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Société

Les stéréotypes de genre sont dangereux pour la santé

Violences, estime de soi, épanouissement… les stéréotypes de genre exercent une véritable pression sur les enfants, et les conséquences sur leur santé sont loin d’être anecdotiques.

Le 16 janvier 2014, rediffusé dans le cadre d’un partenariat avec le Centre Hubertine Auclert (notre Manifeste)

Les stéréotypes de genre, #OnEnParle !

madmoiZelle est la fière partenaire de la campagne #OnEnParle, pour déconstruire les stéréotypes de genre.

Aux côtés du Centre Hubertine Auclert, qui lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes en Île de France, nous nous engageons pour un avenir sans injonctions à la masculinité ni à la féminité.

Si tu veux en savoir plus,  rends-toi sur le minisite du Centre Hubertine Auclert ou participe au quizz sur l’Instagram de Rose Carpet.

Et en attendant, découvre cet article qui témoigne des débats autour des stéréotypes de genre en 2014, et surtout de pourquoi ils sont mauvais pour la santé… Littéralement.

En 2018, les stéréotypes de genre sont (encore) dangereux pour la santé

Lutter contre les stéréotypes filles — garçons est un enjeu d’égalité et de mixité, selon le rapport du Commissariat général à la stratégie et à la prospective.

Ce rapport examine les conséquences des stéréotypes de genre sur le développement personnel des filles et des garçons, et présente trente propositions visant à corriger les biais perpétués par notre société.

Des perspectives conditionnées par le genre

« Les garçons ont du mal en français » ou « les filles ont des difficultés en maths », « c’est moins évident pour elles », au choix. Le fort ancrage des stéréotypes enferme les enfants dans un déterminisme genré.

Les stéréotypes de genre influent nos avenirs

Ces « excuses » reposent uniquement sur des stéréotypes, et pourtant, elles deviennent de véritables prophéties auto-réalisatrices.

À force d’entendre qu’ils/elles seraient « naturellement » plus ou moins doué·es pour l’une ou l’autre matière, filles et garçons rencontrent effectivement davantage de difficultés dans ces matières.

Des efforts ont été faits pour proposer de nouveaux manuels scolaires, dans lesquels les personnages féminins sont davantage présents, et ne sont pas cantonnés à la cuisine, par exemple. Mais c’est insuffisant.

Les enfants apprennent, sous la pression de leur environnement familial, social, médiatique, à construire leur identité à partir des clichés de la virilité pour les garçons, de la féminité pour les filles.

Déterminisme genré et orientation

Et cette détermination les amène à se fermer des portes. Les métiers du social, qu’on appelle « le care » ? Les garçons ne s’y projettent pas. Les formations professionnelles et techniques ? Les filles n’y pensent pas.

Les garçons n’auraient pas « les qualités naturelles » requises pour s’épanouir dans le social, un secteur qui convient davantage aux filles, à l’instinct maternel, à la patience et à la capacité d’écoute…

Ces représentations stéréotypées de l’un et de l’autre genre, les enfants les intègrent, au point de les laisser limiter leurs perspectives, en dictant leurs choix d’orientation.

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Extrait d’une publicité pour les jouets Goldieblox

Malgré les efforts déployés pour ouvrir les perspectives des filles, malgré l’augmentation de la proportion de filles dans les écoles d’ingénieur, elles restent absentes des filières professionnelles, comme les garçons sont absents des métiers de la petite-enfance.

Les jeunes français·es se ferment des portes, persuadé·es d’agir selon « leur nature », qui n’est que le produit des stéréotypes que notre société fait peser sur eux/elles.

Le sport pour les garçons, la lecture pour les filles

Les loisirs aussi sont choisis ou imposés en fonction des stéréotypes.

Le sport est un domaine particulièrement non mixte : on distingue des sports « de garçons » et des sports « de filles », et même lorsque filles et garçons pratiquent le même sport, l’organisation est rarement mixte.

