Je ne t’ai jamais caché que j’ai rarement été satisfaite par les films qui intègrent de près ou de loin des équidés dans leur scénario. J’ai été dubitative devant Danse avec lui, puis dépitée face à Cheval de guerre, pire blague de Spielberg depuis environ la nuit des temps. Inutile de dire que Pom le poulain a fini par m’achever. Seul Spirit, l’étalon des plaines, garde une place douillette au plus profond de mon coeur.
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C’est donc avec prudence, et j’avoue, un certain a priori de cavalière, que je me suis assise dans les sièges rouges et rembourrés de mon cinéma…
En équilibre c’est l’histoire qui mouille la rétine de Marc, un cascadeur de film devenu tétraplégique suite à un accident de tournage. Florence, employée de sa compagnie d’assurance, est chargée de s’occuper de son dossier (mais aussi de l’entuber, afin que sa boîte minimise les indemnités). Forcément, ils vont se rapprocher jusqu’à découvrir qu’ils sont tous deux à la poursuite de rêves brisés : Marc désire remonter à cheval tandis que Florence aurait voulu être pianiste.
Apprentissage de la subtilité
A priori, le film aurait pu partir dans deux directions : le spectacle larmoyant, sur fond de belles images d’un passé disparu sur les côtes bretonnes… ou l’humour (mais sans Omar Sy). Dercourt a pris le parti de ne suivre aucune des deux. En équilibre est un film où les émotions et les sentiments ne sont pas poussés à l’extrême, dans un pathos qui met mal à l’aise. Ils sont retenus, parfois plus, parfois moins…
En fait, ils sont vrais.
Il m’arrive de reprocher aux films français leur côté « surjoué », de regretter les intonations des acteurs qui transforment une disparition de papier toilette en conversation philosophique au beau milieu de la salle de bain. J’ai du mal à me sentir concernée, je me marre et c’est foutu. Ici, les prestations de Dupontel et, surtout, Cécile de France sont de plus en plus juste, au fil des minutes !
Il faut savoir que jouer dans le film n’a pas été si simple car Dupontel a réalisé toutes ses cascades (essaye de tenir au galop sans les mains, je te regarde) (et je rigole un peu aussi). Cécile de France, elle, a dû se mettre au piano (et pas trente minutes par jour, si tu vois ce que je veux dire).
Et aussi apprendre à dompter ses frisottis, dans un chignon-banane impec’. Mais ça, c’est une autre histoire.
Le problème, c’est qu’à force d’être dans la retenue et la pudeur, Dercourt a du mal à faire naître l’empathie pour ses personnages… et c’est dommage, quand on joue dans la catégorie « comédie dramatique » !
Une histoire d’amour… parce qu’il en fallait une ?
Comment une jeune femme, mariée, un peu trop propre sur elle et serrée dans son pantalon taille haute, tombe-t-elle en quelques semaines dans les bras d’un homme en fauteuil et aux mains pleines de crottin ? Pourquoi prendre à coeur son dossier, si soudainement ? Pourquoi choisir de lui dévoiler ses regrets ?
Ces questions, sans réelles réponses, sont les seules failles de ce récit sur l’apprentissage de la volonté. Si Florence est sensible au charme « papier de verre » de son client, pour quelles raisons ? C’est une énigme. Pire : on pourrait penser que la pitié entre en jeu, ce qui n’est, il faut le dire, pas franchement coolos ! Quant à la tournure que la situation prend… dommage : elle m’a laissée sur ma faim.
Le film aurait-il véhiculé le même message sans cette histoire d’amour un poil expéditive ? La question mérite d’être posée.
Le cheval… au second plan ?
L’utilisation du cheval et sa relation avec le personnage principal n’est finalement pas le point central du récit. Il sert plus d’un support d’idée que de sujet à part entière. Le thème n’est pas l’équitation mais la volonté que nous avons tous en nous et qui devrait nous pousser à faire ce que l’on veux. J’ai été un peu rassurée par ce parti pris car Othello, le pure race espagnol bai, commençait à un peu trop hennir pour rien à mon goût…
Arrêtez ça tout de suite, un cheval ne dort JAMAIS étendu sur la plage au coucher du soleil.
Peu à peu, le personnage de Cécile de France, qui paraissait forte et inébranlable dans ses tailleurs classes et son cadre de vie pas dégueu, devient le plus paumé des deux. Le rapport à la musique est d’ailleurs très bien mis en scène grâce à
une B.O. au piano de qualité, présente mais pas envahissante.
En équilibre n’est pas un film spectaculaire. C’est une leçon de vie que le réalisateur a voulu traduire à partir des pages de Sur mes quatre jambes (Bernard Sachse), roman dont le film est inspiré. Quand Cécile de France annonce, maussade, « On fait pas ce qu’on veut dans la vie », Dupontel répond « Ben si ». C’est con, mais un ou deux poils se sont dressés sur mes bras !
En bref, Denis Dercourt a réalisé un film représentant le parfait dosage qu’un cavalier cherchera toute sa vie. Finalement, son long-métrage porte bien son titre car il trouve la justesse dans l’interprétation et dans la mise en scène… son propre équilibre, quoi.
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Les Commentaires
(Suspense...)
Le cheval qui venait de la mer de Mike Newell (1992)
C'est un récit initiatique, à la fois western irlandais et conte de fée moderne. Et surtout c'est TROP BEAU! Le cheval est magnifique, les enfants sont excellents, le scenario tient (bon, vite fait...) la route, les méchants sont punis, l'Irlande est comme toujours magnifique...
Enfin quoi! Je suis vraiment étonnée de ne pas l'avoir trouvé dans les listes de films de chevaux que vous avez cités...
Si vous le trouvez, regardez-le, montrez-le à vos enfants,à vos ami-e-s, à votre José ou Josette, à vos grands-parents et patins et couffins...
C'est cadeau. De mon coeur pour le votre.
Vous z'aime.