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Pourquoi avons-nous peur du dentiste (et comment y remédier) ?

La peur du dentiste, c’est une angoisse (voire une phobie pour certain-e-s) assez répandue. Mais pourquoi être si anxieux au sujet d’un moment, certes désagréable, mais pas insurmontable ? Et comment être plus serein-e à l’idée de se faire soigner les dents ?

La semaine dernière, Faye a partagé son engouement pour son nouveau dentiste pipou

, qui est parvenu à lui faire un peu oublier sa peur des soins dentaires…  Un bon paquet d’entre nous partagerait d’ailleurs cette peur du dentiste – aussi appelée « stomatophobie ».

Pour ma part, quand j’étais petite, j’allais chez le dentiste avec ma mère – je pensais naïvement qu’elle m’accompagnait, elle, pour que je n’aie pas peur, moi. En réalité, c’était le contraire (la faute à un dentiste tortionnaire qui lui avait collé une torgnole dans son enfance), et lorsque le gentil dentiste demandait qui passait en premier, ma mère n’avait aucun scrupule : c’était moi, point barre.

dentiste

– – – – – – – – – Interlude Live Test – – – – – – – – – Pour celles et ceux qui souhaiteraient tester leur niveau d’anxiété, figurez-vous que le psychologue Norman Corah a créé une échelle d’anxiété à propos du dentiste (plus d’informations ici ou ). Pour chacune des 5 questions suivantes, évaluez votre ressenti sur une échelle de 1 à 5 (1 – « pas peur » ; 2 – « un peu apeuré-e » ; 3 – « assez apeuré-e » ; 4 – « très apeuré-e » ; 5 – « extrêmement apeuré-e »).

  • Si vous deviez aller chez le dentiste demain, comment vous sentiriez-vous ?
  • Si vous étiez assis dans la salle d’attente du dentiste, comment vous sentiriez-vous ?
  • Si le dentiste actionnait sa roulette dans votre bouche, comment vous sentiriez-vous ?
  • Si on vous faisait un soin dentaire avec détartrage et polissage, comment vous sentiriez-vous ?
  • Si vous receviez une injection d’anesthésique dans la gencive au-dessus de la dernière molaire du haut, comment vous sentiriez-vous ?

Si tout roule, votre résultat devrait être compris entre 5 et 25. Le verdict est simple : celles et ceux qui atteignent et/ou dépassent les 12 points auraient vraiment peur des soins dentaires.

– – – – – – – – – – – – – – – – – – Le problème avec la peur, c’est qu’elle nous pousse à éviter les visites chez le dentiste. De ce fait, nos dents pourrissent, leurs problèmes potentiels ne sont ni repérés, ni soignés et lorsqu’on se décide enfin à aller se faire mater les chicots, les soins sont souvent plus pénibles et longs… Ce qui ne fait que renforcer l’anxiété que nous éprouvons à propos du cabinet dentaire ! Une étude menée par Kruger, Thompson et Poulton (1998) sur 649 adolescents a ainsi montré que les ados anxieux à propos du dentiste auraient plus de caries que les autres, leur anxiété les éloignant du cabinet.

Pourquoi avons-nous peur ?

dents

Mais alors, pourquoi craignons-nous tellement le dentiste ? Dans un article pour Cerveau & Psycho, le professeur de psychologie Gudrun Sartory évoque quelques éléments de réponse. Selon lui, la fameuse stomatophobie apparaîtrait bien souvent après une expérience désagréable et douloureuse chez le dentiste. Cette expérience pourrait avoir eu lieu dans l’enfance et la peur postérieure pourrait ne pas avoir été prise en compte, repérée et réglée… Elle serait donc restée ! Sartory explique le phénomène comme un processus de conditionnement : un évènement traumatique unique existe, et le cabinet du dentiste, sa blouse, l’odeur environnante, le bruit de la fraise sont alors associés à cette expérience traumatique. Nous sommes donc conditionnés : lorsque l’un des critères de la situation réapparaît, nous pourrons avoir une réaction de peur.

Et puisque nous évitons soigneusement l’environnement qui nous colle les jetons, rien ne vient changer le schéma existant dans nos têtes, aucune expérience positive ne vient modifier le conditionnement.

L’attitude des parents à l’égard des soins dentaires pourrait également tenir un rôle dans nos peurs : pour Sartory, il y aurait là de « l’apprentissage par imitation » – nous sommes témoins des comportements et attitudes de nos parents, et nous les intériorisons plus ou moins.

