La 42e cérémonie se tiendra le vendredi 24 février à 21h et sera diffusée en clair sur CANAL+.
— Article initialement publié le 12 septembre 2016
Avec Frantz, François Ozon voulait centrer un film sur le mensonge. Ce genre de mensonge qui t’empêche de vivre, de te regarder dans une glace, qui t’étouffe jusqu’à ce que tu craques.
Dans un village allemand après-guerre peinant à panser ses plaies, Pierre Niney et Paula Beer jouent merveilleusement bien la culpabilité, la retenue de l’époque et la mélancolie.
L’après-guerre en Allemagne selon Frantz
Adrien est français. Il est hanté par l’esprit de son ami allemand qui est mort pendant la guerre. On est juste après la guerre de 14-18, les Allemand•es ont perdu. J’avais une idée de comment les Français•es se sentaient, pour avoir étudié l’Histoire et vu des films, mais je sais beaucoup moins ce qu’il se passait de l’autre côté de la frontière à cette époque là.
Séparer violemment deux voisins, deux pays frères qui se ressemblent tant.
La guerre a obligé des amis à se battre entre eux en 1914, jusqu’à séparer violemment deux voisins, deux pays frères qui se ressemblent tant.
Pour ajouter au réalisme du film, François Ozon a pris le choix de filmer en noir et blanc dans un petit village allemand et de montrer sans filtre la tristesse, la rancoeur et la désolation de ces familles amputées. La vie continue en France mais la victoire n’a pas su faire oublier les nombreuses victimes de la guerre.
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La beauté et l’espoir… même quand il n’y en a plus
L’espoir arrive peu à peu à revenir et à rentrer dans une famille brisée par la guerre, paradoxalement grâce à… Adrien, un soldat français. Les parents arrivent alors à se rendre compte que de chaque côté des jeunes hommes ont été envoyés à la guerre se battre contre des amis, que tout le monde a été une victime, qu’il ait été du camp des perdant•es ou des gagnant•es.
La fiancée revit elle aussi peu à peu grâce aux hésitations amoureuses et elle reprend peu à peu confiance dans le futur.
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L’art prend aussi une place toute particulière dans ce contexte compliqué. Français•es comme Allemand•es parlent de littérature, de poésie, de tableaux, de musique. L’art lie les peuples tout comme il lie Adrien et Anna.
François Ozon a tenu à utiliser la couleur avec parcimonie, comme il aurait fait dans un tableau, pour souligner les renouveaux et les moments de vie.
Des secrets et des mensonges
Tout le film est basé sur ça. Dès le début on devine qu’Adrien a un secret : rien que sa manière de parler le trahit. Il est rongé par les mensonges et ça transpire de tout son corps. Pierre Niney le joue très bien. Anna la fiancée du défunt Frantz va à son tour mentir et chacun va se perdre dans ses secrets.
Est-ce qu’un mensonge peut se justifier s’il fait du bien ?
Une question morale va vite se poser dans le film. Est-ce qu’un mensonge peut se justifier s’il fait du bien ? Sans spoiler la grosse révélation de l’intrigue, la douleur de cacher quelque chose pour « faire plaisir » ne suffit plus au personnage qui devra se soulager de ce poids qui le prend aux tripes.
Mais est-ce que redonner de la vie et apporter de l’espoir sont plus importants que la vérité ?
Pierre Niney et Paula Beer, des acteurs à saluer
Il faut absolument saluer le talent remarquable des deux protagonistes. Pour réaliser ce film, non seulement ils ont dû parler une langue étrangère qu’ils ne connaissaient pas mais Pierre Niney a aussi dû apprendre à jouer du violon. Leur engagement a été total et l’hésitation rend leur jeu très réaliste et humain.
Je vous suggère de garder un oeil sur l’actrice principale allemande, Paula Beer, qui je pense, n’a pas fini de faire des films français !
Frantz est un film doux et juste sur le secret et le mensonge, qu’un contexte d’après-guerre met fortement en valeur. Si j’étais vous, j’irais le voir.
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