Ces distinctions amènent les enfants à se conformer au message qui leur est envoyé : cette activité est pour toi, cette autre activité n’est pas pour toi.

« Par ailleurs, les qualités développées – ou supposées développées – dans les sports collectifs où filles et garçons sont impliqués, comme le basket ball, sont également différenciées : « les garçons sont davantage concentrés sur les valeurs collectives et la rapidité du jeu et les filles accordent de l’importance à la précision et au non-contact ». »

– Extrait du rapport Lutter contre les stéréotypes filles — garçon

De la même manière que le sport, l’apprentissage de la musique est également soumis au prisme du genre, sans aucune autre raison que les stéréotypes ancrés dans notre inconscient collectif : la flûte serait plutôt un instrument « de fille », le saxophone plutôt un instrument « de garçon. »

Les garçons vont pouvoir développer un goût pour la compétition et pratiquer des loisirs « défouloirs », les filles vont pratiquer patience et persévérance.

Shes the man

Les stéréotypes de genre ont des conséquences sur la santé des jeunes

À l’adolescence, les autrices du rapport constatent une influence des stéréotypes de genre sur la santé des jeunes.

Les comportements à risques des garçons, conséquence des injonctions dues au genre

Les jeunes français·es sont globalement en bonne santé, il ne faudrait pas dramatiser.

Mais il est inquiétant de constater que le conditionnement genré opéré depuis la plus petite enfance finit par produire des effets concrets et néfastes sur la santé des adolescent·es. 

Soucieux de se conformer à leur genre, en pleine construction identitaire, les garçons vont avoir des comportements à risques, davantage de comportements violents.

Ils prennent moins soin de leur santé que les filles, qui sont par exemple plus assidues sur les soins bucco-dentaires.

À partir de 15 ans, on constate davantage de problèmes psychologiques chez les filles : estime de soi, troubles du comportement alimentaire… elles sont plus nombreuses à être diagnostiquées en dépression.

« Chez les 15-19 ans, les filles sont environ cinq fois plus nombreuses que les garçons à avoir fait une tentative de suicide durant l’année écoulée (2% contre 0,4 % en 2010).

Cependant, le taux de mortalité des garçons de moins de 24 ans par suicide est trois fois plus élevé que celui des filles.

Cela est notamment dû aux modalités employées, les hommes ayant davantage recours à des moyens plus radicaux (pendaison, arme à feu). »

– Extrait du rapport Lutter contre les stéréotypes filles – garçon

Le constat est aggravé pour les jeunes « appartenant ou présumés appartenir à des minorités sexuelles (homosexuels et bisexuels) » : en dehors de « la norme », point de salut…

Les stéréotypes de genre poussent les filles à prendre soin de leur santé, et les garçons à la négliger

Ces comportements différenciés sont directement liés aux stéréotypes de genre : les filles sont incitées très tôt à prendre soin de leur santé (et de celle des autres, le « care » !), tandis que les garçons ne doivent « pas pleurnicher ».

Ils ont tendance à ignorer leurs symptômes :

« Alors que les filles sont plutôt encouragées à formuler leurs soucis, les garçons sont incités par l’environnement social à se conformer au modèle masculin, viril et dur au mal.

Ils sont ainsi moins enclins à exprimer une plainte liées à un problème psychologique ou somatique.

Par ailleurs, en verbalisant moins leurs problèmes, ils ont davantage tendance à passer à l’acte et à adopter des comportements à risques. »

– Extrait du rapport Lutter contre les stéréotypes filles – garçon

Voilà pourquoi

l’injonction « sois un homme ! » peut avoir des conséquences lourdes non seulement sur le développement personnel de l’enfant, mais également sur la santé de l’adolescent.

Et parce que le masculin est tant valorisé dans notre société, les filles ont de plus en plus tendance à rattraper les garçons en matière de comportements à risques : leur consommation d’alcool, tabac et drogues augmente.