Mc Neal et Berryman (1989) ont tenté d’étudier l’objet de notre peur : que craignons-nous lors de visites chez le dentiste ? Pour les deux chercheurs en psychologie, nous craindrions principalement la douleur et pour certain-e-s, la mutilation… Ce qui pourrait déjà être un bon point : nous n’aurions pas nécessairement peur du dentiste en lui-même… !

Peut-on soigner la peur des soins dentaires ?

dentistelego

Aux stressé-e-s du dentiste et tout spécialement à ma chère mère : la réponse est oui – Faye en est d’ailleurs un exemple !

Pour Hugh Mc Dougall, à la fois dentiste et psychologue, la crainte pourrait être réduite en menant les patients à avoir une expérience positive lors de leur visite. Pour cela, chacun-e des membres d’un cabinet de soins dentaires devra faire preuve d’empathie et réaliser que pour certain-e-s patient-e-s, leur rendre visite est une réelle épreuve.

Pour transformer cette épreuve en un moment de soin « normal », il serait primordial d’écouter les patient-e-s, de reformuler leurs mots afin que ceux-ci comprennent que leurs peurs sont entendues et prises en compte. Lors du soin, le médecin pourra expliquer et montrer au patient ce qu’il se passe à chaque étape, afin qu’il ne soit pas surpris, et lui donner la possibilité d’arrêter la procédure à tout moment si ce n’est pas confortable pour lui, afin qu’il ait le sentiment de contrôler ce qu’il se passe – et qu’il ne se sente pas à la merci d’un dentiste sanguinaire.

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Gudrun Sartory a également exploré plusieurs options. Selon le chercheur, la thérapie cognitivo-comportementale pourrait être particulièrement efficace dans certains cas. Pour réduire puis faire disparaître la crainte du dentiste, on entame donc une démarche progressive : on identifie avec le patient ce qu’il craint et peu à peu, on l’expose à ces facteurs – en imaginant la situation, en regardant une vidéo à ce propos, puis en affrontant la situation réelle jusqu’à ce qu’elle ne provoque plus de réaction phobique.

Sartory souligne aussi l’efficacité d’autres techniques, notamment des stratégies de régulation de sa propre peur (par exemple en utilisation la relaxation musculaire, qui amènera à contrôler sa propre réaction physique, ou des pensées constructives, qui focaliseront l’attention du patient sur le « c’est bientôt fini » plutôt que sur le « c’est quoi cet engin de sadique »).

Finalement, le truc à retenir, ce serait que plus vous évitez le cabinet du toubib, plus votre état risque de se dégrader et plus les soins seront pénibles lorsqu’ils auront lieu : en optant pour ce système, nous ne prenons soin ni de notre santé bucco-dentaire (puisque nous nous laissons bien pourrir la bouche) ni de notre santé psychologique (puisque nous laissons nos peurs en suspens)… Alors même que des solutions existent et que nous pourrions tou-te-s être capables d’aller chez le dentiste en sifflotant ! 

Pour aller plus loin :


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Les Commentaires

18
Avatar de Efe'
12 février 2014 à 17h02
Efe'
@laeliwo : Faut dire que certains dentistes ne font pas grand chose pour qu'on les trouve sympathiques...

Je sors tout juste de mon opération des dents de sagesses (les 4 d'un coup). L'anesthésie n'a pas super bien fonctionné (un problème récurant dans ma famille, on est quasi-systématiquement obligé de nous mettre double dose...). Du coup, forcement, j'avais mal, très mal (déjà que j'ai toujours peur du dentiste...): le mec n'a rien trouvé de mieux à faire que de se foutre de ma gueule et de me dire que j'étais vraiment une petite nature, que c'était rien et que je pourrais quand même faire un effort pour pas avoir l'air si malheureuse pendant l'arrachage.

Sympa quoi -_-

(bien sur, je sais qu'il y en a qui ne sont pas comme ça, mais bon, le médecin qui me fait mal pendant une consultation, je peux au moins lui répondre, lui expliquer pourquoi j'ai mal, alors que là, je suis sortie en me faisant limite engueuler, je pouvais même pas parler pour lui dire que vraiment, ça ne m'aidait pas à prendre les choses bien qu'on me crie dessus pendant que j'ai mal...)
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