Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais dans le dernier film, La révolte (partie 1), Katniss Everdeen s’était réveillée au District 13, censé avoir été rasé par le Capitole. Elle avait alors pris conscience qu’une véritable rébellion s’était organisée pendant qu’elle se trouvait dans l’arène, et qu’on l’en avait sortie dans le but de faire d’elle le Geai Moqueur : le symbole de la rébellion pour unir tous les districts contre le Capitole.
Au départ réticente, Katniss avait donc accepté de jouer ce rôle, après avoir rencontré la Présidente Coin, leader de la rébellion, et avoir appris les horreurs commises par le Président Snow — notamment la destruction pure et simple du District 12. Finalement, une mission des rebelles était parvenue à sauver Peeta, retenu en otage au Capitole… mais lorsque celui-ci s’était réveillé et avait vu Katniss, il avait tenté de l’étrangler. On avait appris qu’il avait subi un lavage de cerveau lors de son emprisonnement au Capitole, pour l’amener à détester Katniss et à la rendre responsable des exactions du Capitole.
Le film s’était interrompu sur ces dernières images pas très jojo.
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Hunger Games, la claque
Pour parler franchement, en regardant ce nouveau film, je m’en suis pris plein la figure. J’ai pris une gifle, par la force des plans (notamment les gros plans sur les expressions muettes de désespoir ou tordues de colère des personnages), la puissance de la musique, la tension qui s’accumule dans tout mon corps pour finalement exploser en une gerbe de terreur, les bruitages violents et parfaits qui accompagnent bon nombre de scènes, le silence, au contraire, parfois… Et le jeu des acteurs. Puissant, sincère, émouvant sans tomber dans l’excès, c’est un jeu pour lequel les acteurs ont mûri, dans lequel ils se donnent entièrement.
J’ai pris une gifle.
Katniss a pris quinze ans de maturité, Peeta s’est endurci, Gale est toujours plus déterminé… et les trois acteurs se confondent à merveille avec leurs personnages. En effet, les choses ont énormément changé entre le deuxième et le troisième opus (et donc le quatrième qui constitue la suite et fin) : il ne s’agit plus simplement de survivre, mais d’encourager d’autres gens à risquer leur vie pour une cause, à s’unir contre un pouvoir qui les a toujours contrôlés et manipulés.
Katniss a été énormément traumatisée par ses deux passages dans l’arène, et Jennifer Lawrence parvient à rendre parfaitement cette impression : elle se contente de donner à son regard un éclat à la fois plus déterminé et plus fragile, à ses expressions un ton plus humain mais aussi plus perçant. Josh Hutcherson, lui, joue un jeu difficile : Peeta se retrouve privé de l’innocence qui était la sienne avant les Jeux, où il a été forcé de s’endurcir sans pour autant perdre sa personnalité profondément gentille. Enfin, Liam Hemsworth incarne un Gale troublé, meurtri par la perte de son district, et qui cherche à se retrouver en s’engageant dans la rébellion ; un Gale qui s’appuie désormais sur son côté le plus sombre pour survivre dans ce nouvel ordre.
Mais en réalité, tous les acteurs jouent un jeu difficile et magnifique. Même les personnages secondaires sont impressionnants : le Président Snow est plus cynique que jamais, Effie a retrouvé son style hors de ce monde et sa foi inébranlable en sa protégée, et Finnick… dévoile une loyauté comparable uniquement à son courage. Quant à Haymitch, il se révèle être, encore plus que dans les précédents films, une épaule sur laquelle Katniss peut malgré tout s’appuyer.
Hommage à Philip Seymour Hoffman
Rendons ici hommage au travail de Philip Seymour Hoffman, qui interprétait Plutarch Heavensbee et qui est décédé avant la fin du tournage de La révolte (partie 2).
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Philip Seymour Hoffman avait reçu un César en 2005
Ce grand acteur avait reçu un César en 2005, en tant que meilleur acteur pour son rôle dans le film Capote. Son rôle de Haut Juge des Jeux dans Hunger Games prend un relief particulier lorsqu’on apprend qu’il fait en réalité partie de la rébellion. Plutarch mène un double jeu très difficile pendant tout le déroulement des 75èmes Jeux, une performance qu’on ne peut qu’applaudir — surtout que Philip Seymour Hoffman parvient à faire presque apprécier son personnage, en comparaison de la froideur de la Présidente Coin.
Il s’agit d’un personnage plutôt secondaire, mais dont on se souvient parfaitement, tant sa présence reste constamment calculée et ses expressions pratiquement illisibles : sous une apparente bonhomie se cache une détermination froide à éliminer le Capitole, qui lui vaut d’avoir l’entière confiance d’abord de Snow, puis de la leader rebelle, Coin. Notons qu’il restait à l’acteur une dernière scène très importante à tourner pour La révolte (partie 2), mais que le réalisateur a su pallier son absence de manière à ne jamais troubler le spectateur.
Une adaptation… presque trop fidèle
Enfin, l’adaptation est comme toujours terriblement fidèle au livre, et pour cette fois, j’aurais presque préféré qu’elle ne le soit pas, tant le scénario est… mais je ne vous dirai rien, allez donc voir le film, ça vaut mieux !
Le scénario colle en tout cas au plus près à l’histoire racontée dans le livre : les personnages passent par les mêmes tortures mentales et par les mêmes dilemmes, les rebondissements présents dans le livre sont respectés, et la fin… ah mille milliards de mille sabords, la FIN ! Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’elle est grandiose.
On ne s’arrête jamais d’espérer
Les costumes et les décors correspondent exactement à ce que j’aurais pu imaginer, les prises de vue sont magnifiques (un certain plan dans la neige, par exemple, m’a particulièrement bouleversée), l’accompagnement musical, tantôt violent ou tendu, tantôt doux et salvateur, est parfaitement choisi. Le scénario prend à la gorge, on n’a pas le temps de respirer entre deux scènes, et on ne s’arrête jamais d’espérer. À tort ou à raison.
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Voilà. Je peux vous dire, en ayant lu le livre et en en connaissant donc la fin, que j’ai tout de même passé 2h17 à retenir mon souffle, c’est dire ! Je conseille donc à ceux et celles qui n’auraient pas lu l’oeuvre de Suzanne Collins de se faire plaisir et d’aller découvrir le film avec l’innocence qui est encore la leur. Profitez bien de la 3D, qui vaut vraiment la peine… et n’oubliez pas que le jeu n’est jamais très loin de la réalité. Dans ce cas-ci, le film n’est jamais très loin de l’actualité non plus.
Puisse le sort vous être toujours favorable.
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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