Si tu possèdes un smartphone, tu as probablement accès à une multitude d’applications et de jeux divers et variés.
Oui, nous avons la chance de transporter dans nos poches pléthore de jeux vidéo, pour beaucoup gratuits. On peut les télécharger, les tester, les désinstaller, y revenir…
Bref, nous consommons du jeu vidéo avec une incroyable liberté.
Ouin ouin les jeux vidéo c’est le mal, ça rend violent et débile !
Ben non. D’ailleurs, même parmi les jeux gratuits, certains sont d’une très belle qualité, que ce soit dans l’esthétique ou le gameplay.
Et pour briser ce cliché sur le monde du jeu vidéo, j’ai choisi de te parler de deux d’entre eux qui, en plus d’être beaux et/ou divertissants, m’ont fait réfléchir au monde qui m’entoure, de manière ludique et parfois inattendue.
Enterre-moi, mon amour, un jeu mobile sur la situation en Syrie
J’ai découvert le jeu Enterre-moi, mon amour suite à un concours de circonstances. Mais je vais faire court ici, pour t’épargner mes péripéties.
C’est ma petite sœur qui m’en a parlé, après avoir visionné un let’s play de Squeezie. Il date du 14 novembre 2017 et le youtubeur y présente ce jeu, comme à son habitude.
Je ne te parlerai pas plus de la vidéo en elle-même car je ne l’ai pas regardée.
La raison : en comprenant le principe d’Enterre-moi, mon amour, j’ai voulu éviter tout spoil, et me le procurer au plus vite ! Je voulais vivre cette expérience.
Ce jeu a été co-produit par ARTE France entre autres, et avec l’aide du Fonds d’Aide au Jeu-Vidéo du Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC).
Autant dire qu’on ne s’est pas fichu de nous.
L’histoire comme le principe sont inspirés d’un magnifique dossier du Monde, qui raconte le voyage d’une réfugiée syrienne vers l’Allemagne à travers son fil de messages WhatsApp. Inspiré d’une histoire vraie, donc.
Dans ce jeu, on incarne Majd, un homme syrien dont la femme, Nour, fuit le pays pour l’Allemagne. Lui ne l’a pas suivie, mais est en contact avec elle par messages, et la conseille dans son quotidien.
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« Enterre-moi, mon amour », c’est une expression que les Syrien·nes se glissent en guise d’adieu, qui signifie « Meurs après moi ». Je trouve ça aussi poétique que tragique.
Le jeu a une très belle esthétique, par le biais d’illustrations (on peut envoyer ou recevoir des « photos »), et son teaser en donne un bel aperçu.
https://www.youtube.com/watch?v=miXo3oyOdV8
Le gameplay fonctionne un peu comme Emily is Away : des échanges de messages, divers choix de réponse possibles, qui influeront sur la suite du parcours de Nour.
La messagerie est cependant plus moderne. On peut envoyer ou recevoir du texte, des photos, émojis, et même des messages vocaux.
De plus, on a accès à une carte, qui permet de suivre les péripéties de Nour en temps réel.
Le trajet de Nour après ma première partie de jeu
À propos, le jeu propose une option que j’ai vraiment appréciée : il est possible de jouer en mode « rapide » ou en « temps réel ».
Dans le premier cas, il n’y a pas de délai entre les messages envoyés par Nour. Dans le second, l’histoire avance au rythme de son voyage.
Concrètement, il arrive qu’elle ne réponde plus, et on ne sait pas quand est-ce qu’on recevra le prochain message. Lorsqu’on l’a — enfin — on reçoit une notification : tout est mis en place pour que nous nous identifiions réellement à Majd.
Chez moi, ça a vraiment marché.
J’ai ressenti l’angoisse de savoir que « ma femme » était seule, entourée d’hommes, dormait dans le froid, la nuit, sans tente ni couvertures…
Et j’ai beaucoup usé le « temps réel », j’attendais donc chaque notification avec impatience, me demandant quelle serait la suite du voyage, comment Nour éviterait les dangers qui l’attendent — ou non.
