Les tampons hygiéniques soulèvent régulièrement des débats autour de la santé car, en France, rien n’oblige les marques à révéler leur composition.
Quand elles ont pris conscience de cet état de fait, Coline et Dorothée ont décidé d’agir, en changeant complètement de carrières.
Du chlore dans la zone la plus perméable du corps
Pour Coline, le choc (toxique, mouaha) a été le documentaire Tampon, notre ennemi intime, sorti en 2017.
« J’en suis sortie abasourdie. Le film a été diffusé en pleine campagne présidentielle, mais force est de constater qu’il n’a mené à aucune mesure concrète. »
Coline était passée au tout bio pendant sa grossesse. À l’époque, la question des protections hygiéniques ne se posait donc pas pour elle, mais en regardant le documentaire, elle fut choquée de réaliser qu’elle n’aurait jamais pensé à changer ses tampons.
Parce qu’elle faisait d’emblée confiance aux fabricants de protection hygiénique, elle a vécu cette nouvelle comme une véritable trahison :
« Symboliquement ça me révolte, c’est une zone intime. Pour moi, on s’est moqué des femmes en mettant des produits horribles dans la zone la plus perméable de leurs corps.
Si les tampons sont blancs c’est parce que l’on utilise du chlore ou d’autres produits que l’on n’oserait même pas mettre dans un gel douche.
Ça me révolte aussi en tant que consommatrice car malgré le scandale rien ne se passe, les marques n’ont aucune obligation de révéler la composition de leurs produits et je trouve ça fou. »
Après un parcours classique en marketing dans de grands groupes parisiens et à Nantes, sa ville d’origine, Coline a un déclic. Elle souhaite s’investir dans un projet qui porte ses convictions et quitte son emploi en trois jours.
Signe du destin, comme elle l’interprétera plus tard, son amie Dorothée entend parler à ce moment-là d’un système d’abonnements pour recevoir ses protections périodiques qui existe aux États-Unis mais pas en France.
Elle aussi a eu un choc en mesurant le silence qui entoure la composition des protections hygiéniques :
« J’ai été journaliste santé pour un magazine féminin, dans une rédaction plutôt féminine, et à aucun moment nous n’avions pensé au sujet des tampons. C’est un tel tabou que même une rédac de femmes n’y avait pas pensé, cela m’a frappée. »
Le duo décide de foncer et de lancer sa propre marque de tampons bio, garantis sans produits toxiques.
Elle l’appelle « Jho » pour « Juste honnête », « parce que l’on s’est moqué des femmes suffisamment longtemps ».
Jho, la seule marque française de tampons sans produits toxiques
Il y a seulement quatre mois, Coline et Dorothée ont donc ouvert leur site Internet. Il est possible d’y acheter leurs produits à l’unité (tampons et serviettes) ou de souscrire un abonnement pour recevoir ses tampons directement chez soi.
On y trouve aussi, évidemment, une fiche-produit qui détaille précisément la composition des tampons.
Même s’il existe peu d’études sur l’impact des produits chimiques présents dans les tampons, Coline préfère prévenir que guérir :
« Il y a une corrélation entre l’utilisation accrue des tampons et le nombre de cas d’endométriose, de cancers féminins et et d’infertilité. Mais aucune étude ne prouve le lien de cause à effet.
Ceci dit, une femme utilisera en moyenne 11 000 protections à usage unique dans sa vie. Sur le long terme, ça ne peux donc pas faire de mal de se passer des produits chimiques. »
Elle précise que les tampons Jho n’éliminent pas pour autant le risque de Syndrome du Choc Toxique, qui est lié à la stagnation du sang et donc à la correcte utilisation des tampons.
Des produits sains et de la solidarité
En plus de proposer des produits sans risques pour la santé, Jho fait le bien autour d’elle en faisant des dons à des femmes précaires, par le biais de deux ONG partenaires.
En France, Gynécologie sans frontières utilise les dons pour venir en aide aux femmes migrantes, surtout dans les camps de Calais, et notamment leur distribuer ces produits de première nécessité.
Au Cameroun, Jho finance une mission autour de l’éducation, comme l’explique Coline :
« Les femmes qui ont leurs règles doivent rester enfermées chez elles et ne peuvent pas aller à l’école par exemple. Nous finançons aussi des ateliers dans lesquels les femmes fabriquent leurs protections hygiéniques lavables, une solution plus adaptée aux infrastructures disponibles que les protections jetables. »
Pendant ses deux ans d’humanitaire dans des ONG à Madagascar, son associée Dorothée s’était sensibilisée au problème de l’accès aux protections périodiques pour les femmes des régions défavorisées du monde.
Les deux femmes sont donc ravies de pouvoir agir pour le bien-être des femmes, en France comme ailleurs. Coline ne regrette absolument pas son changement de carrière :
« C’est un plaisir d’avoir une telle motivation en se levant le matin ! »
Pour en savoir plus sur Jho, rendez-vous sur leur site internet.
À lire aussi : La composition des protections hygiéniques, sans risque pour la santé ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires