Objets indispensables du quotidien pour les unes, accessoires de torture pour les autres, les talons ont fait du chemin depuis leur invention. C’est pourquoi ils sont à l’honneur dans ce nouvel article sur l’histoire de la mode !
Les talons, un accessoire qui existe depuis la nuit des temps
Les chaussures à talons sont apparues sur la surface de la Terre il y a bien des années. Aussi loin qu’on puisse remonter dans l’histoire de ces accessoires, on les retrouve en premier dans l’Égypte Ancienne, où les bouchers portaient des pantoufles à très hautes plateformes… pour éviter de se mettre du sang plein les pieds. Ambiance.
Des souliers à talons ressemblant à ceux que l’on connaît aujourd’hui étaient portés par les cavaliers mongols : ils leur permettaient de mieux tenir sur leurs étriers.
D’abord chaussures singulières à certaines époques, sans jamais être vraiment répandus, ces premiers escarpins vont devenir une mode sous une forme particulière à Venise, à partir du XVème siècle et jusqu’au règne de Catherine de Médicis. Importées d’Orient et réservées aux dames, ces chaussures (appelées chopines) étaient des espèces de pantoufles ou sandales surmontées de hautes plateformes (allant parfois jusqu’à 60 cm !), tout à fait impraticables.
Une sortie de bain pleine de swag.
Elles avaient pour première vocation de garder les robes des courtisanes propres, en ne les laissant pas traîner par terre. Elles étaient aussi signes d’appartenance à la haute société, puisque ces dames devaient se tenir à un ou deux serviteurs pour se déplacer, ou encore au bras d’un galant homme, comble du chic.
Mais leur côté légèrement casse-gueule permettait aussi de tenir les femmes de vertu loin d’activités mal vues, comme la danse, dans la prude Venise du XVème et XVIème siècle. Pas question donc de twerker sur la Coum-Coum Mania : c’est vulgaire, on vous dit !
Au fur et à mesure, les chausseurs abaissent le premier talon des chopines (celui de devant, sinon c’est pas logique), pour les rendre bien plus praticables, et donner à ces chaussures une forme similaire à celles que l’on connaît aujourd’hui.
La marche en chopines — une allégorie.
En 1533, Catherine de Médicis fit d’ailleurs venir de Florence une paire de ces « nouvelles chopines », à l’occasion de son mariage avec le Duc d’Orléans, et lance ainsi la mode à la Cour de France.
Une coquetterie adoptée par les femmes de la Cour… mais aussi par les hommes !
À la Cour du Roi Soleil, les nobles se hissent sur des talons d’au moins 12 cm, d’abord pour se différencier du petit peuple — puisque qu’ils sont surélevés, plus hauts, ils se rapprochent donc du Ciel et du Pouvoir Suprême. De plus, ces chaussures pas très faciles à porter au quotidien (car le soulier est haut et il n’y a pas de différence entre soulier gauche ou droit) empêchent tout travail, ce qui montre, autant que leur teint blanc, qu’ils font partie de l’aristocratie.
Cette mode des talons pour hommes est renforcée avec le règne du Roi Soleil, puisque Louis XIV, plutôt petit de taille aimait à porter ces accessoires pour se rajouter quelques centimètres, en plus de sa perruque. Et montrer ainsi qui c’est le patron, eh oh.
C’est moi le chef, respectez mon autorité.
De plus, comme les cavaliers mongols avant eux, ces messieurs de la Cour tenaient mieux sur les étriers de leur cheval quand ils chaussaient une paire de souliers à talons !
Pour les femmes, le port de ces chaussures est aussi à la mode dans les hautes sphères de la société, pour les mêmes raisons d’apparat que les hommes, mais aussi pour montrer un pied plus petit et plus délicat.
Ces accessoires deviennent vite une vitrine de l’étendue de la richesse du porteur : on les orne de rubans, de boucles serties de pierre précieuses, de dentelles… bref, on se la pète via ses pompes.
Regardez comme je suis riche
Mais les hommes se lassent assez vite de cette mode, et elle devient peu à peu uniquement féminine, à partir du règne de Louis XV. La Révolution Française sonnera le glas du port des talons : tout le monde (y compris les femmes) se met à porter les bottillons, et tout le monde redescend au même niveau du sol.
La réapparition des talons au XIXème siècle
Ils alors vont disparaître de la surface mode en France, jusqu’au du XIXème siècle, où les dames de la bourgeoisie vont se réapproprier peu à peu ces souliers qui restent d’une hauteur raisonnable.
À la fin de ce même siècle, les talons commencent à prendre toute la dimension sensuelle, voire érotique, qu’on leur connaît aujourd’hui : portés plus hauts par les prostituées et les danseuses de French Cancan, ils deviennent un symbole de désir et de sexualité.
À l’étranger, et notamment aux États-Unis, on les considère même comme diaboliques, car chaussés dans les bordels, mais aussi par ces sulfureuses danseuses parisiennes qui montrent leur dessous à qui veut bien les voir !
Les ornements ne quittent plus les souliers féminins, et survivent à toutes les modes.
Les talons dans l’époque contemporaine
Les talons ont connu bien des péripéties, mais depuis leur retour sur le devant de la scène à la moitié du XIXème siècle ils n’ont pas vraiment quitté le vestiaire féminin. Et jusqu’à leur arrivée aux pieds de certaines femmes de 2015, ils ont encore fait un peu de chemin !
Ils marquent encore une fois une période : celle du début du XXème siècle. À cette époque, on assiste à de grands changements sociaux pour les femmes, qui deviennent plus fortes, manifestent, et expriment un désir de faire avancer les choses au niveau politique. Mais elles continuent de porter des talons, dans une volonté de montrer que même si elles s’intéressent aux mêmes activités que les hommes, elles restent féminines, et adoptent ainsi une nouvelle identité.
Puis, ils continuent de faire leur chemin, en restant toujours à la mode : dans les années 30 avec l’avènement du cinéma, on imite les grandes actrices en portant ces escarpins. Dans les années 40, en plein Seconde Guerre Mondiale, les femmes les chaussent le soir, pour aller danser et oublier leurs soucis, mais aussi parce que le travail à l’usine ou dans les champs le jour ne leur permettait pas des les porter toute la journée.
Des femmes travaillant à l’usine pour remplacer les hommes partis au front, pendant la Seconde Guerre Mondiale
Enfin, les années 1950 marquent un tournant dans l’histoire de la chaussure féminine, puisque c’est à cette époque que les talons aiguilles furent inventés !
Aiguilles en 1950, et de toutes les formes aujourd’hui
C’est donc à l’époque de l’après-guerre que l’aiguille se forge sur les souliers, peu à peu. Les femmes ne travaillant en général plus, la société se soucie à nouveau de leur apparence, et les affuble de ces nouvelles chaussures au talon fait d’acier, qui mettent en valeur les courbes.
Enfin ça dépend sous quel angle…
Roger Vivier, un chausseur travaillant notamment pour le couturier Christian Dior, reprend le principe de fabrication en bois, mais y insère une tige de métal au milieu afin de rendre les talons plus résistants, mais aussi plus légers que ceux en acier. Ces chaussures « terminent la silhouette d’un coup de crayon » dira le créateur, qui inventera ensuite des souliers aux formes diverses.
Depuis les années 1950, les talons sont passés par toutes formes les et toutes les extravagances, et restent un véritable objet de fantasme pour le public, mais aussi une inspiration sans cesse renouvelée pour les créateurs et les artistes !
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