Depuis le raz-de-marée geek de ces dernières années, pas mal de gens semblent avoir assimilé le concept du cosplay. Petit rappel pour la forme :
- Le nom : le cosplay, c’est l’abréviation de « costume play ». Il s’agit donc autant de se déguiser (voire de fabriquer son costume) que de jouer le personnage (tiré de BD : comics, mangas ou franco-belges, de films, de séries, de jeux vidéo, voire de bouquins… eh oui !) dont on revêt les attributs.
- D’où ça vient tout ça ? Le cosplay est né aux Etats-Unis et a connu un gros boom dans les années 80 avec Star Trek et Star Wars ; il n’est arrivé en masse au Japon que dans les années 90 et a été popularisé en France avec la déferlante manga.
- Où trouve-t-on ces petites bêtes nommées cosplayeurs ? Dans des conventions sur la culture japonaise, la science-fiction, les comics, etc. La plus grosse c’est évidemment la Japan Expo/Comic-Con mais il y a également la très sympathique Epitanime, Paris Manga… Et puis un tas de petites conventions régionales moins onéreuses mais souvent plus conviviales.
Le cosplay, comment est-ce qu’on tombe dedans ?
Personnellement, j’ai toujours adoré me déguiser et je suis une théâtreuse : l’association semble évidente, mais il fallait d’abord que je découvre les conventions. Ma première a été la Chibi Japan Expo de 2008. C’était la première fois que je voyais des cosplayeurs en vrai ; une camarade de classe en pleine Narutomania passait son temps à me montrer des photos de cosplayeurs asiatiques photoshopés, la réalité est loin de cette image-là mais j’étais quand même très contente de croiser des personnages de manga ! Cependant, j’avais l’impression d’être en marge de la fête, comme quand tu fais le malin en allant au carnaval étudiant déguisé en étudiant et que tu te retrouves un peu con au milieu des autres sirènes, princesses, super-héroïnes et autres félidés…
Et puis, ce fut le déclic ! Durant cette convention, on voulut me prendre en photo (probablement à cause du manque de visiteurs…) malgré le style original (affreux, selon certains) que j’arborais au lycée. C’était décidé : la prochaine fois, je viendrai cosplayée !
Le cosplay, comment ça se passe ?
Déjà, les ambiances des conventions sont très différentes les unes des autres, ensuite, il y a le fait de concourir ou non qui change quand même beaucoup la manière d’appréhender la journée.
Comme le cosplay, ça coûte cher pour une lycéenne provinciale, au départ, j’ai commencé à un costume par an pour la grande sortie annuelle Japan Expo. Je tenais à faire le truc à la main, même si je ne participais pas au concours et que je n’avais donc pas de passage sur scène avec contrôle de juge à assurer… Et je stressais comme une folle ! 2009, première Japan Expo en cosplay il y avait une canicule de dingue, j’ai cousu pendant une petite semaine sans machine un truc qui au final tenait plus du torchon que de la tenue de Misato Katsuragi. La nuit d’avant, j’étais excitée et terrorisée… Et si j’étais ridicule ? (Je l’étais, mais qui n’est pas ridicule à Japan Expo ?) Et si personne ne me reconnaissait ? (Aucune chance avec un personnage d’Evangelion !) Et si on ne me demandait pas de photo ? (Ça ma petite, tu t’y habitueras !)
Au final, comme c’était tout beau tout neuf, ça s’est avéré être la fête du slip ! Enfin, la chaleur était quand même insupportable d’où de nombreuses pauses « fraîcheur » au cours desquelles je me pschitais du déo dans un coin en toute discrétion – mais on reviendra plus tard à l’inconfort lié au cosplay. Les quelques personnes qui ont demandé des photos (aussi intimidées que moi d’ailleurs) étaient adorables, se faire appeler du nom du personnage sur le costume duquel on a sué sang et eau, ça fait vraiment chaud au cœur et en cosplay, on a vraiment l’impression de faire partie de la fête !
