(A part ça, je vais presque bien. J’en suis déjà à ma troisième Nicorette, c’est dégoûtant comme de la menthe au poivre mais ça soulage.)
13 ans : Premières clopes dans le garage de mes parents. Est-ce que je fume bien ? Au collège, ça vanne sur ceux qui « crapautent ». J’ai la trouille d’en être. J’observe mes parents et reproduis : je m’entraîne. Très vite, je fume trois clopes par semaine. Je suis considérée par mes semblables comme une vraie fumeuse.
14 ans : Je me suis faite griller. Ma mère a trouvé un paquet de clope vide dans une boîte de parfum. Elle a d’abord crû que je le gardais en souvenir d’un p’tit copain – naïve maman – avant de découvrir le pot aux roses. Je ne cherche pas à nier. Et je me fais tuer ! Il y a d’abord la menace de la privation d’argent de poche parce-qu’on-ne-te-donne-pas-de-l’argent-pour-que-tu-te-pourrisses-la-santé (« d’façon, j’m’en fous, les clopes je vais directement les taper dans ta cartouche » me dis-je). Pire encore, elle menace d’interdire les sorties en ville le mercredi après-midi (au cours desquelles je peux rouler des pelles à loisir à mon copain). Je flippe. J’arrête la clope une semaine. Version officielle pour ma mère : « si si, j’ai arrêté promis ».
15 ans : Ma petite soeur a senti que je fumais. Quand je lui avoue, elle fond en larmes comme si j’étais condamnée (à 12 ans, elle, elle a déjà compris). Profitant de l’ascendant que me confère mon statut de grande soeur, je la convaincs de me couvrir et d’occuper mon autre petite soeur pendant que je vais fumer. Ce qu’elle fît, en grognant à chaque fois, mais complice (pardon, soeurette).
16 ans : Crise d’ado. « De toute façon, m’man, si tu faisais attention à moi, tu aurais vu que je fume ». Tellement culpabilisée par cette réflexion, elle oublie de m’engueuler pour la clope. Dans les mois qui suivent, je suis incapable de fumer devant elle (« bon, maman, je vais fumer une cigarette, tu marches devant et SURTOUT SURTOUT tu ne te retournes pas »).
A partir de là, c’est la fin des haricots : je fume pour de vrai.
17 ans : A la cantine, c’est pas bon. Ma mère me donne donc chaque jour 4 euros pour mon déjeuner. 4 euros tous les deux jours pour la clope, il me reste donc deux euros pour mon repas du midi. Résultat : pendant un an, je me nourris de deux snickers chaque midi. Bien sûr, ma maman n’en sait rien.
18 ans
: Je suis amoureuse d’un garçon qui ne fume pas. C’est l’angoisse, je ne veux pas qu’il ait l’impression « d’embrasser un cendrier froid ». Je fume moins, mais je fume toujours.
19 ans : RAS. La clope et moi nous nous aimons
20 ans : RAS. Même si j’en ai marre qu’elle pompe tout mon fric.
21 ans : Par coquetterie, je décide de porter un appareil dentaire, avec des bagues et des élastiques, un vrai quoi ! Les bagues sont blanches, les élastiques sont blancs… les premiers jours. Avec la clope, l’ensemble jaunit à toute vitesse. Je souris façon pub Denivit. Pendant un an, mon tabagisme va ressembler à une grosse blague : après chaque RDV chez l’orthodontiste (et donc chaque changement d’élastiques), j’arrête de fumer pour garder mon sourire email diamant, pour reprendre 2 ou 3 semaines plus tard ou, pire, la vieille du nouveau RDV chez l’ortho (« bah oui, d’façon demain elle me met des élastiques propres, ceux-là maintenant je peux les pourrir »).
Note : J’ai compris plus tard que la teinte jaune était,elle, dûe au curry que j’avalais alors en quantité industrielle. J’ai eu moins de mal à arrêter le curry que le tabac… Va savoir pourquoi.
22 ans : Etudiante en fin de parcours, de sous je suis à court. Les comptes sont tristes : « il me reste 100 euros pour finir le mois. 5 euros de clopes par jour, ça me fait moins 75 euros. Il m’en reste donc 25 pour manger pendant deux semaines . Bon ben, au menu, ça sera baguette de pain et bouteille de Cola (made in Lidl).
23 ans : Découverte d’une combine : j’achète mon tabac en Belgique et je roule mes clopes à la main. Ca ne me coûte plus rien. Plus rien ne m’empêche de me saloper les poumons. Plus rien ? Si. J’ai soudainement intégré qu’on pouvait être né en bonne santé, avoir vécu des années sans la moindre hospitalisation et un jour, bam, un truc qui te rend tout mort te tombes sur le coin du nez, un truc comme un cancer par exemple. Alors j’ai décidé d’arrêter de fumer afin de préserver les quelques années d’insouciance qui s’annoncent.
Maintenant ce qui m’intéresse, c’est d’avoir vos retours, fumeuses, ex-fumeuses et non-fumeuses. C’est quoi votre parcours clope, à vous ?
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On a hâte de vous lire !
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Les Commentaires
Sauf que moi j'ai sortis que j'avais essayer rien qu'une fois, alors qu'elle a trouver le paquet, vide bien sur, mais elle m'a cru. Naïveté quand tu nous tiens. Elle croit toujours que je ne fume pas mais je continue comme avant.