Le 10 février 2018
Ça fait quasiment 6 ans que je gère les réseaux sociaux de madmoiZelle. Et parfois, j’ai l’impression que ça me permet d’être témoin en direct de l’évolution des mentalités.
En 2013, j’avais publié un témoignage expliquant que j’étais en relation libre : mon partenaire comme moi avions le droit de coucher avec d’autres gens.
Les réactions avaient été très violentes, négatives. Nous étions déviants, pas vraiment amoureux, irrespectueux l’un de l’autre, j’étais tour à tour une boloss qui acceptait d’être cocue et une salope qui voulait tromper son mec…
Un modèle de couple différent, il y a 5 ans, ça choquait. Et les réactions étaient épidermiques.
Quelques années plus tard, j’ai mis à jour et ressorti l’article, car je m’étais séparée de ce garçon et j’expliquais que notre « permission » à coucher ailleurs n’avait en rien causé notre rupture. Les commentaires étaient carrément bienveillants !
L’idée que des options différentes du « couple monogame fidèle » existent, et méritent le respect, a fait son chemin. Ça fait chaud au cœur !
Couple libre, polyamour… ça vous intrigue ?
Nina Luka est une youtubeuse très chouette, bienveillante et ouverte d’esprit. Sur madmoiZelle, on a déjà relayé ses vidéos sur la masturbation, l’amour de soi ou encore la méditation qui peut vous apprendre à dire « non ».
Elle a également discuté avec Charlie du rapport à la vulve dans un Sister Sister passionnant !
À présent, dans une nouvelle vidéo, Nina Luka répond à toutes les questions que ses abonné·es lui ont posées sur les différents types de couples « ouverts » !
Couple libre, polyamour, polygamie, quelles différences ?
Nina Luka commence par évoquer les différences entre les types « d’ouverture » qu’on peut appliquer à sa relation.
- Le couple libre ou relation libre, c’est un cadre dans lequel les partenaires ont le droit d’avoir des relations sexuelles, de flirter avec d’autres personnes, mais ne sont en couple qu’avec leur mec ou leur meuf
- Le polyamour c’est quand les membres du couple sont également en couple avec une ou plusieurs autres personnes
- La polygamie c’est quand une personne a plusieurs mecs ou plusieurs meufs, qui de leur côté ne sortent qu’avec elle
Les niveaux de liberté, mais aussi les besoins en termes de communication et d’organisation ne sont pas les mêmes.
Je pense que la relation libre est plus courante que le polyamour, car elle ne remet pas en cause l’exclusivité amoureuse ! Il n’y a que la fidélité physique, sexuelle, qui est ôtée du contrat.
https://twitter.com/tbhjuststop/status/959909551620481024
Moi à mon mariage : « la même bite pour toujours »… sauf si c’est une relation libre !
Pourquoi vouloir d’une relation libre, ou être en polyamour ?
Pour beaucoup de gens, le couple ouvert, c’est une drôle d’idée. On risque de souffrir, de regretter… pourquoi donc se foutre dans une telle situation ?
Nina Luka explique qu’à la base, il y a souvent une remise en question du code établi par la société, de ce couple monogame érigé comme seul modèle valable.
Souvent, une personne en relation libre ou polyamour ne se force pas à s’adapter à un schéma : c’est plutôt que le schéma classique ne lui convient pas.
Nina Luka compare ça à une transition vers le végétarisme ou véganisme. Pour elle, être en couple ouvert, c’est comme arrêter de manger de la viande : ça lui permet de vivre une existence en alignement avec ses principes et ses valeurs !
Elle évoque aussi le cas des gens qui tentent le couple ouvert pour remettre du piment dans leur vie sexuelle ou leur relation. Ça arrive, et comme elle le dit, il n’y a pas de honte à ça !
C’est même salutaire de se rendre compte que notre couple ne nous épanouit plus autant qu’avant, et de chercher des solutions pour y remettre un peu d’énergie, de nouveauté.
De toute façon, dans une relation saine, il est toujours possible de dire « on arrête, je veux être en couple monogame ». Peut-être que ça ne conviendra pas à l’autre, et qu’il ou elle partira. Mais ça reste mieux que de se forcer.
Comment gérer sa jalousie dans un couple ouvert ?
Nina Luka a de la jalousie une vision très positive, et vachement rafraîchissante.
Oui, il est possible de ressentir de la jalousie, même quand on a donné son accord pour un couple ouvert — et même quand l’idée vient de soi à la base !
Ce que Nina propose, c’est de réfléchir à cette jalousie. De quoi est-on vraiment jaloux, ou jalouse ? De la relation sexuelle avec un·e autre ? De l’affection ? Du temps accordé ? De l’intimité ?
