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Appel à la grève féministe : sans les femmes, le monde ne tourne pas !

Le Collecti.e.f 8 maars appelle à une grève féministe en Belgique pour exiger la fin des violences sexistes, le respect des droits des femmes, et l’égalité, tout simplement.

Décidément, ça bouge en Belgique ! Tandis que les lycéens et lycéennes poursuivent leur mobilisation hebdomadaire chaque jeudi pour le climat, des féministes préparent une grève pour le 8 mars.

Car le 8 mars, je le rappelle, ce n’est pas la fête des gonzesses, c’est la journée internationale des droits des femmes.

Et même si la cause de l’égalité progresse, cette progression n’est pas assez rapide aux yeux des militantes belges — je ne peux que les rejoindre sur ce point.

Une grève féministe pour les droits des femmes

À partir du moment où l’on a mis en lumière que les femmes étaient victimes de violences sexuelles, qu’elles étaient discriminées à l’embauche, qu’elles étaient en moyenne moins bien rémunérées que leurs homologues masculins à compétences égales…

Qu’est-ce qu’on attend au juste pour remédier à ces inégalités ?

On prie sur l’autel de Sainte-Rita, patronne des causes perdues ?

Question ouverte.

Des militantes féministes belges ont plutôt choisi de célébrer le 8 mars dans la plus pure tradition des mouvements sociaux du XXème siècle : par une grève.

La première grève féministe gronde en Belgique

« Toutes en grève ! » est le mot d’ordre du Collecti.e.f 8 maars, qui coordonne la mobilisation :

« Ce 8 mars 2019, nous appelons toutes les femmes à cesser leurs activités afin d’envoyer un message fort à toute la société : si les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête.

Pendant 24h partout dans le pays, plusieurs actions et mobilisations seront menées. […]

Mobilisons nos proches, organisons des actions, agissons ensemble pour porter ces désirs de toute notre force ! »

J’avoue, je suis curieuse de voir à quoi ressemblerait la société s’il manquait à l’appel la moitié des effectifs.

Quelles sont les revendications de la grève féministe ?

Toujours sur le site du « 8 maars », on peut trouver la liste des revendications du mouvement, en français, en anglais et en néerlandais.

Alors, que réclament les militantes belges ? La synthèse des revendications comprend 10 points, que l’on pourrait résumer à : ne plus être discriminées.

Dans aucun domaine de la vie en société, ni dans le domaine médical, ni dans le domaine professionnel, ni dans les sphères privées, et ce peu importe le genre, le sexe, l’origine, etc.

En somme, ces revendications sont à la fois radicales et parfaitement raisonnables. Vous saisissez l’ironie ?

Les revendications de la grève féministe en Belgique

Je reproduis ici la synthèse des revendications (PDF) de la grève féministe du 8 mars en Belgique, la version longue est disponible ici (en PDF).

  • Assez de la précarité économique organisée, qui nous maintient dans les temps partiels, dans des métiers dévalorisés, faisant de nous des travailleuses pauvres et dépendantes.
  • Assez de l’inégalité salariale, des retraites tardives et des pensions de misère. Assez des allocations inaccessibles, insuffisantes et inadaptées.
  • Assez du manque de crèches, de garderies et d’infrastructures d’accueil et de soin accessibles, qui fait peser une responsabilité collective exclusivement sur les épaules des femmes.
  • Assez d’être seules à prendre en charge le travail domestique quotidien et le soin aux autres.
  • Assez que ce travail gratuit ou peu rémunéré, et la charge mentale qui va avec, ne nous laissent pas de temps pour nous.
  • Assez des politiques migratoires racistes qui nous mettent particulièrement en danger, nous enferment, nous condamnent à la pauvreté et nous tuent.
  • Assez d’être discriminées partout sur base de nos couleurs de peau, de nos origines, de nos revenus, de nos genres, de nos orientations sexuelles, de nos croyances…
  • Assez des stéréotypes sexistes dans l’éducation, la culture, les médias et la publicité, qui nous renvoient l’image de la femme-objet et nous cantonnent dans des rôles spécifiques et secondaires.
  • Assez qu’on nous impose comment vivre notre sexualité, notre rapport à la maternité, à la contraception et à l’avortement.
  • Assez qu’on se mêle de nos corps et de nos vies.
  • Assez des violences médicales et gynécologiques, et des difficultés d’accès aux soins.
  • Assez des violences physiques et psychologiques (domestiques, sexuelles, dans le couple, harcèlement de rue et au travail…). Assez des féminicides, des meurtres de femmes parce qu’elles sont femmes. Assez de la complicité politique et juridique dont les auteurs bénéficient.

Exigeons du respect, du changement et de réécrire ensemble les règles du jeu.

Quittons nos places habituelles et rassemblons-nous pour reprendre celles dont on nous prive.

Faisons entendre nos voix. En solidarité, chacune avec ses possibilités, son vécu, ses revendications et ses désirs, faisons du 8 mars 2019 une journée intense de lutte et de libération.

À lire aussi : La contre-attaque des Églises argentines, alliées contre le droit à l’IVG

La grève du 8 mars 2019, le #NousToutes de la Belgique ?