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Les autrices notent également que plus le milieu social est défavorisé, plus ces différences entre filles et garçons sont marquées. 

Lutter contre les stéréotypes : des actions déjà amorcées

La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a annoncé plusieurs mesures dont certaines ont d’ores et déjà été déployées en phase de test.

« Les stéréotypes sont le parent pauvre des politiques publiques en matière d’inégalités hommes-femmes. Les stéréotypes, si on devait les résumer, c’est une fatalité au nom de laquelle on n’avance pas dans l’égalité hommes-femmes, puisque tout cela tient à des préjugés naturalistes, qui sont installés dans le fonctionnement de notre société, de nos familles, de nos médias, de notre école.

Or c’est précisément cela qu’il faut faire bouger, ce sont ces habitudes-là, ces représentations collectives-là qu’il faut bousculer si on veut construire une société dans laquelle on ne soit pas enfermé dans un rôle prédéfini en fonction de son sexe. »

– Intervention de Najat Vallaud-Belkacem lors de la remise du rapport.

  • La lutte contre les stéréotypes à l’école est amorcée : elle passe par le déploiement du programme de sensibilisation à l’égalité entre les filles et les garçons, l’ABCD de l’égalité. Actuellement en test dans plusieurs centaines de classes, le programme sera évalué en avril [2014, ndlr.], avant d’être ensuite étendu à l’ensemble des écoles françaises.
  • La lutte contre les stéréotypes dans le monde professionnel est également amorcée : un rapport a été réalisé fin 2013 par le conseil à l’égalité professionnelle. Le travail sur la mixité des métiers, annoncé lors du 2ème Comité Interministériel aux droits des femmes, repose essentiellement sur la déconstruction des stéréotypes autour des « métiers masculins » et des « métiers féminins ».
  • La lutte contre les stéréotypes dans les médias passera par une action renforcée du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, en cas d’atteinte à la dignité des femmes ou de reconduction de stéréotypes sexistes évidents. Ce point figure dans le projet de loi pour l’égalité femmes-hommes, qui sera examiné à l’Assemblée Nationale à partir du lundi 20 janvier.

Quid des stéréotypes de genre sur Internet ?

Compte tenu du temps passé par les jeunes sur Internet, de la diversité et du volume des stéréotypes sexistes véhiculés sur la Toile, qu’est-ce qui est prévu pour investir ce terrain ? 

« Il y a une disposition dans le projet de loi égalité qui porte sur Internet, et qui fait relativement débat.

Cette disposition prévoit d’imposer aux fournisseurs d’accès à Internet de mettre en place des dispositifs de signalement afin que les internautes puissent leur signaler des contenus qui portent atteinte à la dignité des femmes.

Or cette simple disposition, qui prévoit que les fournisseurs d’accès prennent des mesures, y compris la suppression du contenu incriminé, rencontre des résistances de la part de ceux qui considèrent qu’Internet doit être un grand champ de liberté sur lequel il ne faut absolument pas légiférer.

C’est un enjeu de notre société, de notre temps, c’est la question de savoir s’il faut traiter Internet comme le reste de l’espace public, comme la rue et les médias, ou si Internet doit être une zone de non-droit. »

– Réponse de Najat Vallaud-Belkacem en conférence de presse

____________________________________

La lutte contre les stéréotypes de genre est donc loin d’être anecdotique. En plus d’être un véritable enjeu d’égalité et de mixité dans la société, c’est aussi une question de santé publique.

La Manif Pour Tous et autres collectifs feraient mieux de se renseigner sur la portée des réformes en cours avant de lancer des campagnes de communication pour « défendre nos stéréotypes de genre ». Une telle revendication est au mieux ignorante, au pire irresponsable.


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Les Commentaires

12
Avatar de skippy01
10 novembre 2018 à 07h11
skippy01
Vu l'influence grandissante de l'extrême-droite catholique, ça risque de ne pas aller en s'améliorant.
0
Voir les 12 commentaires

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