance à être très critique envers moi-même, et pas très bienveillante. Souvent, dans les moments où je vais bien, une petite voix négative et anxieuse dans ma tête guette systématiquement ce qui pourrait arriver de mauvais, et entache ma confiance en moi.
Mais ma psy m’a fait réaliser une chose : cette voix fait partie de moi autant que le reste. Elle m’a probablement aidée quand j’allais mal, elle est en quelque sorte mon général des armées. Mais aujourd’hui, j’ai le droit de lui dire de me laisser les commandes : j’ai autant de pouvoir sur elle que sur le reste, et je dois pouvoir faire la paix avec elle.
Je me rends compte que ce conseil m’aide à personnifier mes inquiétudes, et ça me fait du bien. Ça les met à distance et elles deviennent moins imposantes : j’arrive à leur poser des contours, et à rationaliser. Et ça m’aide à gérer mon anxiété ! »
« Est-ce que vous aimez vos amis en fonction de leur poids ? »
Le meilleur conseil de psy de Lucile, 25 ans, a été reçu quand elle était suivie en hôpital de jour pour traiter son anorexie. Avec son psychologue, l’entente a été immédiate.
« À ce moment-là, je commençais à perdre espoir : je reprenais quelques kilos pour la pesée chez le médecin, et je les reperdais systématiquement après.
C’est là qu’il m’a demandé : “Que crains-tu en reprenant du poids ?”. Je lui ai expliqué que j’avais peur que mon entourage ne me trouve moins intéressante, qu’ils voient que j’ai perdu le contrôle. Il m’a alors répondu “Mais vous, vous avez des amis qui ont pris du poids depuis que vous les connaissez non ? Est ce que vous les avez vus différemment ? Est-ce que vous vous êtes liés d’amitié parce que vous aimiez leur capacité de contrôle ?”
La réponse était évidemment non, ce qui m’a fait comprendre que ce serait pareil pour mes proches. Que leur regard sur moi ne changerait pas, qu’ils seraient juste moins inquiets. Cette phrase m’a m’a permis de comprendre que j’étais la seule à avoir peur de perdre le contrôle. La seule à accorder une importance capitale à mon poids et à l’image de mon corps.
C’est à partir de ce moment-là que je me suis dit qu’il fallait que je reprenne du poids, pour être à la hauteur de l’amour sans bornes et aveugle que je recevais de la part de ma famille et de mes amis.
Aujourd’hui, je repense souvent à cette conversation. Quand je ne rentre plus dans un pantalon, par exemple, ou quand je suis peu productive, je me remémore ces paroles : je suis aimée, quel que soit mon poids et quels que soient mes échecs.
Je le sais, parce que j’aime mon entourage, quel que soit leur poids, et quels que soient leurs échecs. »
Autant de conseils qu’on gardera en tête, en les appliquant à nos propres combats intérieurs… Et en espérant qu’ils vous seront aussi utiles qu’à nous !
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Crédit photo : Axel Green / Pexels — Hello I’m Nick (Unsplash)
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