Cet article est garanti sans spoilers !
Vous le savez si vous me suivez depuis un moment sur madmoiZelle : je ne supporte pas les films d’horreur. Je suis une grosse flippette.
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Un exemple ? Quand je me suis forcée à aller voir Conjuring, j’ai passé le film sous la chemise de mon mec. Oui, j’ai ouvert sa chemise, mis ma tête sur son torse et rabattu le tissu sur moi.
Autant dire que j’y voyais pas grand-chose.
Mais je me suis quand même précipitée sur la première occasion de voir Get Out, pourtant classé dans le genre de l’horreur mâtinée de comédie. Voici pourquoi.
Get Out réunit une fine équipe au cinéma
Get Out est le premier film réalisé par Jordan Peele. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais il pèse lourd aux États-Unis, notamment dans le domaine de la comédie !
Jordan Peele, c’est la moitié du duo comique Key & Peele (avec Keegan-Michael Key) qui a fait hurler de rire des milliers d’Américain•es grâce à des sketchs diffusés au Saturday Night Live.
Un comique qui réalise un film d’horreur ? Eh oui, car la peur, comme le rire, c’est souvent une affaire de timing !
De plus, l’humour de Key & Peele est souvent absurde au point d’en être quasiment dérangeant. Poussez le curseur de quelques crans et vous avez un malaise angoissant parfait pour tenir le public en haleine.
Et Jordan Peele sait s’entourer. Pour le rôle principal de Get Out, il a jeté son dévolu sur Daniel Kaluuya, star du fameux « épisode des vélos » de Black Mirror saison 1.
Autour de lui gravitent Alison Williams (Girls), Catherine Keener (Into the Wild), Bradley Whitford (Transparent) ou encore Keith Stanfield (Atlanta).
Get Out ne fait pas (trop) peur
L’histoire de Get Out est simple. Chris, un photographe afro-américain, sort depuis quelques mois avec sa petite amie, Rose, qui est blanche.
Il va rencontrer ses parents pour la première fois à l’occasion d’un week-end dans leur résidence à la campagne.
Sauf qu’une fois sur place, Chris se rend compte qu’au-delà du racisme ordinaire auquel il s’est malheureusement préparé, quelque chose ne tourne pas rond. L’endroit lui semble hostile… et tout devient de plus en plus étrange.
J’ai pu regarder Get Out sans rien rater, ou presque. Ça veut dire que ce long-métrage ne fait pas trop peur, et surtout qu’il ne s’appuie pas sur de grosses ficelles de films d’horreur comme les jump scares, que je déteste.
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Get Out est trop fin et subtil pour s’appuyer sur des piliers aussi grossiers. Oui, on sursaute parfois, mais les astuces classiques du genre ne sont pas là pour nous faire hurler. Elles servent à générer un climat angoissant, tendu, qui met le public à fleur de peau.
Tout comme Chris, on en vient à douter de tout, à s’attendre au pire à chaque changement de plan.
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Get Out subvertit les clichés de l’horreur
Le genre de l’horreur souffre d’une mauvaise réputation. On critique sa vulgarité, ses passages obligés, son traitement des personnages féminins… pourtant, les films d’horreur portent souvent un message social.
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Dans un film d’horreur, « le Noir meurt en premier ». C’est un cliché parce que ça a longtemps été vrai : on mettait de la diversité pour en avoir sur le papier, et couic, on zigouillait en premier les Noir•es et autres minorités. Magie magie, voilà un film tout blanc.
Get Out renverse cette idée reçue venue du XXème siècle. Dans ce film d’horreur moderne, le Noir est le héros, et c’est l’altérité qui l’entoure — les Blanc•hes, dans ce cas — qui devient menaçante.
Get Out est un film antiraciste et pédagogique
Jordan Peele est très impliqué contre le racisme. C’est un sujet qu’il évoque fréquemment dans son travail, et il peut y amener sa propre expérience puisqu’il est lui-même afro-américain.
Get Out n’est pas un film qui prétend que tou•tes les Blanc•hes sont de mauvaises personnes, sont racistes ou autres généralisations. Il se concentre sur une menace bien précise.
Ce qui est intéressant dans le film, c’est qu’il montre l’aspect insidieux du racisme ordinaire. Bien avant que Chris ne bascule dans l’horreur, il est victime de constantes micro-agressions.
On n’est pas dans Django Unchained : le racisme ne porte, dans Get Out, ni cagoule du Ku Klux Klan, ni fouet à la main. Il se love dans des idées reçues, des phrases toutes faites, des références aux aptitudes supposées des Afro-Américain•es en matière de sport, et même… à la taille de leur pénis.
Le film rappelle qu’en 2017, il n’est toujours pas anodin d’avoir la peau noire aux États-Unis. Le fait que le héros soit afro-américain influe sur toutes ses interactions sociales, même les plus banales.
Même si Chris est un garçon bien sous tous rapports, le monde autour de lui le renvoie constamment à sa couleur de peau. Et dans son comportement, sa prudence, on lit en filigranes des affaires récentes qui ont bouleversé l’Amérique et lancé notamment le mouvement Black Lives Matter.
En tant que spectateur, on est sans cesse entre deux eaux. Scandalisé•e à juste titre par les micro-agressions subies par Chris. Inquiet•e à l’idée de ce qui peut lui arriver.
Et surtout indécis•e, tant il est parfois difficile de différencier le racisme quotidien de la menace mortelle.
Get Out est une superbe expérience de cinéma
J’ai eu la chance de voir Get Out dans une salle très vivante. C’est clairement un plus pour se mettre dans l’ambiance du film !
Au cinéma, l’idéal c’est d’être entouré•e de gens respectueux, silencieux, qui ne dérangent pas leur entourage pendant le film. Enfin, en général.
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Car pendant ma séance de Get Out, le public sursautait, commentait, réagissait de façon viscérale et instinctive à ce qui se déroulait à l’écran. Et c’était top !
Si vous avez l’occasion d’aller voir Get Out en salle, idéalement avec un public bien actif, le film n’en sera que plus kiffant à regarder. C’est une osmose cathartique qui unissait ce public face à l’horreur représentée à l’écran, et ça m’a fait beaucoup de bien.
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Vous l’aurez compris, je ne peux que vous conseiller de foncer voir Get Out, au cinéma dès ce mercredi 3 mai 2017. Et de suivre à la loupe la carrière de Jordan Peele, un réalisateur qui promet de secouer les salles obscures.
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Les Commentaires
Résultat génial, vraiment très bien dosé, à faire découvrir sans hésiter à d'autres.
Comme J_Serpentine, je suis d'accord que c'était assez évident et un soupçon déçu car je m'attendais vraiment à un twist à la fin qui aurait pu être cool :