Les conventions s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Je garde un faible pour feue la Chibi Japan Expo, annulée au profit de Japan Expo Centre, qui avait une certaine convivialité compte tenue de sa taille (moins imposante que Japan Expo) mais moins le côté un peu « geekocentré » de conventions comme Epitanime qui sont vraiment pour les passionnés pur jus, et que je déconseillerais comme première expérience. Les petites conventions de province peuvent être extrêmement sympathiques quand le public est au rendez-vous, on discute plus facilement avec les gens et le fanzinat y est moins noyé parmi les stands pros. Sinon… c’est un peu déprimant de se ramener costumée dans un hangar désert avec trois stands et un visiteur qui te demande si il y aura dégustation de vin.
Et les concours de cosplay alors ?
Ah… les concours… Certains ne vivent que pour ça, d’autres les fréquentent alternativement pour piquer nonchalamment un prix avant de disparaître à nouveau dans l’anonymat de la foule…
Comme pour le cosplay libre, les ambiances diffèrent fichtrement suivant les conventions mais plusieurs choses subsistent :
- On retrouve toujours les mêmes personnes, le cosplay est un petit monde.
- Vaut mieux amener ses petites affaires (miroirs pour se maquiller parce que vingt centimètres carré de reflet pour 20 cosplayeuses en rush c’est pas suffisant, épingles, etc.) même si les autres participant-e-s sont souvent prêteurs.
- Il y a toujours pire que soi en terme de finissage de costume à la dernière minute, qu’importe la convention ou le concours, il y aura toujours quelqu’un en train de faire ses dernières retouches coutures dans un coin du vestiaire.
Personnellement, je n’ai fait que cinq concours dont deux vraiment petits. Les trois concours importants que j’ai fait, deux scènes d’Epitanime et la Japan Expo, sont ceux qui permettent un peu de voir le « gratin » du cosplay français, cette élite qui sait manier le cuir et le plastique et qui peut te faire un foutu patron de robe à crino dans du PQ
! Généralement pas avares de conseils, leur aura de magnificence fait un peu déprimer mais bon… On peut toujours se rattraper sur la prestation !
Car oui, comme susdit, cosplay c’est : « costume » mais aussi « play » et dans certains concours (donc ceux d’Epita et de la Japan Expo) on met aussi en valeur les talents d’acteurs, la mise en scène, etc. Il y a donc des prix « cos » et des prix « play ». Par contre, à ce niveau, ayant une petite formation théâtrale, je peux dire que pas mal de cosplayeurs ont tout intérêt à miser sur le costume… Mais ne généralisons pas : il y a quelques excellents cabotin-e-s et des danseuses aussi précises que des idoles de K-Pop ! Qui plus est, souvent, on n’a pas droit au micro, et la grandeur et le bruit environnant ne permettant pas de se lancer dans des improvisations a capella, il faut envoyer un fichier sonore voire même une vidéo avant le show (parfois un mois auparavant, alors que le costume est à l’état de brouillon)… Et là, il faut mettre le paquet pour une certaine qualité parce que pour avoir vu six prestations d’affilées avec le son saturé sur les enceintes, je peux dire qu’on a tout de suite moins de sympathie pour les braves cosplayeu-r-se-s sur scène, qu’importe la beauté de leurs costumes.
Sinon, suivant les conventions, il y a des scènes qui vous rapprochent du public, qui vous permettent de plonger vos yeux direct dans la foule, et puis, il y a des scènes qui vous en éloignent vraiment beaucoup et qui font du public une masse sombre, indistincte et effrayante… Et qui rediffusent simultanément votre image sur des écrans gigantesques. Ça c’est la Japan Expo… Et ça fait peur ! Oh oui ! Mais quand on a survécu à ça, on est capable de tout !
Le cosplay et le confort, alors ?
