Connais-tu le flexitarisme ?
Il s’agit d’une sorte de régime alimentaire entre le carnisme et le végétarisme, qui consiste à limiter sa consommation de viande et autres produits animaux sans l’interrompre totalement.
Être flexitarien, un entre-deux pour manger moins de viande
Selon Wikipédia, le flexitarisme a trouvé son nom dans les années 1990 aux États-Unis. Il s’agit simplement de manger moins de viande.
Être flexitarien ou flexitarienne, ça peut être manger végé chez soi mais prendre une bavette quand on sort au restaurant, ou faire des déjeuners sans viande toute la semaine pour privilégier le poulet rôti du dimanche soir…
Bref, ce n’est pas contraignant, mais ça permet de réfléchir à sa consommation et de sortir du « réflexe » viande-légume-féculent.
Les économies potentielles peuvent aussi permettre d’acheter de la meilleure viande, en produit local, issue d’animaux élevés dans de meilleures conditions.
Le flexitarisme peut être une passerelle transitoire vers le végétarisme voire le véganisme, ou une solution longue durée pour ne plus manger de la viande à chaque repas.
Aimez la viande, mangez-en mieux, la pub pour devenir flexitarien
Tu as peut-être vu passer, à la télé ou sur YouTube, le spot de pub Aimez la viande, mangez-en mieux, signé Naturellement Flexitariens.
Il met en scène Thomas, un jeune homme plutôt bobo qui fait du yoga, des jus détox, joue au molkky et prend son vélo pour se déplacer.
Thomas adore les légumes. Mais Thomas adore aussi la viande. Ça tombe bien, Thomas est flexitarien ! Il peut donc profiter de tous les plaisirs de la vie…
Qui donc se cache derrière Naturellement Flexitariens, qui a un site et des comptes sur tous les réseaux sociaux ?
Est-ce une association voulant faire connaître ce régime ? Une ONG défendant les éleveurs ? Ou luttant contre l’exploitation animale ?
Non. C’est le lobby de la viande.
Naturellement Flexitariens, l’opé du lobby de la viande
Le Monde explique que derrière Naturellement Flexitariens
, qui avait tout un stand au Salon de l’Agriculture, on trouve Interbev, l’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes.
La filière de la viande, quoi.
Ça explique pourquoi, après avoir vu la pub ci-dessus, j’avais bien plus envie d’une côte de bœuf saignante que d’une fondue de poireaux !
Car le spot fait la part belle aux étalages de viande en tous genres…
Le Monde met aussi en lumière les différentes interprétations de ce que veut dire « manger de la viande occasionnellement », selon à qui on pose la question.
« Reste à définir cet « occasionnellement ».
« Deux portions de viande et une portion de poisson dans la semaine », comme l’indique le site Le Flexitarisme ?
« D’une fois par semaine à une fois par mois », comme le définissent les principales études scientifiques sur ce thème […] ? »
Naturellement Flexitariens, un aveu d’échec pour la filière viande ?
Je ne peux m’empêcher de voir, dans cette opération de com « pro-viande » qui ne dit pas son nom, une forme d’aveu. Celui d’un échec, peut-être, face à un monde qui évolue.
Limiter sa consommation de viande, en manger moins et de meilleure qualité, voire arrêter (même pour les « viandards », eh oui), ça devient petit à petit une évidence.
Dur à avaler pour ceux qui ont invité du bœuf sous vide et des lardons premier prix dans nos assiettes.
Impossible pour la filière viande de dire « Mangez toute la viande que vous désirez, c’est bon » — car manger beaucoup de viande, ce n’est pas bon, pour la santé comme pour la planète.
Alors la filière viande change de costume et avance masquée, sous l’argument « manger mieux »… et donc, manger moins de viande.
C’est un fort signe de changement sociétal, tu ne trouves pas ?
Être flexitarien, c’est cool, mais pour les bonnes raisons
Je ne vais pas jeter le bébé avec l’eau du bain : que la filière de la viande mette en avant le flexitarisme, qui vise à réfléchir et contrôler sa consommation, en soi, c’est positif.
Et c’est quelque chose qui aurait été difficile à imaginer il y a ne serait-ce que 10 ou 15 ans, quand les végé ou les véganes étaient vus comme des illuminés se nourrissant de graines pour lapin.
Étant moi-même très peu végé, je serais mal placée pour jeter la pierre à celles et ceux qui décident de ne pas le devenir, mais de plutôt maîtriser leur consommation de produits issus de l’exploitation animale !
Si le flexitarisme t’intéresse, tu peux te tourner vers les recettes végé ou végane de madmoiZelle par exemple, histoire de ne pas tomber en rade d’idées.
De plus en plus d’options faciles comme les galettes végétales ou les simili-carnés sont disponibles en grande surface et peuvent remplacer le réflexe « steak haché » les soirs de flemme.
Comme pour tout régime alimentaire, l’important c’est que tu saches pourquoi tu manges ce que tu manges, d’où vient ta nourriture, et bien sûr que tu n’exploses pas ton budget.
Filet de poulet bio en circuit local ou tofu mariné au miel, c’est toi la maîtresse de ton alimentation… et non la filière de la viande !
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
S'ils avaient voulu qu'on s'identifie à Thomas, ils auraient pris un beau gosse qui gère le yoga, dépasse les files de voitures en vélo, est apprécié par ses amis et a l'air de passer de bons moment avec eux (et pas seulement quand il leur sert de la viande...)
La première fois que j'ai vu la pub je me suis dit que l'équipe marketing derrière n'était même pas foutue de se mettre à la place de leur public cible (les flexitariens qu'ils espèrent rallier à la cause de la viande) mais ton explication a pour moi plus de sens : leur vraie cible serait plutôt les gens qui hésitaient encore à changer de régime alimentaire et n'ont pas envie de passer pour un bobo idiot