Blindness, l’apocalypse sans zombies ni tsunami
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Une mégalopole, quelque part, en 2008. Êtres humains de tous âges, de tous genres, de toutes couleurs de peau vaquent à leurs occupations, indifférents et anonymes. Soudain, à un carrefour, en plein jour, un jeune homme sort en titubant d’une voiture, agitant les mains frénétiquement devant ses yeux. Il est devenu aveugle. Très vite, ils sont deux, quatre, douze, cent, mille – l’épidémie de cécité se répand comme un feu de forêt sur l’ensemble du globe. Médecins et dirigeant-e-s perdent la vue avant de trouver une façon de régler le problème. Paniqués, les « valides » parquent les aveugles en quarantaine, espérant encore endiguer la contamination, et les laissent rapidement livrés à eux-mêmes.
Julianne Moore incarne la femme de Mark Ruffalo, un médecin. Pour une raison inexpliquée, elle n’est pas touchée par l’épidémie, mais fait semblant d’être aveugle pour accompagner son époux dans le sanitarium vétuste où les malades sont enfermés, et sera le seul témoin oculaire de la descente aux enfers et du chaos qui naît lorsque les humains sont privés de leur sens principal. Un petit tyran, interprété par Gael Garcia Bernal et épaulé par un aveugle « de naissance » (qui a donc un sacré avantage sur les autres), prend rapidement le contrôle du sanitarium, transformé en zone de non-droit, profitant de la détresse des malades.
Pourquoi est-ce que Blindness vaut définitivement le coup ? Parce qu’il porte un regard à la fois lucide et subtil sur notre société, si prompte à s’effondrer, et sur la nature humaine en situation de crise (j’avoue, les films apocalyptiques, lorsqu’ils sont intelligents, c’est mon péché mignon). Parce que les acteurs sont en or massif et que le réalisateur, Fernando Meirelles (La Cité de Dieu, 360) n’est pas exactement un novice non plus. Parce que c’est assez court pour ne pas être ennuyeux, et parce qu’une fois le générique de fin terminé, il est temps de se servir un bon thé bien fort et de réfléchir tranquillement (ou, idéalement, de débattre avec quelqu’un de malin). What else ?
Moon, la cristallisation de la solitude
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Dans un futur proche, la principale source d’énergie sur Terre vient de la Lune : il s’agit de l’hélium 3. Sam Bell est en mission solitaire de trois ans sur notre satellite pour en extraire le précieux matériau, et il n’a plus que deux semaines à tirer en compagnie de son seul pote, le robot Gerty qui aime bien les smileys : après, il pourra rentrer au bercail, retrouver sa femme et sa fille, et empocher sa paie.
Si, si, c’est un GIF animé, promis
Un jour, Sam s’éloigne de la base pour régler un problème technique, et tombe sur le corps inanimé d’un autre astronaute, encore dans son scaphandre. Mais ! Mais ! Mais ! Qui est donc cet humain échoué ? Eh beh, on dirait bien que c’est Sam lui-même. Il ne serait donc pas seul ? Mais qui est cet inconnu qui lui ressemble tant ?
Ça fait la troisième fois que je vous le dis, mais on ne sait jamais : j’A-D-O-R-E les trucs dans l’espace. J’adore aussi Sam Rockwell, un acteur bien trop sous-estimé (vous avez notamment pu le voir dans Iron Man 2). Et Moon est réalisé par le fils de David Bowie, Duncan Jones, soit dit en passant. Sinon, pourquoi est-ce que ce film est une tuerie ? Parce qu’il est à la fois poétique, angoissant, mélancolique, complexe et extraordinairement émouvant. Pauvre Sam, au milieu de cette solitude totale que seul l’espace peut créer ; pauvre Sam et son robot à smileys qui tente de le rassurer ; pauvre Sam qui pense perdre la boule, devenir dingue à s’en taper la tête contre les murs ; pauvre Sam qui s’aperçoit qu’il a peut-être été roulé. Moon
est à voir même si vous n’aimez pas la science-fiction, parce que comme pour Blindness, ce ne sont pas vraiment les faits concrets qui comptent, mais leur impact sur les humains.
Down in the valley, l’anti-Roméo & Juliette
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Deux mots : Edward. Norton.
Bon, ok, je vais faire un effort et vous en dire un peu plus (même si je ne devrais pas en avoir besoin, tant que le film dont on parle n’est pas L’Illusioniste, ce fail de cinéma que nous devrions tous oublier). Down in the valley, c’est l’histoire de Tobe (le diminutif d’October, qui est son prénom – pensons un moment à Avril Lavigne… du coup, ça se tient), interprétée par Evan Rachel Wood, l’éternelle pré-ado qui partait en sucette dans Thirteen et a longuement fricoté avec Marilyn Manson. Tobe, donc, est une adolescente un peu paumée, qui vit avec son père strict et peu présent et son petit frère, un peu loser (interprété par Rory Culkin, le frère de…, que vous avez pu voir dans Scream 4). Un jour, en allant à la plage, Tobe rencontre Harlan, un cow-boy à l’ancienne dont elle tombe rapidement amoureuse. Mais son père ne voit pas vraiment cette relation d’un bon oeil…
Down in the valley est un film en plusieurs actes, un peu comme une pièce de théâtre. Il est à la fois très contemplatif, romantique, un peu nostalgique (j’ai toujours envie d’avoir 16 ans et de vivre en Amérique en le regardant), mais aussi violent, inquiétant, intense. On voit les choses se gâter un peu comme on voit arriver un orage, avec ce même côté inéluctable et oppressant. Ce n’est pas un film kifépeur, hein, mais c’est un peu comme la vraie vie : parfois, les choses tournent mal.
The Machinist, l’aliénation du corps via celle de l’esprit
Trevor est un ouvrier, comme le titre du film l’indique. Il passe ses journées à l’usine, un boulot épuisant, répétitif, aliénant, qui pompe le peu d’énergie produite par son corps extrêmement maigre. Trevor ne dort pas, ne mange pas, passe ses nuits à discuter avec la serveuse de la cafétéria à l’aéroport ou aux côtés d’une prostituée. Peu après l’arrivée d’Ivan, un inquiétant nouvel employé, les choses commencent à changer : des accidents surviennent à l’usine, Trevor trouve des messages chez lui et commence à se sentir traqué, observé…
The Machinist est un film complexe, haletant, dérangeant. Le corps torturé de Christian Bale, qui ne mangeait qu’une pomme par jour pendant le tournage (et a bien failli y laisser sa peau) devient tour à tour émouvant, inquiétant, rebutant. Ce qu’on croit savoir change sans cesse, et on se balade dans le film comme le fait Trevor, un peu dans le noir, en découvrant au fur et à mesure l’ultime vérité. Après The Machinist, on est un peu sonné, sous le choc, au détour d’une réalité qu’on n’a pas vue venir. Et c’est très bien fait.
Et vous ? Quels sont les films que vous aimez, mais qui ne sont pas très connus ?
Les Commentaires
+1 pour The Fall, produit par David Fincher et Spike Jonze en plus si je dis pas de bêtises. Très beau film au niveau de l'image, surtout quand on sait que tous les endroits montrés sont réels, sans effets spéciaux.
Autre film peu connu, Et maintenant on va ou ? Très très beau film libanais avec des femmes fortes qui essaient de calmer les tensions entre les chrétiens et les musulmans de leur village. C'est très beau et aussi très drôle, bref je recommande.