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Développement personnel

10 leçons de vie que l’improvisation théâtrale m’a apprises

L’improvisation théâtrale est une formidable école de la vie. Voici ce qu’elle a appris à Clémence pendant ces 8 années de pratiques.

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À côté de mon métier de journaliste que j’adore, j’ai une passion qui m’occupe pas mal : je fais du théâtre d’improvisation. J’ai découvert cette drôle de discipline à 19 ans pendant mes études, et je suis très vite devenue accro.

J’avais déjà fait pas mal de théâtre plus classique quand j’étais ado, mais c’est vraiment l’impro qui m’a permis de m’épanouir et de devenir celle que je suis aujourd’hui.

Lors d’un spectacle d’improvisation théâtrale, des comédiens créent ensemble une ou plusieurs histoires et les interprètent devant un public. Contrairement au théâtre, il n’y a aucun texte écrit : tout est inventé sur l’instant. Nous ne savons pas en montant sur scène ce que nous allons jouer ou quels personnages nous allons incarner.

Il existe aujourd’hui plein de formats de spectacle différents, mais le plus connu en France reste le match d’improvisation, né au Québec dans les années 1970. Le principe est simple : deux équipes improvisent ensemble des scènes de quelques minutes sur des thèmes imposés par un arbitre. Et c’est ensuite au public de voter pour l’équipe qu’il a préféré.

Ce n’est pas parce que nous improvisons, que nous ne répétons pas avant nos spectacles, au contraire. Dans ma troupe, nous nous entraînons ensemble lors d’ateliers tous les mardis soirs pour développer des compétences utiles sur scène… et dans la vie.

Leçon n°1 : se défouler, ça fait du bien

J’ai mis du temps à capter que j’avais besoin de relâcher la pression par moment et que ces séances me faisaient du bien, mentalement et physiquement.

Je ne suis pas une grande sportive (et c’est un euphémisme). Je n’ai jamais vraiment dépassé le stade où les endorphines libérées par l’activité physique sont censées te faire du bien. Mais en faisant de l’impro, je pense que je ressens un peu ce bien-être mystérieux dont parlent les fans de sport.

Un spectacle ou une répétition, c’est physique : on court, on saute, on fait semblant de se battre ou d’être en colère. Il nous arrive de crier, de pleurer, d’éclater d’un grand rire sardonique ou de faire des grimaces. Bref, on peut faire ce qu’on veut sans avoir peur du jugement d’autrui (en respectant les limites de chacun bien sûr).

Leçon n°2 : apprendre à lâcher prise et à accueillir l’imprévu

Je suis quelqu’un de très organisée – on m’appelle même parfois datacenter, c’est dire. Et si avoir le sens de l’organisation c’est bien, être une vraie “control freak”, c’est déjà beaucoup plus pénible. Heureusement, l’impro m’a appris que ça ne sert à rien de vouloir tout contrôler.

Quand je joue une scène improvisée avec quelqu’un, essayer de savoir à l’avance ce qui va se passer est contre-productif, car l’autre est forcément imprévisible (sauf si tu es télépathe, et dans ce cas, écris-moi, il faut qu’on en parle).

Au début, ça avait tendance à me stresser de voir mon ou ma partenaire de scène réagir à une de mes propositions d’une manière surprenante pour moi.

Aujourd’hui, je commence à apprécier ces imprévus et à les voir comme des cadeaux : c’est l’opportunité d’emmener la scène là où je ne l’avais pas prévu. Bref, l’impro m’apprend le lâcher prise, sur scène et en-dehors.

Leçon n°3 : j’ai le droit d’être une autre

Comme au théâtre, l’improvisation me permet d’enfiler le costume de quelqu’un d’autre pendant quelques minutes ou quelques heures.

Même si en impro, il n’y a pas à proprement parler de costumes – en général on est habillé·es en noir et ce sont notre posture, notre voix, nos mimiques et nos gestes qui créent le personnage.

En impro, je peux donc m’autoriser à être méchante, injuste, ou crade, mais aussi héroïque, sublime ou puissante. Et c’est chouette parfois de prendre des vacances, avant de redevenir la Clémence de tous les jours.

Leçon n°4 : apprendre à dédramatiser l’échec

Comme toutes celles qui ont le syndrôme de la bonne élève, je m’efforce de faire ce que l’on attend de moi dans la vie. Et comme toutes les mauvaises joueuses, je déteste perdre. Sauf qu’en impro, il n’y a pas de gagnant ou de perdant. Et surtout, il n’y a pas d’échec.

Toutes les erreurs ou les cafouillages (genre appeler un personnage “Max” après l’avoir déjà prénommé “Bob” dans la même scène), ne sont que des occasions de faire évoluer l’histoire : et si Max était mon amant caché et que cette boulette révélait la vérité à Bob ?

En atelier, l’un de nos profs, Mark Jane, nous faisait même faire des jeux pour nous apprendre à perdre “avec force et grâce”. Une bonne leçon de vie non ?

Un peu comme ça…

Leçon n°5 : apprendre à écouter les autres

Pour construire une histoire ensemble et en direct, on a plutôt intérêt à être très attentif à ses partenaires de scènes. Ce qu’ils ou elles disent, leurs gestes, leurs regards… Tout est important pour pouvoir raconter une histoire cohérente et intéressante.

