Depuis quelques temps, des questions reviennent fréquemment lorsqu’il s’agit de la Présidentielle : une nouvelle façon de voter est-elle possible ? Notre système électoral est-il archaïque ?
Dans cet article mis en ligne l’année dernière par Le Monde et écrit par Michel Balinski, Rida Laraki et le think tank politique Terra Nova, on nous rappelle que les dysfonctionnements de notre scrutin majoritaire à deux tours sont particulièrement bien illustrés par ce qui s’est passé le 22 avril 2002, quand Jean-Marie Le Pen a accédé au second tour alors que le grand favori était écarté de l’élection (et a fini par renoncer à la politique). Comme le notent les auteurs, le gros problème de ce système électoral prend racine au premier tour : le grand favori peut être éliminé au profit d’un, voire deux outsiders
. En cause, la fragmentation proportionnelle au nombre de candidats. Cela soulève alors un autre problème : le vote utile. Pour éviter de connaître un deuxième 22 avril 2002, des électeurs de gauche peuvent par exemple décider de ne pas voter pour le parti qui partage leurs valeurs et porter leur choix sur le candidat progressiste le plus populaire afin d’être sûr qu’il accède au second tour, dimanche. Ainsi, quelqu’un qui se reconnaît totalement dans le programme du Front de Gauche, d’EELV ou autres, peut décider de glisser le nom de François Hollande dans l’urne dans le seul but de ne pas avoir à subir un second tour opposant Nicolas Sarkozy à Marine Le Pen. Ce qui fausse les résultats puisque les attentes des Français ne sont dans ces cas-là pas correctement représentées.
Le vote de valeur, dit aussi jugement majoritaire, fait partie de la famille des votes pondérés et est une alternative à ce scrutin majoritaire à deux tours. Imaginé par deux chercheurs au CNRS à l’École Polytechnique, Michel Balinski et Rida Laraki, il ne se déroulerait que sur un seul tour et permettrait d’évaluer tous les candidats selon un système graduel basé sur une échelle. L’argument principal des défenseurs de ce système, c’est qu’au lieu de se contraindre parfois à voter utile plutôt que par conviction, les électeurs ne dépendraient plus des sondages, et les idées et les valeurs prônées par les petits partis pourraient être ainsi davantage prises en compte, puisque l’engouement des Français pour elles seraient donc visibles. Le vote est ainsi nuancé. On ne voterait plus pour éliminer les autres candidats : on les prendrait tous en compte et on pourrait ainsi graduer notre envie de les voir à la tête du pays et la façon dont on se reconnaît dans certaines de leurs idées.
Dans le topic des infos à suggérer, Ineffable nous a envoyé le lien d’une expérience de vote de valeur gratuite et rapide (merci à elle !). Tu peux ainsi tester le principe et donner tes impressions sur ce mode de scrutin. Après avoir participé à l’expérience, tu recevras un compte-rendu dimanche à l’issue des résultats du premier tour de notre élection présidentielle. Pour y participer, c’est ici. Et pour t’aider à comprendre ce système aussi simple d’utilisation que difficile à expliquer en quelques mots, voici une capture d’écran de l’expérience qui simule ce mode électoral :
Et toi, que penses-tu de ce système électoral ?
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