Mise à jour, le 18 mars 2015 :
Kayna, Jazzela, Vaisha et Meghim ont entre 20 et 22 ans. Ils sont étudiant-e-s et vivent en Inde, un pays où un viol est commis toutes les vingt minutes et où les règles sont considérées comme quelque chose de sale, de honteux.
À lire aussi : « India’s Daughter », le documentaire sur le viol barbare de Jyoti, a été censuré en Inde
Les quatre vingtenaires, révolté-e-s par les chiffres sur la sécurité des femmes en Inde, ont eux aussi décidé d’écrire des messages anti-sexistes sur des serviettes hygiéniques pour éveiller les consciences.
Martin Weill, l’envoyé spécial du Petit Journal, a choisi de les suivre pendant qu’ils préparaient et collaient les serviettes dans New Delhi. Un reportage à ne pas rater.
Le 11 mars 2015 :
Elonë est une jeune femme qui a eu une idée de street art activiste relayée par Buzzfeed : inscrire des messages féministes sur des protections hygiéniques, elles-mêmes collées dans les rues de sa ville, à Karlsruhe, en Allemagne.
Ces messages ont pour but de s’attaquer au sexisme, au harcèlement de rue, aux agressions sexuelles. Et il est vrai que, bien que petites et peu encombrantes, les serviettes hygiéniques attirent le regard quand elles sont à un endroit inhabituel (contrairement à d’autres endroits, si vous voyez de quoi je parle clin d’oeil, clin d’oeil). Et attirer le regard, c’est attirer l’attention, inviter au débat, à la discussion.
Bien sûr, un message percutant n’est pas forcément pédagogique : il n’a pas toujours le temps de l’être sur une phrase suffisamment courte pour tenir sur une serviette hygiénique. Ce qui est pédagogique, en revanche, c’est le dialogue qui peut découler si les personnes choquées de voir des messages sur le viol ou le harcèlement de rue et les agressions sexuelles en général abordent le sujet avec des gens sensibilisés.
Le message le plus fort, le plus percutant, est probablement celui qui cite un tweet de #StayStrongLeah
et dit :
« Imagine si les hommes étaient aussi choqués par le viol que par les règles. »
C’est, certes, une généralité : évidemment que TOUS les hommes ne sont pas plus dégoûtés par les règles que par le viol. Mais il faut bien dire ce qui est : aux yeux de la société patriarcale, les corps des femmes sont à deux vitesses. Pour être plus clair, citons Mic.com dans son article qui évoque l’initiative d’Elonë :
« D’un côté, les corps des femmes sont vandalisés, agressés et réifiés. De l’autre, ils sont effacés quand il s’agit de la réalité des menstruations : le sang devient bleu dans les publicités, on encourage les filles à rester discrètes au sujet de leurs règles, et ce processus naturel est traité comme quelque chose d’embarrassant ou dont on doit avoir honte. »
Sur Instagram, en légende de cette photo, Elonë a expliqué…
« Aujourd’hui, j’en ai partagé quelques-uns dans la ville, je ne suis pas sûre que ce soit illégal mais sérieusement, je m’en fiche parce qu’ils sont faciles à enlever, haha. Je pense que c’est un bon moyen d’attirer l’attention sur ça. #féminisme »
Personnellement, je trouve ça aussi simple qu’excellent, comme idée : les serviettes hygiéniques dans la rue attirent l’oeil, et pour faire passer un message progressiste, c’est génial. D’autant plus si, comme elle semble le confirmer sur Tumblr, Elonë donne régulièrement des protections hygiéniques aux sans-abris qui en ont besoin !
Tu peux suivre Elonë sur son compte Instagram ou bien sur son Tumblr, où elle répond aux questions (pas toujours très malines) de ses détracteurs et détractrices (puisque, comme il fallait s’y attendre, le féminisme ne plaît pas à tout le monde) ainsi qu’à ses supporters et supportrices.
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Les Commentaires
sur canal + (le petit journal du 17 mars pour celles & ceux qui veulent le voir)
ya du boulot, beaucoup de boulot
en Inde, en grand nombre de personnes considèrent qu'une femme violée est responsable de ce qui lui arrive parce qu'elle a eu un "mauvais comportement"...