Mise à jour du 6 juillet à 21h45 – Décidément, que de retournements de situation. Comme l’a confirmé sur Twitter Laurent Allard, vice-Président de l’hébergeur OVH, le site des Survivants a bien été suspendu.
Mise à jour du 6 juillet à 17h51 – Finalement, le site des survivants est de nouveau en ligne.
Mise à jour du 6 juillet 2017 à 17h18 – Le site des survivants a été suspendu !
L’hébergeur OVH a décidé de manière unilatérale de mettre le « web-documentaire » des survivants hors ligne.
Est-ce que j’applaudis des deux mains ? OUI.
Mise à jour du 6 juillet 2017 – Le collectif Ceci n’est pas un cintre, qui milite pour préserver le droit à l’avortement, a lancé une pétition pour dénoncer l’action des Survivants.
Elle est adressée au président de la République Emmanuel Macron, ainsi qu’à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État chargé du Numérique, et Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité des femmes et des hommes.
Le collectif y réclame plusieurs choses, suite à « l’affront à la mémoire de Simone Veil » qui a été fait :
« La suppression immédiate du site anti-IVG simoneveil.com (cliquer sur le donotlink suivant pour ne pas augmenter les stats de leur site : https://donotlink.it/NgpG) ;
Le retrait de la reconnaissance d’intérêt général à cette association qui entrave des droits fondamentaux et contrevient à l’ordre public ;
L’effectivité dans la mise en œuvre de la loi sur le délit d’entrave au droit à l’avortement, en s’appliquant aux sites internet anti-ivg donnant des informations mensongères et entravant le droit à l’avortement, sous couvert de la liberté d’opinion. »
La pétition porte un fort message politique puisqu’elle réitère l’attachement au droit à l’avortement, et elle a dans ce sens une portée importante.
En revanche, il faut savoir que ce qui est demandé ne pourra pas forcément aboutir. Notamment la seconde requête, puisque Les Survivants n’ont pas le statut d’association d’intérêt général, bien qu’ils collaborent avec certaines organisations qui l’ont, comme Life Parade par exemple.
Il existe cependant un processus pour signaler les contenus illicites sur Internet, via le site du gouvernement internet-signalement.gouv.fr.
Mais dans ce cas précis, le signalement a déjà eu lieu un certain nombre de fois et — pour avoir essayé – il n’est plus possible de signaler ce site.
En effet, les enquêteurs démarrent une action dès le premier signalement, et le signalement de masse conduit à une charge de travail supplémentaire pouvant entraver leur efficacité.
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Article original publié le 5 juillet 2017 – J’essaie de ne pas trop souvent être en colère dans la vie. Ça me fatigue, ça m’emplit d’énergie négative. Mais je sais reconnaître ma colère lorsqu’elle est légitime.
Et aujourd’hui, je suis en rage.
Les Survivants achètent simoneveil.com
La raison de cette colère ? Elle tient en un tweet.
Les Survivants, c’est le groupe anti-IVG notamment à l’origine du site After Baiz qui, sous couvert d’éducation « fun & décomplexée » autour de la sexualité, diffuse des données mensongères au sujet de l’avortement.
Les Survivants, ce sont aussi les personnes qui ont tenté de surfer sur la vague Pokémon Go en imaginant l’avortement de Pikachu.
Et c’est encore aux Survivants qu’on doit les affiches anti-IVG posées illégalement dans le métro parisien.
En bref, les Survivants représentent un fer de lance de ces nouveaux mouvements anti-IVG qui avancent masqués, prétendent éduquer là où ils n’étalent que mensonges, culpabilisation et désinformation.
Et les Survivants ont acheté simoneveil.com pour y diffuser leurs idées rétrogrades, en prétendant honorer la mémoire de Simone Veil, décédée ce vendredi 30 juin 2017 et inhumée au Panthéon.