Dans la vie aussi, c’est plutôt une bonne idée de faire attention à celles et ceux qui nous entourent, à leurs paroles mais aussi à tous les indices qu’ils ou elles laissent filtrer concernant leur état d’esprit.

Leçon n°6 : apprendre à gérer son stress

Je ne vais pas te mentir : monter sur scène devant un public sans savoir ce que tu vas jouer, c’est un chouïa stressant. Pour les plus timides, ça peut même être paralysant.

Pourtant, après m’être jetée à l’eau, j’étais fière comme un pou (une poute ?) et je n’avais qu’une envie : recommencer.

Alors oui, je continue d’avoir une boule au ventre deux heures avant chaque spectacle, mais j’arrive désormais à canaliser ce stress pour être concentrée et énergique. Les rares fois où je suis montée sur scène les mains dans les poches, j’ai mal joué.

Dans ma vie de tous les jours aussi, l’impro m’aide à gérer mon stress. Quand je dois aller interviewer une personne qui m’impressionne, j’arrive à me mettre en condition en me disant : “allez, on a qu’à dire que c’est une représentation et que tu joues le rôle de la journaliste”. Tout de suite, ça fait redescendre la pression.

Leçon n°7 : je peux me sortir de n’importe quelle situation

L’impro m’a bien sûr appris à prendre la parole en public (et à aimer ça !), mais surtout, je sais désormais que je peux me dépêtrer de (presque) n’importe quelle situation gênante. Je n’ai plus peur de bafouiller, d’avoir la braguette ouverte ou de faire une boulette devant 50 personnes.

Je sais que je saurai réagir calmement, avec un peu d’humour ou en tout cas avec de la spontanéité. Grâce à l’impro, j’ai compris que les autres réagissent à l’image que tu leur renvoies. Si tu as l’air détendu·e et à l’aise, ils le sont aussi.

Bon, j’ai encore un peu de taf…

Leçon n°8 : apprendre à avoir confiance en moi et en mes idées

Bien sûr, il m’arrive encore de douter et de me sentir comme une sacrée impostrice (help, je ne connais pas le féminin d’imposteur). Mais l’impro m’a appris que mes idées avaient de la valeur. Sur scène, les autres comédien·nes les écoutent et en tiennent compte. Alors, ça vaut le coup d’essayer de les défendre dans ma vie de tous les jours, non ? (spoiler alerte pour la réponse à cette question : OUI !)

Leçon n°9 : je peux être drôle

La première fois que j’ai réussi à faire rire un public, j’ai vécu un sentiment de puissance incroyable. Ok, j’avais déjà fait marrer mes potes et ma famille, mais ce n’est pas pareil – ils ou elles m’aiment après tout – mais là, que des inconnu·es se marrent à l’une de mes blagues ou grimaces, ça m’a fait du bien et encouragée à faire plus de blagues au quotidien. Même si, inévitablement, parfois je fais des bides. Mais, hé, on n’en meurt pas, alors, ça vaut le coup de s’accrocher.

Leçon n°10 : Militer, ça peut prendre plein de formes

Je ne savais pas trop comment nommer cette leçon. Disons que si je me sentais déjà féministe avant de fouler les planches du monde de l’impro, cela n’a fait que renforcer mon militantisme.

Je vois encore trop souvent des improvisateurs et improvisatrices se réfugier dans des personnages stéréotypés ou des blagues sexistes, racistes, homophobes, etc, par facilité. Et j’ai de plus en plus de mal à le supporter.

Bien sûr, ça m’est arrivé aussi et ça continue de temps en temps, mais j’essaie vraiment de sortir de ce genre de réflexe.

Le formidable espace de liberté qu’est l’improvisation peut justement nous permettre de remettre en question les rapports de domination liés au genre, à la classe ou à la couleur de peau qui sous-tendent notre société. Et je compte bien en profiter.

Et si tu te lançais à ton tour ?

Cet article t’a donné envie de te lancer ? Ou tu as encore une petite voix à l’intérieur de ta tête qui te dit “c’est pas pour moi” ?

Ne l’écoute pas ! Tout le monde peut improviser : même si tu arrives sur scène en disant à ton ou ta partenaire “je ne sais pas quoi dire”, c’est déjà le début d’une histoire, et tu peux compter sur l’autre pour réutiliser ce truc-là.

À Paris

 

À Lyon et Bordeaux

 

À Bruxelles

 

Et il existe plusieurs centaines de troupes dans la France entière, en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, et au Québec bien sûr (berceau de l’improvisation francophone). Tape le nom de ta ville + troupe d’improvisation sur Google et Facebook et tu devrais en voir émerger.

 

Et pour se lancer, tu peux faire la même chose en tapant cours d’improvisation + ta ville dans le moteur de recherche. Tu peux aussi rejoindre le groupe Facebook “Improvisation France”.

 

(Et si tu as envie de me voir sur scène à Paris – et parfois ailleurs- avec de l’indulgence hein car je ne suis pas une comédienne pro, tu peux suivre la page Facebook des Réplikatou – c’est la troupe où j’officie depuis 5 ans.)


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

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