Cette appel à une mobilisation unitaire n’est pas sans rappeler celui de la grande manifestation organisée le 24 novembre 2018 en France, sous la bannière de #NousToutes.

L’union temporaire des courants féministes n’avait pas été facile à concéder (et c’est un euphémisme)

Néanmoins, cette mobilisation a été un succès, compte tenu du nombre et de la diversité de participants et participantes qui ont grossi les rangs de la marche violette.

Mymy y était, contrairement aux yeux et aux oreilles des chaînes de télé qui sont restées braquées sur les Gilets Jaunes ce jour-là.

Je souhaite aux militantes belges de réussir à inscrire leur mouvement à la Une de leurs médias nationaux, et que leurs revendications de justice (et de bon sens, au bout d’un moment, hein) soient entendues !

En France, le 8 mars 2017, une grève féministe avait déjà été organisée.

Deux syndicats soutiennent et rallient la grève féministe du 8 mars 2019

Selon La Libre Belgique, qui relaie cette mobilisation par plusieurs articles, deux syndicats ont d’ores et déjà annoncé leur ralliement à ce mouvement :

« La Centrale générale (la plus grande centrale ouvrière) et de l’aile bruxelloise de la CGSP (la centrale des services publics) […] ont déposé un préavis de grève pour le 8 mars ».

L’aide des organisations syndicales ayant l’habitude d’organiser ce type de mobilisation peut effectivement être précieuse, car comme l’explique La Libre Belgique :

« L’organisation d’une telle action n’est pas une mince affaire.

Certaines femmes peuvent difficilement se priver du salaire d’une journée. Des systèmes de solidarité sont dès lors à l’étude. »

Ces systèmes, notamment de caisses communes, existent déjà au sein des syndicats, pour permettre aux personnes les plus fragiles économiquement d’exercer leur droit de manifester.

Effectivement, « la CNE — la centrale des employés de la CSC — couvrira les militantes et les militants (la grève n’est pas réservée aux femmes) qui se croiseront les bras le 8 mars » rapporte La Libre Belgique.

Appel à témoins : grève féministe du 8 mars 2019 !

Salut toi, jeune lectrice belge qui découvre cet article en se disant : « Ah ! madmoiZelle en parle ! » parce que tu as d’ores et déjà rejoint ce mouvement… Ton témoignage m’intéresse !

  • Comment as-tu eu connaissance de la grève du 8 mars 2019 en Belgique ?
  • As-tu décidé d’y participer, pourquoi ?
  • Quelle(s) revendication(s) te touche(nt) ou te concerne(nt) plus particulièrement ?
  • Qu’est-ce que tu espères obtenir en participant à la grève ?
  • Qu’est-ce que tu as envie de dire à celles et ceux qui liront ton témoignage ?

Envoie-moi ce que tu veux partager à jaifaitca[at]madmoizelle[point]com, avec en objet : « grève féministe 8 mars 2019 ».

Merci ! Et si tu ne vis pas en Belgique et que tu serais bien intéressée par ces témoignages, partage cet article tout autour de toi : plus il sera lu et partagé, et plus j’aurai de chance de récolter des participations !

À lire aussi : Ma colère face au sexisme et moi, de la noyade à la délivrance


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

4
Avatar de Lacus_Clyne
8 février 2019 à 17h02
Lacus_Clyne
@Clemence Bodoc Même si je sais que c’est très rare, le conjoint de la première “nounou” de mon enfant était aussi “nounou”. Donc je sais qui peut garder le mien si nous étions toute paralysées d’un coup de baguette magique la majorité de la journée (bon il a pris sa retraite depuis).

J’ai peut être une approche trop marxiste de la question mais avant la révolution industrielle et le salariat qui sont assez concomitant, l'arrêt prolongé du travail de la moitié de la population aurait été synonyme d’une disparition brutale et rapide au vu de la productivité de l’époque.

On dit souvent que le travail domestique est l'équivalent en temps d’un peu moins d’une semaine de travail salarié.Si 25% des gens font l’équivalent du professionnel on pourrait imaginer qu’un peu moins de 25% de la population peut faire l’équivalent de la domestique.
Donc on pourrait imaginer faire tourner la machine avec environ 45% de la population. .
En acceptant une baisse de la production/consommation dans une optique écologique, ça me paraît toujours possible de tout faire avec moins de la moitié de la population.
(On reste idem sur de la pure théorie avec rien que des chiffres)

J’ai un biais dans le mesure ou ma famille est peu représentative car mon chéri s’occupe plus que moi de notre enfant. Il est aussi très doué (en tout cas plus que moi) dans des tâches genrées de manière féminine comme la cuisine ou la couture. Donc je ne suis pas dans la situation ou je suis seule face au “travail domestique quotidien et le soin aux autres”.
(Après la encore, situation purement théorique, en prenant en compte ses horaires de travail actuelles il serait incapable de s’occuper de l’enfant comme on le fait à deux)

Même si au fond je reste quand même concernée car on a convenu récemment que je passerai à temps partiel lorsque notre enfant entrera à l’école alors que ce n’était pas un de mes choix mais la conséquence du manque d'infrastructures d'accueil.
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