Est-ce parce qu’on a du mal à voir son ou sa partenaire trouver du plaisir, du bonheur avec quelqu’un d’autre ? Du mal à ne pas être la seule source de son épanouissement ?
Dans la culture, dans les médias, dans la société, on apprend que la jalousie, c’est une preuve d’amour. Que si notre partenaire tient à nous, alors il ou elle ressentira des émotions négatives à l’idée qu’on puisse être avec un·e autre.
Mais comme toutes les vérités générales, cette vérité générale n’est pas si vraie. Et pas si inspirante.
La possessivité, la jalousie, ce n’est pas forcément de l’amour ! Quand ces émotions deviennent trop présentes, d’ailleurs, elles peuvent rapidement changer un couple en relation toxique…
Le couple ouvert, ou le bonheur de voir l’autre heureux
Pour conclure, Nina Luka parle de compersion, un terme que je ne connaissais pas. Selon Wikipédia :
« La compersion est, grossièrement, le sentiment éprouvé lorsqu’on se réjouit du bonheur d’autrui. […]
Le terme compersion est employé dans les textes relatifs au polyamour pour désigner un état empathique de bonheur et de joie expérimentés lorsqu’une autre personne que soi vit ces sensations, en particulier pour décrire les sentiments positifs qu’une personne éprouve quand un amant connait une autre relation, par opposition à la jalousie. »
L’idée est d’être heureuse parce que l’autre l’est. Même si ce n’est pas nous le principal générateur de ce bonheur.
Ça peut être fou d’imaginer se réjouir parce que son mec a couché avec une autre fille, qui l’a fait jouir comme jamais. Mais c’est possible ! Car après tout, il a « simplement » passé un agréable moment lui ayant procuré des sensations positives…
Nina Luka ne se voile pas la face : arriver à la compersion, ça prend du temps et c’est loin d’être instantané. De plus, ce n’est pas pour tout le monde, on ne le répètera jamais assez !
Mise à jour du 15 février 2018
T’as pas peur que l’autre tombe amoureux, si la relation est libre ?
Nina Luka a sorti la seconde partie de sa F.A.Q. sur les couples ouverts !
Première question, qu’elle a beaucoup reçue : si l’autre a le droit de coucher avec des gens… t’as pas peur qu’il ou elle tombe amoureux ou amoureuse ?
(On ne parle donc pas ici de polyamour, où c’est « permis » de tomber amoureux d’autres personnes.)
Nina Luka rappelle que dans tous les types de relations, y compris monogames, ce risque existe. Et ce n’est pas parce qu’on voit quelqu’un tout nu qu’on a plus de chances de tomber amoureux !
La jeune femme avance qu’un couple ouvert pourrait même réduire ce risque. Car l’interdit, c’est excitant ! Désirer sans pouvoir toucher, ça peut mener à une forme d’obsession, et faire prendre à ce désir finalement tout naturel une ampleur démesurée.
Alors que si on peut coucher avec la personne, ça rend la chose normale, non-exceptionnelle. Et donc moins fascinante.
Nina insiste sur l’importance de lâcher prise. On ne peut pas avoir la main sur tout, n’en déplaise aux control freaks. On ne peut pas contrôler les aléas de la vie, ni les émotions de son ou sa partenaire.
Si l’autre doit tomber amoureux d’une tierce personne, ça arrivera. Et avec ou sans relation sexuelle. Alors autant se détendre et profiter de votre couple !
Est-ce que les gens en couple ouvert se disent tout ?
La dernière question abordée par Nina Luka est celle du partage.
Est-ce qu’on rentre en disant « Chéri, j’ai pris du pain et j’ai niqué la fleuriste, tu sais, celle que j’aime bien » ? Est-ce qu’on est obligé·e de tout partager ? Est-ce qu’on a le droit de ne rien dire ?
Eh bien… ça dépend des couples !
Pour Nina Luka, le partage est positif. Ça lui permet de se rendre compte du bonheur ressenti par l’autre, par exemple (on en revient à la compersion évoquée plus haut).
Dans mon cas, je ne veux rien savoir et je ne veux pas annoncer que j’ai « consommé » mon droit à coucher ailleurs. Par contre, si mon partenaire me demande, je ne lui mens pas. Et vice-versa.
L’essentiel est de définir des règles en vous basant sur vos besoins, et souvenez-vous, il est toujours possible de réviser les termes du contrat si vous ressentez des émotions négatives !
Quel que soit le modèle de relation que vous préférez, l’important est que vous vous y sentiez épanoui·e. Si ce n’est pas le cas… Pourquoi donc ? Ça vaut le coup d’y réfléchir !
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Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Il existe plusieurs type de relations polyamoureuses, en V (une personne avec deux personnes), en triangle (toutes les personnes ensemble), ainsi que des tas de formes complexes où dans un groupe tout le monde est lié mais pas à tout le monde.