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Article du 13 mars 2017
Reine d’Égypte est une toute nouvelle série de mangas, de l’auteure Chie Inudoh chez les éditions Ki-oon, dont le tome 1 paraît le 9 mars 2017.
Reine d’Egypte, le destin d’une femme forte et déterminée
La série reprend un parcours de vie qui n’est pas des moindres, puisque c’est celui de la première femme pharaon, Hatchepsout, véritable figure historique de la XVIIIe dynastie de l’Égypte.
Contrainte d’épouser son demi-frère Séthi (accédant au trône sous le nom de Thoutmosis II), et malgré leur air de couple royal idéal et charismatique, Hatchepsout nourrit une vive rivalité envers son mari (qui le lui rend bien) et ne souhaite pas se contenter du paraître et des ornements du statut de reine.
La jeune femme voit bien plus loin : elle nourrit depuis son enfance l’ambition d’être elle-même la représentante des dieux sur Terre et une guerrière hors pair, et donc d’être pharaon, en véritable digne descendante de son père.
Elle désire avoir un pouvoir décisionnaire, non pas par orgueil mais par vocation.
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Reine d’Egypte, un manga sur l’histoire de l’Egypte ancienne
Mais Hatchepsout est une femme et, pour s’affranchir des conventions sociales et ancestrales qui l’astreignent à une fonction purement décorative, il lui faudra patience et persévérance (et pour ce dernier trait de caractère, elle n’en manque pas du tout).
Le manga a donc une vocation historique, puisqu’il repose sur une histoire vraie et plutôt méconnue (je la découvre personnellement !), mais son côté romancé permet aussi d’orienter l’ouvrage vers une volonté de présenter le destin d’une femme forte, courageuse et exemplaire !
Hatchepsout est un personnage déterminé depuis son enfance à briser les codes, à refuser de se soumettre à des préceptes absurdes selon lesquels les femmes devraient être moins fortes et avoir moins d’autorité, même avoir moins de valeur, que les hommes. Du féminisme antique, en somme.
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Le livre accorde aussi une grande place à la valorisation de l’instinct : Hatchepsout porte ses convictions d’égalité en elle depuis longtemps, et malgré les événements qui vont l’amener à les remettre en doute et à baisser les bras, c’est ce même désir profond de justice qui va la pousser à trouver la force de contester l’ordre établi.
Dans cette quête initiatique, Hatchepsout va aussi être confrontée à des thématiques fortes, à commencer par le rapport à la beauté féminine. La magnificence d’une épouse de pharaon est une convention, une fierté aussi pour le peuple.
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De fait, la beauté peut faire figure de pression pour une femme qui n’a pas envie des apparats, tout comme elle peut être bien pour celle qui aime cela. Mais en plus d’approfondir ces différents questionnements, le manga nous montre aussi que cela peut être une arme, et c’est plutôt badass.
Enfin, Hatchepsout va être confrontée à un dilemme lourd, celui qui oppose ses ambitions au bien des autres, bien ancrés dans leurs traditions.
Elle se retrouve face au poids des responsabilités de sa fonction, couplée à ses valeurs d’humanité et de justice (elle n’aime pas vraiment que son frère d’époux assassine des prisonniers pour son plaisir), et à ses désirs d’émancipation et de revendication de ce qu’elle est.
En résumé, Reine d’Égypte parvient à mêler la réalité historique (d’ailleurs le dernier chapitre apporte plein d’éclairages sur l’époque) d’un destin extraordinaire à une histoire féministe et inspirante, grâce à un personnage féminin fort qu’on ne peut pas s’empêcher d’admirer.
Ce manga a quelque chose de très romanesque, grâce à son histoire pleine de dilemmes, de conflits d’intérêts et de personnages secondaires intrigants. Il risque bien de vous rendre accro très rapidement !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
-Hatchepsout apparait comme super naive et bien sûre elle a besoin d'un homme pour lui expliquer la vie, la politique et tout ( en plus historiquement cet homme était son amant officiel, avec qui elle vivait sans se cacher après la mort de son époux ( les Egyptiens étaient cools) donc c'est son love interest plus expérimenté qui doit tout lui apprendre)
-Du male gaze, du fan service entre les danseuses, la concubine en chef... Entre des tenues de danse du ventre, des simili string, des gros plans sur des fesses et des seins ( là aussi les Egyptiens portaient des vêtements légers, voire inexistants, mais ç'aurait pu être banalisé. Pas là)
-La mention des paysans qui ne se lavent pas alors que l'Egypte était connue pour ses pratiques d'hygiène et que des historiens pensent que c'est pour ça qu'ils ont eu peu d'épidémies
-l'auteur ( trice?) qui ne s'est pas bien documentée, tantôt les Egyptiens n'ont pas d'esclaves, tantôt ils en ont mais attends oui c'est des prisonniers de guerre qu'on renverra au pays...
-le gros point que je mets en spoiler