Publié le 1 août 2018
Avant, j’étais incapable de ne pas porter de soutien-gorge. Pas parce que je trouvais ça moche ou que ça me mettait mal à l’aise, juste parce que je ne trouvais pas ça confortable.
Je n’ai pas une poitrine énorme, mais pas non plus de petits seins : je fais un bonnet C. Et cela suffisait pour que je sente mes seins balloter quand je marche par exemple, ce que je trouvais désagréable.
Mais un jour, il a fait chaud, et j’avais dû mettre un soutien-gorge un peu trop petit. En arrivant chez moi le soir, la première chose que j’ai faite, c’est de l’enlever.
Je me suis sentie LIBRE comme l’air et tellement mieux !
C’est comme ça que j’ai commencé à remettre en question mes propres habitudes : pourquoi portais-je des soutiens-gorge ? Est-ce vraiment pour mon propre confort ? Ou simplement car j’en porte depuis mon adolescence et que c’est un usage solidement ancré ? Suis-je vraiment mieux lorsque j’en porte ?
Pourquoi porter des soutiens-gorge ? La remise en question
J’avais pourtant déjà eu la discussion avec des femmes qui n’en portent plus mais je me retranchais toujours derrière cet argument de confort : j’ai le sentiment que ma poitrine est trop grosse pour que je m’en passe.
Ce petit événement a changé la donne, puisqu’il a très légèrement modifié mes habitudes. Désormais, lorsque je passais une journée chez moi, tranquille, je ne prenais pas la peine de mettre un soutif.
Et j’étais bien.
Alors oui, je ne me déplaçais pas spécialement, donc je ne sentais pas l’inconfort lié au ballottement, mais c’était déjà un premier, léger changement d’habitude.
Une fois, alors que j’étais dans cette situation, j’ai voulu sortir acheter du pain. J’étais en jean et pull, sans soutien-gorge. J’ai décidé d’y aller comme ça, car après tout il s’agissait seulement de deux fois cinq minutes de marche : j’avais la flemme de me changer pour si peu.
Spoiler : ce n’est pas le ballotement de mes seins qui m’a gênée pendant cette première sortie en public.
Le jour où la flemme l’a emporté
Je suis sortie dans la rue, et il n’y avait vraiment pas grand monde dehors. Je me suis mise en route pour la boulangerie en me disant « ouais, je sens mes seins, mais franchement ça va ».
Je me souviens même avoir gesticulé un peu pour voir si ça me dérangeait. La conclusion que j’en tirais, c’était qu’en termes de flemme (puisque c’était l’argument qui m’avait fait sortir sans soutif pour la première fois) le calcul valait le coup.
Et puis j’ai croisé quelqu’un. Un papa avec son petit garçon – je ne sais pas pourquoi je n’ai pas pu m’empêcher de noter ce détail. J’ai très clairement notifié son regard qui s’attardait, en dessous de mon visage.
Je ne pouvais pas le louper honnêtement c’était énorme, puis il a brusquement détourné les yeux.
C’est une chose qui jusqu’alors ne m’arrivait que lorsque je portais de grands décolletés, et vraiment ce jour-là ce n’était pas le cas.
Je me suis dit « okaaaaaay, ça c’est chelou par contre ». Et je me suis persuadée que ça devait être une exception, on ne pouvait pas voir tant que ça que j’étais sortie sans soutif ?
Mais ensuite j’ai croisé un autre homme… Rebelote.
Ne plus porter de soutien-gorge et subir les regards gênants
J’ai baissé les yeux vers ma poitrine : j’ai constaté qu’elle n’avait pas du tout la même forme que lorsque je portais un soutien-gorge, effectivement. Surtout, on voyait que ça ballotait à travers mon pull.
Un peu comme ça, oui.
Pourtant j’ai relevé la tête. J’ai tenté d’ignorer ces regards insistants.
Je n’ai pas réussi. En rentrant dans la boulangerie c’est limite si je n’avais pas les bras croisés devant mes seins pour éviter d’attirer l’attention.
En arrivant chez moi, je me suis demandé si j’oserais faire ça à nouveau.