À lire aussi : Simone Veil face à l’extrême-droite, un monument de courage dont il faut se souvenir
Cerise sur le gâteau dégueulasse de l’irrespect, les Survivants ont acheté le nom de domaine simoneveil.com en septembre 2016, préparant leur offensive post-mortem bien avant que la femme qu’ils prétendent défendre ne décède.
L’ignoble « documentaire » des anti-IVG sur Simone Veil
Sur le site simoneveil.com, les Survivants ont mis un web-documentaire qui prétend rétablir les véritables volontés de Simone Veil.
Après une brève biographie (émaillée d’erreurs factuelles et de fautes de frappe, s’agirait pas non plus d’être pro, hein), le site se sépare en deux onglets : Une femme trahie et La loi du mensonge. Autant dire que c’est UN POIL orienté.
Dans Une femme trahie, des déclarations de Simone Veil sont mises en parallèle avec la situation actuelle en France.
L’objectif, limpide, est de montrer qu’en 50 ans, on aurait « perdu de vue » le combat de Veil, qu’on l’a tordu pour « normaliser » le recours à l’IVG.
Dans La loi du mensonge, des extraits de la loi Veil, datant de 1974, sont mis en parallèle avec des chiffres actuels.
L’objectif est ici de montrer que la loi a été dévoyée, que l’IVG est devenu « un moyen de contraception supplémentaire ». Les données ne sont pas toutes sourcées.
À lire aussi : États des lieux du droit à l’IVG, pour les 42 ans de la loi Veil
Dans les deux sections, l’idée globale est de montrer que la volonté de Simone Veil n’est pas respectée par notre société moderne, et qu’elle ne voulait pas de « cette » vision de l’IVG.
Démonter les mensonges des anti-IVG au sujet de Simone Veil
Les Survivants découpent au cutter le discours de Simone Veil pour lui faire raconter ce qui les arrange.
Ils omettent volontiers le contexte hostile dans lequel elle prononce son discours ; la nécessité d’avancer étape par étape pour que la société suive le mouvement.
Les anti-IVG vont jusqu’à prétendre que Simone Veil, si elle avait milité en 2017, aurait été muselée par le délit d’entrave à l’IVG.
Je ne peux vous conseiller l’excellent article de France TV Info : Délit d’entrave à l’IVG : comment les militants anti-avortement détournent le discours de Simone Veil qui explique notamment…
« Le projet de loi [que Simone Veil] défend, d’ailleurs, entend « éviter d’instituer une procédure qui puisse détourner [la femme enceinte] d’avoir recours [à l’IVG] ».
C’est tout le contraire des quelques sites visés par le délit d’entrave.
Sous couvert d’informer les femmes sur l’interruption volontaire de grossesse, ces sites, nommés « ivg.net », « Ecoute IVG », « testpositif.com », tentent de dissuader les femmes d’y recourir. »
Et de conclure sur cette magnifique citation :
Eh oui, n’en déplaise aux rétrogrades prompts à pisser sur la tombe de Simone Veil, elle était pour le DROIT à l’avortement.
À lire aussi : L’impact psychologique négatif de l’avortement n’est pas celui que croient les anti-choix
S’il y en a encore qui pensent que les anti-IVG mènent là un noble combat visant à rétablir la vérité, je vous laisse méditer sur cette réaction. C’est celle d’Émile Duport, fondateur — entre autres — des Survivants.
Je ne sais pas vous, mais moi, quand une personnalité qui m’inspire décède, je ne me réjouis pas d’avoir utilisé son image pour un « troll magistral ».
Pour honorer la mémoire de Simone Veil, je préfère, moi, vous conseiller un autre lien. Celui du témoignage d’une madmoiZelle, qu’elle nous a envoyé juste après le décès de cette grande dame.
Hommage à Simone Veil, et à ce que je lui dois : le droit de choisir.
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http://simoneforever.com/une-femme-trahie-dissuader-la-femme/