Article initialement publié le 22 février 2015
Love Hotel : de l’inconvénient de ne pas avoir d’appartement…
Il y a peu, je voyais mon cher et tendre sur Paris. Malheureusement, nos logis respectifs étant occupés par nos familles, nous ne pouvions nous adonner à la bagatelle – à moins de risquer une amende pour outrage aux bonnes mœurs, ce qui fait un peu tache dans un CV.
Après deux jours à se regarder dans le blanc des yeux, nous nous sommes donc mis en quête d’un lieu qui pourrait abriter nos ébats. Internet, notre maître à tous, nous suggérait bien des choses : le cinéma (trop fréquenté), le cimetière (trop glauque), une porte cochère (trop cliché) ou l’abstinence (trop cruel).
Alors que le désespoir s’emparait de nous et que nous commencions à craindre le pire (une longue disette affective, donc), la solution nous apparut au détour d’un forum : nous n’avions qu’à expérimenter le love hotel.
Le love hotel : kézako ?
Le love hotel est un concept directement importé du Japon : celui dont Internet chantait les louanges se situait rue Saint-Denis, proposait des chambres à vingt-cinq euros de l’heure et vantait une discrétion absolue. En moins de temps qu’il n’en faut pour dire « chlamydia », nous étions donc partis, bras dessus bras dessous, vers le love hotel et au delà.
Ce Love Hotel, au premier abord, ressemble à un sex-shop traditionnel : des grappes d’hommes de tous âges bavent devant des DVD de filles de l’Est et d’ailleurs, quand d’autres, jetant un regard par-dessus leur épaule de crainte d’être reconnus, louent les services d’une stripteaseuse. À côté de l’accueil, un escalier mène à l’étage, où se trouvent les chambres. Après avoir bombardé la réceptionniste de questions concernant la propreté des lieux et autres détails utiles, nous avons loué pour une heure la seule chambre vacante, ou « chambre psychédélique » (au love hotel, toutes les chambres ont un thème : les clients ont donc le choix entre une décoration asiatique, vénitienne, orientale, maritime, africaine, un intérieur SM… De quoi ravir tous les goûts, sauf les aficionados des fauteuils Louis XVI, donc).
Love Hotel : Sex-shop et tremblements
La réservation dans ce Love Hotel étant effectuée, il nous fallait attendre trente minutes – le temps que la chambre se libère et que le ménage y soit effectué. Nous avons passé cette demi-heure à déambuler dans les allées de la partie sex-shop, qui propose moult accessoires et déguisements (y compris celui de Monsieur Esclave dans South Park – j’ai failli craquer, mais la peur que ma grand-mère ne tombe dessus en fouillant dans ma chambre m’a fait renoncer à ce projet, m’voyez).
Mr Slave se demande qui ose s’inspirer de son style pour vaquer à de sombres desseins.
Lorsqu’enfin notre tour est venu, nous avons gravi les escaliers du Love Hotel avec un peu d’appréhension : et si, au détour d’une porte, un homme bondissait sur nous en peignoir léopard ?
Et si nos ébats étaient filmés en caméra cachée ? Et si on croisait un membre de nos familles ?
Finalement, aucun de ces scénarios apocalyptiques ne s’est concrétisé : nous avons été accueillis par une hôtesse de ce Love Hotel d’une franche gentillesse qui, nous offrant deux coupes de champagne, nous a expliqué le fonctionnement de la chambre : composée d’un grand lit surplombé d’un miroir, d’un lavabo et d’une douche, elle doit avoisiner les 9 mètres carrés. Au mur est fixée une télé qui diffuse des films réprouvés par la morale catholique – que nous avons aussitôt éteinte. Il est possible de diffuser sa propre musique grâce à un câble jack, tout est impeccablement propre et l’établissement fournit des préservatifs.
Le love hotel : verdict
En entrant dans la chambre, j’ai été frappée par sa décoration originale (celle que nous avions choisie était entièrement décorée de lignes noires et blanches, ce qui donnait à nos ébats un côté « Kikoo nous sommes en 2050 » qui, ma foi, n’était pas désagréable).
La chambre de Josée en milieu naturel.
Une fois que nous fûmes seuls, j’ai vérifié une bonne cinquantaine de fois que la porte était bien fermée (elle s’ouvre automatiquement une fois l’heure écoulée – prenez donc garde à veiller à votre montre, faute de quoi vous risquez de vous retrouver cul nu devant des inconnu-e-s).
Entrer dans ce genre d’endroit est toujours un peu impressionnant, surtout lorsque vous êtes, comme moi, une parfaite néophyte, mais l’ambiance bon enfant du love hotel permet aux client-e-s de s’y sentir relativement bien, et nous avons passé une heure fort agréable. Les chambres sont d’une propreté impeccable, à cent lieu du bouge glauque dans lequel je craignais de mettre les pieds. Chose appréciable, vous n’y rencontrerez nul œil réprobateur – contrairement à certains petits hôtels où les réceptionnistes vous regardent comme si vous étiez une émissaire de Satan ou un furoncle géant. Notons tout de même un petit point négatif, le bruit – les chambres étant mal insonorisées, vous risquez d’ouïr les ébats de vos voisins.
En définitive, je vous recommande le love hotel si vous n’avez nul autre endroit où aller, ou si vous avez envie de pimenter un dimanche après-midi. Et la prochaine fois, je vous raconterai comment j’ai survécu au sauna échangiste.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Sinon pour tout ceux qui comparent le prix de l'heure (25 euros) à celui d'une nuit entière (50 euros), bah oui mais le ménage est entièrement fait entre chaque client (d'ailleurs les différents témoignages s'accordent sur le fait que c'est propre) donc forcément il y a qd même un prix plancher. Pareil le réceptionniste fait son boulot pour chaque client. L'entreprise demande donc plus de personnels qu'un hôtel classique.