D’ailleurs, Nour se confronte à de nombreuses situations dans lesquelles on est amené·es à prendre des décisions difficiles. C’est selon moi une excellente manière de sensibiliser à la question des réfugié·es.
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Le réalisme est impressionnant : Nour a une personnalité propre, elle ne se laisse pas démonter, fait preuve d’humour, ne manque pas d’air… Elle est très attachante !
Les échanges de messages sont étonnamment crédibles, sans non plus rentrer dans le cliché du « langage SMS ».
Et Nour a du caractère !
Les multiples trajets et fins possibles permettent de jouer à l’infini. En plus du principe et de la beauté du jeu, cela rentabilise largement les 3,49€ que coûte l’application.
Si tu hésites à te la procurer, il existe un prologue gratuit, pour en avoir un avant-goût ! Et si j’ai réussi à te convaincre, le jeu est disponible sur Google Play et sur l’Apple Store.
Reigns : Her Majesty fait de toi une reine, et c’est pas si facile
Il est possible que tu connaisses déjà le jeu Reigns. Le Joueur du Grenier en avait fait une vidéo de présentation sur sa chaîne secondaire, tandis que Lise, notre ancienne rédac jeux vidéo, t’en avait parlé dans un super article.
Le principe est assez simple : il s’agit de régner sur un royaume. Des événements plus ou moins aléatoires se présentent au Roi, à savoir le joueur ou la joueuse.
Il faut prendre des décisions qui affecteront positivement ou négativement quatre jauges : les liens avec l’Église, notre popularité auprès du peuple, la force correspondant au pouvoir militaire et enfin une jauge de richesse.
Le but est d’essayer de trouver un équilibre, car si l’une des jauges se remplit intégralement ou tombe à zéro, on subit une mort tragique. Il faut alors recommencer avec le successeur du Roi, le royaume reste le même, mais les jauges sont remises à zéro.
Le jeu est assez agréable, et plutôt drôle. Il pousse à cogiter, à faire preuve de stratégie.
Et justement, Reigns a eu droit à un nouvel opus, Reigns : Her Majesty, sur le même principe, mais dans lequel on incarne… une reine !
Et ce n’est pas un simple copié-collé conjugué au féminin. Dans Reigns : Her Majesty, la Reine doit se défendre face au sexisme !
Le jeu n’est pas entièrement construit autour de cette problématique, mais il glisse de manière plus ou moins subtile des messages de ce type. Quelques exemples :
C’est donc un jeu qui, malgré ses airs légers et son aspect pas prise de tête, glisse quelques pistes de réflexion. C’est une chouette possibilité de s’amuser tout en cogitant.
Si j’avais été reine, comment le sexisme se serait-il manifesté ? Comment y aurais-je réagi, ou non, selon mes prérogatives, mon statut, mes obligations ?
Si tu ne connais pas Reigns, c’est l’occasion de découvrir ce jeu assez marrant et pas si simple. Et si tu es déjà fan, saute sur l’occasion d’en découvrir une autre facette !
Le jeu est disponible sur Steam (2,99€), Google Play (3,09€) et l’Apple Store (3,49€).
Jouer, penser et apprendre
J’adore l’idée de pouvoir profiter de l’aspect ludique d’un jeu pour, l’air de rien, me creuser la tête. C’est aussi pour ça que je suis prête à les payer, d’autant plus pour des jeux indépendants.
En toute honnêteté, je le faisais déjà avec Adibou, Lapin Malin ou Arc-en-Ciel sur l’ordinateur fixe de mes parents, quand j’étais petite. Mais niveau critique sociétale, on n’atteignait pas ce niveau.
Et grâce aux smartphones, leurs tarifs sont bien moins élevés que des jeux de console… Ce qui me permet de, malgré mon budget d’étudiante, pouvoir profiter de jeux de qualité !
Et toi ? Connais-tu d’autres jeux de cet acabit ? Viens me donner tes préférés dans les commentaires, que je remplisse mon téléphone d’applications et que je passe ainsi ma journée à jouer au lieu d’étudier et de travailler !
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