Rangiku Matsumoto (Bleach), Saki Hanajima (Fruit Basket) et Tifa (Final Fantasy VII)
Le cosplay, c’est pas une sinécure. Tout d’abord, les dessinateurs de mangas et comics ont l’art du design de costume totalement improbable qui a l’air classe sur papier… mais qui n’est qu’une source de stress quand on fait son déguisement soi-même : « J’ai bien renforcé les coutures ? Ça ne va pas craquer si je m’assois ? ». Il y a aussi les armures qui empêchent de t’asseoir, de manger, de vivre quoi, les armes encombrantes qui emmerdent tout le monde, les robes à traîne sur lesquelles les gens marchent, les matières particulièrement étouffantes pour la peau (pour avoir tenu deux jours engoncée dans un revêtement de canapé je peux témoigner !) – même la perruque qui évite le souci du cheveux qui boucle ou gonfle de manière intempestive devient une véritable ennemie du bien être dès lors que le temps de port dépasse environ trois heures et que le crâne du/de la cosplayeu-r-se se met à crier : « Libère-moi ! Libère-moi ! ». Et je ne parle pas de la chaleur et de l’étouffement des grosses conventions (bon plan à la Japan Expo : la partie Comic-Con est souvent moins obstruée !)
Le cosplay ou la folie de l’objectif
Le cosplay… Ce ne serait pas un peu narcissique ?
Bah… oui, ya un peu de ça forcément. C’est agréable d’être regardée, prise en photo, admirée, il faut pas se mentir. Mais ça permet aussi de s’assumer d’une manière différente, d’oser des trucs incroyables parce qu’on est quelqu’un d’autre, c’est véritablement un moyen de se dépasser. Bien sûr, trouver des photos de soi sur Internet après la convention c’est super gratifiant et ça prolonge le plaisir, mais il faut vite prendre du recul face à ça, pour deux raisons.
- On aura beau avoir mis tout son petit cœur dans son costume, le preneur de photo de base cherche le spectaculaire et/ou le super canon et/ou le personnage super populaire. Et ce n’est pas en guettant les photographes et en leur faisant des yeux de merlan frit qu’on va obtenir plus d’attention.
- Dans une grosse convention comme la Japan Expo, pour 800 photos il y en aura une de soi si on a été pris en photo plus de 100 fois dans la journée et on a de fortes chances d’être ignoble dessus.
Mais il n’y a pas de quoi désespérer, dans les grosses conventions, on trouve aussi de gentils photographes de cosplay qui prennent de supers photos gratos sur des stands (Kawaï Attitude, Objectif Costume…), après, ça perd le charme de la spontanéité et de la rencontre (vous voulez me prendre MOI en photo… parmi toute cette foule c’est moi que vous voulez photographier et ramener en souvenir… attendez un instant que je suffoque de bonheur !) mais c’est une assurance d’avoir quelque chose à montrer à la fin.
Dans le cosplay, ça « bitche » ?
Comme partout, ça « bitche » dans le cosplay. Il y a des spectateurs plus ou moins subtils (« T’es grosse ! » ah… merci…), ou, même en cosplay libre, des gens qui se permettent des trucs parce que, après tout, t’es pas une vraie fille, t’es un personnage de manga (« T’as tes loches qui débordent ! »), les cosplayeu-r-se-s entre eux aussi (« Geeenre t’as vu, elle a même pas repassé son costume ! »). Faut éviter les risques inutiles (le short sous la jupe et le collant chair sont les amis de la cosplayeuse !), se forger une petite carapace et essayer de faire ça avec des amis ou de se faire des amis dans le milieu pour se blinder au mieux. Mais les compliments sont presque toujours plus nombreux que les gratuites mesquineries et la satisfaction et la fierté que ça apporte, ça vaut bien le coup !
Des petits liens sympa :
- La galerie DeviantArt des cosplayeurs français
- Yonkoma Cosplay, des petites BD en quatre cases sur l’univers du cosplay
- Bon Cosplay / Mauvais Cosplay, un blog hilarant comparant bons et mauvais (faux) cosplays
- Ma petite galerie DeviantArt, consacrée à mes cosplays !
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On a hâte de vous lire !
Les Commentaires
Devant le succès que la convention avez rencontrer ma ville la refait de nouveau en juin. Cette année je me costume! Mais je garde quand même des limites car je croise des gens que je connait et le chemin pour y aller je le fais a pied. Alors j ai réfléchit. Quel personnage pourrais interpréter. Portant les cheveux a la garçonne j ai la chances de pouvoir passer pour un personnage masculin. Meme si c'est embêtant au quotidien... Et je me suis rappeler des moqueries sur mes look extravagant. Et maintenant c'est décidé. Appeler moi Kaneki Ken!