Nokia, Angry Birds et Ville Valo. C’est tout ce que je connaissais de la Finlande avant de partir y vivre pour un semestre en Erasmus. Je ne savais même pas la situer par rapport à la Norvège et la Suède, de 6 à 21 ans, ça n’a jamais voulu rentrer (et surtout rester) dans mon crâne :
– Mais siii, j’te dis que c’est celui du milieu ! La cousine germaine de mon arrière grande tante y est allée durant l’hiver 1965, je sais c’que j’raconte quand même ! – T’as craqué ton tanga Ghislaine, c’est celui de droite ! Ou gauche… Enfin en tout cas c’est pas celui du milieu, qu’on me jette en pâture aux élans si j’me trompe !
Bref. Depuis, je sais parfaitement la situer (à droite) et mon corps, bien que parfois meurtri par le froid, n’a pas servi de repas aux plus grands cervidés du monde (j’vous jure que c’est quand même impressionnant ces bestiaux).
La Finlande c’est comment ?
D’abord, je dirais que c’est froid (sans déconner ?), voire très froid (le pire que j’ai subi ayant été -35°), et que les paysages sont principalement composés de forêts et de milliers de lacs plus ou moins grands (le Saimaa, au sud-est, est le 5ème plus grand d’Europe). C’est définitivement un très beau pays : je me suis plusieurs fois sentie apaisée en regardant par la fenêtre d’un bus ou d’un train. Avec de la chance, on peut voir gambader des biches et des lapins ; certes, c’est courant en France également, mais là-bas, c’était différent. Tout était différent. Ces maisons en bois rouges, vertes, bleues ou jaunes qui défilent ou sont, parfois, complètement isolées au milieu d’une forêt, l’amabilité et le respect des habitants, que ce soit envers l’être humain en général ou envers l’environnement, les saunas, le système universitaire…
Les Finlandais sont très à cheval sur le tri des déchets : tout est indiqué sur les poubelles, impossible de se tromper. Les canettes et bouteilles sont consignées et systématiquement rachetées par les magasins pour 15 à 20 centimes l’une (comme quoi on peut être écolo ET se faire une petite fortune en même temps). Les saunas, ces espèces de boîtes en bois dont la température oscille entre 70° et 100° (pour les plus courageux), sont également soumis à des règles d’hygiène très stricte : une préférence pour ceux et celles qui s’y rendent tout de rien vêtu, maillot de bain pour les plus pudiques, douche avant et après.
Mer gelée et balades en vélo
Quand je suis arrivée en janvier à Pori, ville du sud-ouest de la Finlande, il faisait nuit à 16h. Au début, ça surprend. Parfois ça énerve, surtout les jours où, à cause des cours, tu ne vois pas un seul rayon de soleil… Mais on s’y fait quand même assez rapidement (de toute façon, c’est pas comme si on avait le choix). Au fait, vous avez déjà été sur une plage où la mer est gelée et le sable recouvert par la neige ? Ça tue, et pas qu’un peu ! Cette eau immobile, cette solitude totale et ce silence absolu – excepté les légers bruits de craquement de la glace – c’est une expérience absolument unique. Malheureusement, je suis rentrée trop tôt en France pour avoir eu le temps de piquer une tête (même en mai, il fait toujours frisquet).
Pour les déplacements, j’avais acheté un vélo un peu « pourrave » comme on dit chez nous, mais qui m’a bien servi pendant 5 mois, entre mes allers-retours à l’université et mes sorties en centre-ville (à environ 4km de la résidence étudiante où je vivais), il a bien tenu le coup. Sans parler des chutes dues à l’alcool au verglas quand on rentrait de boîte de nuit !
Bonjour Père Noël !
Ce semestre m’a aussi permis de voyager pour pas cher et de faire des activités dont je rêvais depuis toute gamine. Sérieusement, quel enfant ayant déjà regardé Balto
n’a jamais voulu faire du chien de traîneau ? La Laponie a exaucé mon souhait, et bien d’autres encore genre « Coucou j’ai rencontré le Père Noël » (oui, le vrai, dans son village situé au cercle polaire !), « Coucou j’ai fait de la motoneige et du renne en traîneau au milieu des immenses forêts laponiennes« , « Coucou j’ai… pas vu d’aurores boréales » (la tristitude)…
J’en ai profité pour aller à Tallinn, capitale de l’Estonie (9€ les 5 gros shooters de Jägermeister, une affaire ! …mais, euh, sinon c’est vraiment une très jolie ville), Stockholm, capitale de la Suède (celui du milieu, tant qu’on y est), l’une des plus belles villes du monde selon moi, avec des tas de musées très intéressants (le musée de la photographie où je suis allée exposait des œuvres d’Anton Corbijn par exemple) et, en bonne touriste, j’ai ramené 2 ou 3 fringues de leur célèbre enseigne. Et enfin j’ai visité quelques-une des plus grandes villes de Finlande : Helsinki bien sûr, mais aussi Turku, Tampere et Rauma.
Et les études dans tout ça alors ?
J’étudie actuellement l’information et la communication à la fac, j’ai donc choisi les Culture and Medias studies. Les différences entre les méthodes d’éducation finlandaises et françaises sont nombreuses. Tout d’abord, on est noté sur 5, le 0 n’étant attribué que si tu ne rends pas ton devoir (autrement dit, faut le vouloir) et obtenir un 1 ne signifie pas que tu as échoué, mais qu’au contraire, tu tiens le bon bout. En France, on te descend si tu obtiens moins de 10, ici, on cherchera toujours à t’encourager, à t’expliquer tes erreurs, mais dans tous les cas, tu as fait quelque chose et que rien que pour ça, tu as du mérite. Et la motivation suit forcément. Puis les bonnes notes. Une bien belle pédagogie en somme.
Comment parler des études sans parler de Vappu ? C’est LA fête des étudiants qui célèbrent la fin d’année et/ou leur diplôme. Peu manquent à l’appel lors de cette beuverie nationale (du coup, je vous explique pas la galère pour trouver un coin pipi tranquille). Ça commence le 30 avril et ça finit avec une énorme gueule de bois le 1er mai.
Être en Erasmus, ça reste une expérience inoubliable, je pense que beaucoup de ceux et celles qui ont eu la chance d’en profiter seront d’accord. Rencontrer des gens de toute l’Europe, voyager avec eux, faire des soirées avec eux, vivre avec eux, c’était incroyable. J’ai senti une réelle évolution sur le plan personnel, ma timidité a (presque) foutu le camp tant j’ai dû apprendre à parler et à faire connaissance avec des tas de gens (en anglais, en plus !). J’étais déjà assez indépendante à la base, je savais comment gérer mon argent et vivre seule ne me posait pas de soucis particuliers, mais maintenant, je me sentirai presque capable d’entamer un tour du monde en solo.
Ah, et pour celles que ça intéresse, chaque année en juillet il y a le Pori Jazz Festival, le plus vieux festival de jazz d’Europe, à Pori (logique). Regrets éternels de ne pas avoir pu y aller. Mais j’y retournerai : la Finlande est un pays méconnu mais qui possède de multiples qualités et je ne regrette pas de l’avoir choisie pour terre d’accueil durant 5 mois. Je ne peux que vous conseiller d’aller y faire un tour, vous ne le regretterez probablement pas. Que le Père Noël m’oublie cette année si je me trompe !
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