Le 11 mai 2017
La pornographie est un monde très codifié. Dans la majorité des productions mainstream, on retrouve les mêmes corps, les mêmes pratiques, les mêmes habitudes et les mêmes parties génitales.
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Les projets anti-complexes autour des vulves
À force de voir des vulves lisses, discrètes, aux lèvres qui ne dépassent jamais, certain•es ont développé des complexes les menant parfois sur le billard pour une chirurgie esthétique de la schnek.
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En réaction, de nombreuses initiatives ont vu le jour. Elles visent à montrer que les vulves sont toutes différentes et qu’il n’y a pas un modèle unique auquel se conformer.
C’est très salutaire de rappeler que plein de chattes existent et qu’aucune n’est plus moche qu’une autre !
Mais le grand oublié de ces initiatives, c’est le pénis. Dans le porno, il est tout droit, d’une taille plus que respectable, bande dur, se dresse fièrement… et ça peut aussi créer des complexes.
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Le projet anti-complexes autour des pénis
« Le grand le gros le laid le beau », chantait Pierre Péret… oui, le zizi aussi varie selon les personnes !
C’est pour rappeler ça et lutter contre l’image unique diffusée via la pornographie que l’artiste Hervé a lancé son projet Little Monsters.
Hervé photographie des pénis au repos, en gros plan, détachés du corps auquel ils appartiennent. Ça donne des clichés surprenants, montrant une face de la teub qu’on affiche rarement.
Comme il l’explique dans la vidéo ci-dessus, il trouve que ces plans rapprochés donnent aux pénis une attitude, presque un caractère propre. Celui-ci semble timide, celui-là pensif…
Devant l’objectif d’Hervé, les pénis deviennent vulnérables, timides, mignons.
Sa démarche est détaillée sur le site de Little Monsters où sont regroupées ces dick pics d’un nouveau genre :
« Mignon, petit, adorable, vulnérable ou encore drôle ne sont pas les adjectifs habituellement associés au « grand et puissant Pénis ».
Lorsque l’on regarde ces minuscules créatures, se décontenançant devant la caméra comme des animaux craintifs, il est difficile de les imaginer, ébranler des pays, en conquérir d’autres ou s’érigeant en héros. »
Le pénis de la vraie vie, cet inconnu
Je vais vous avouer quelque chose : au début de ma vie sexuelle, j’étais vraiment surprise par les pénis.
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La différence parfois énorme de taille entre un sexe au repos ou en érection, l’aspect fripé et tout mignon d’un pénis après l’amour, le fait qu’il est possible de le faire un peu bouger sans le toucher (grosse surprise) grâce à un muscle savamment placé…
J’avais l’impression de découvrir des nouvelles choses en permanence, car dans le porno on ne voit souvent qu’un gros gourdin faisant des va-et-vient.
J’aurais bien eu besoin de ces Little Monsters pour me montrer d’autres facettes du pénis !
Les complexes masculins, un territoire à défricher
Comme les femmes sont les premières victimes du sexisme avec tout ce qu’il comporte en matière d’injonctions liées à l’apparence, on parle relativement rarement des complexes masculins.
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Avoir honte de l’aspect de son propre pénis, le comparer honteusement à ceux des films pornographiques, avoir peur qu’un•e partenaire ne s’en moque… ce sont pourtant des réflexions qui naissent de cette idée fausse d’une « bite parfaite ».
Je suis contente qu’un homme se soit saisi de ce sujet ! La réaction du journaliste en charge du reportage est parlante :
— Pour moi, je dois vous le dire, ces images sont très gênantes ! Enfin, je ne sais pas vraiment vous dire pourquoi, mais c’est très dérangeant. — En fait, tu te sens mal parce que cela questionne directement ta virilité. Parce qu’en général les hommes sont très fiers, dominants, et ne s’autorisent pas la faiblesse. Quand le sexe est en érection, puissant et gros, tout le monde veut s’y identifier, être le mec qui a cette érection, comme dans le porno. Mais là je crois qu’aucun homme ne lèverait la main pour dire « Hé ! J’ai envie d’être ce pénis ! ».
Alors qu’il n’y a pas de honte à avoir, au final. Tous les pénis sont valables !
Que t’inspire ce projet artistique ? As-tu été surpris•e par cet aspect méconnu du pénis ? Si tu as un pénis, complexes-tu parfois en le trouvant « pas assez bien » ?
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Je te remercie d'avoir posé cette question. Je me pose la même !
Je rajouterai que la question est d'autant plus intéressante qu'actuellement en page d'accueil du site, il y a un article (sur les vulves, vidéo, Arte, tout ça, tout ça) avec une dame les jambes écartés. Or, son sexe est masqué par un emoji. Pourquoi donc la vulve de la dame est caché et pas le pénis du monsieur ? est ce le côté artistique ? Vraiment, mon cerveau fond face à cela
En tous cas