Apprendre à faire fit du jugement
Je vous le donne en mille : j’ai osé, car je ne voulais pas laisser ces regards gagner. Mais dans des tenues où c’était plus discret. Des vêtements larges, suffisamment épais pour qu’on ne voit ni mes tétons ni le mouvement de mes seins.
Jusqu’à ce qu’un jour, sans vraiment le faire consciemment, je retente avec une tenue qui rendait l’absence de soutien-gorge nettement moins discrète.
Ce jour-là je suis sortie avec mon copain, et ce n’est pas moi qui ait notifié les regards insistants, mais lui.
« Waow, c’est ouf comment les gens te matent. »
Honnêtement sur le moment je n’étais pas hyper reconnaissante car je ne m’en étais pas aperçue jusqu’alors, trop occupée à discuter avec lui. Désormais, je ne voyais plus que ça.
Mais cette fois-ci, je n’ai pas couvert ma poitrine de mes bras croisés. J’ai levé la tête, pointé le menton vers le haut, et lorsque je croisais un regard qui remontait de mes seins vers mon visage j’ai lancé des regards méprisants. En série.
Pas le time.
Pourquoi les seins attirent-ils le regard ?
Je porte de moins en moins de soutien-gorge, y compris avec des tenues où ça se voit vraiment. À chaque fois je le fais avec fierté et défiance.
Vous voulez mater mes seins ? Eh bien soit, peut-être que ça contribuera à normaliser la situation et que ça arrivera de moins en moins.
Il m’est arrivé juste une fois de crier sur un mec devant qui je passais pour la deuxième fois (il était installé à une terrasse et moi je faisais demi-tour), car son regard était vraiment trop insistant et lubrique, mais la plupart du temps je laisse couler.
En réalité je ne m’explique pas d’où viennent ces regards.
Des hommes avec qui j’en ai discuté, qui traditionnellement sont d’accord avec moi sur un tas de sujets notamment féministes, m’ont expliqué trouver ça « sexy ». Ils m’ont dit qu’eux aussi laisseraient sans doutes leurs regards être captés par une poitrine le temps d’un instant.
Il y a aussi des femmes qui regardent, et je crois qu’en y réfléchissant bien, ça m’arrive également de regarder des corps dans la rue, parce que je les trouve beaux. Des corps de femmes comme des corps d’hommes.
Je ne sais pas si c’est bien ou mal. Je ne sais pas si il y a d’autres explications, si ça peut être juste de la surprise car ce n’est pas la norme de voir transparaître une poitrine de femme. Auquel cas, autant continuer à normaliser la chose en le faisant de plus en plus souvent.
Le plus important finalement, c’est que moi aujourd’hui je ne me laisse plus contraindre, ni par les soutifs – que je n’ai pas abandonnés totalement pour autant – ni par les regards.
Et toi, est-ce que tu portes souvent des soutiens-gorge ? Lorsque tu sors sans, est-ce que tu constates que le regard change aussi ? Comment est-ce que tu réagis ?
À lire aussi : J’ai ZÉRO seins et je m’en CONTREFOUS
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Les Commentaires
Après, certains jours j'aime bien remettre un soutif pour avoir les seins à l'apparence plus galbée. L'inconfort de l'objet me fais vite oublier ma décision. Une fois, je suis même rentrée dans un magasin de vêtements pour enlever mon soutien gorge dans une cabine, tellement j'en avais marre. A l'entraînement, je porte une brassière à coques (sport de combat oblige).
Je suis rarement victime de regards pervers ou alors je n'y fais pas attention. Cela dit, si mes tétons pointent, j'essaie des les dissimuler un minimum avec mon sac, un gilet, mes bras...je me sens plus protégée même si c'est terrible à dire. Une fois un pote me frottait le dos amicalement, il a beugué quand il n'a senti aucune lanière freiner la trajectoire de sa main, mais c'est tout!
Certaines filles à qui j'en parlent sont réticentes principalement par crainte que leurs seins s'affaissent...j'essaie d'expliquer que non mais rien n'y fait! Les croyances ont la vie dure!