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La Vérité sur les Contes de Fées (1/2)

Les contes de fées, on a tous baigné dedans à un moment, surtout à travers Disney et ses jolies couleurs, mais qu’en est-il vraiment ?

– Publié initialement le 12 août 2010

Si on se penche sur les œuvres originales, on se rend bien vite compte qu’elles n’étaient pas faites pour mettre les enfants sur la route de rêves merveilleux, et que les fins heureuses étaient plutôt rares.

En fait, j’aurais bien aimé voir la gueule de notre génération si on avait été élevés aux originaux.

À lire aussi : La vérité sur les contes de fées (2/2)

La vraie histoire de La Petite Sirène

L’histoire de la Petite Sirène racontée par Andersen

conte de fée petite sirène

Le début ne change pas des masses. A quinze ans, la petite sirène est autorisée à aller jeter un oeil à la surface, où elle repère un prince sur un bateau qui chavire suite à une tempête.

Elle sauve la vie du prince mais, et là ça se complique, est interrompue par l’arrivée d’une jeune femme, la forçant à s’éclipser. Du coup le prince est persuadé que c’est cette jeune femme qui l’a sauvé.

La petite sirène apprend de sa grand mère que les hommes vivent moins longtemps que les sirènes, mais qu’ils ont une âme immortelle.

Elle décide qu’elle en veut une elle aussi et va donc s’adresser à la sorcière des mers, qui lui donne une potion lui permettant de changer sa queue de poisson en une paire de jambes en échange de sa langue.

Sauf que, et c’est là que les choses commencent à se corser, non seulement l’ingestion de la potion provoque une douleur atroce, mais en plus, chaque pas qu’elle fera lui donnera l’impression de marcher sur des couteaux de cuisine (sachant qu’elle danse pour le prince, on imagine un peu sa joie).

Puis elle apprend que si elle échoue et que le prince en épouse une autre, elle se dissoudra dans l’eau à l’aube, pour se transformer en écume.

Elle se rend sur la plage, où elle est recueillie par le prince qui s’attache à elle sans pour autant oublier celle qui l’a sauvé, et comme la petite sirène n’a plus de langue, elle ne peut pas lui dire la vérité.

Et un beau jour, le roi ordonne à son fils de naviguer jusqu’au royaume d’à côté pour épouser la fille du souverain local. Pas content du tout, le prince refuse et déclare préférer épouser sa jeune copine muette.

Sauf qu’une fois arrivé sur place, il se rend compte que la princesse est en réalité la jeune femme en question, à qui il croit devoir la vie.

Le prince et la princesse se marient donc, et le coeur de la petite sirène est littéralement brisé. Mais avant de devoir faire face à sa disparition à l’aube, ses soeurs lui apportent un couteau magique.

Si elle plante ce couteau dans le coeur du prince, elle redeviendra sirène et aura la vie sauve. Mais elle refuse de tuer l’homme qu’elle aime et, à l’aube, se jette elle-même dans la mer, où elle se transforme en écume.

À lire aussi : Copenhague, des écureuils roux à la petite sirène en vélo — Carte postale du Danemark

Les différences avec La Petite Sirène de Disney.

C’est quand même cent fois plus déprimant qu’une sirène qui s’amuse toute la journée avec un gros poisson et un crabe qui chante, et dont le seul problème est la présence d’une vilaine pieuvre maléfique.

J’ai eu la chance (?) de découvrir la version originale peu de temps après avoir fait connaissance avec la version Disney, dans laquelle Ariel se trouve une paire de jambes et un joli mari en un temps record, et où tout se termine bien

Mais dans la version originale, écrite par Hans Christian Andersen, on est très très loin de la fin heureuse.

Point de mariage blanc à l’origine, juste une série d’injustices et une fin qui donne envie de se pendre. Merci Andersen.

À écouter aussi : la version de Marion Seclin

Blanche-Neige : l’histoire originale

Dans la version Disney, Blanche-Neige avait déjà des côtés terrifiants – la scène de la forêt en a fait flipper plus d’un – mais si on va voir du côté des frères Grimm, on a encore de quoi bien rigoler.

 

conte de fée petit chaperon rouge

Pour commencer, l’âge de Blanche-Neige dans la version originale était sept ans. Ouaip. En revanche, elle triomphe bel et bien de la vilaine belle-mère, qui est alors punie d’une manière plutôt inventive.

Elle fut condamnée à chausser des escarpins de fer rougis et à danser jusqu’à ce qu’elle tombe raide morte. Mais dans la toute première édition du conte, la méchante n’est pas la belle-mère de Blanche-Neige, mais sa mère biologique, jalouse de sa beauté.

Mais il existe d’autres versions dans lesquelles la belle-mère est une cannibale qui veut manger certaines parties du corps de Blanche-Neige, le plus souvent son coeur et ses intestins.

Bon ceci dit, chez Disney on avait l’histoire du coeur que le chasseur avait habilement remplacé par un coeur de biche, sauf qu’à trop prendre la reine pour un jambon, il s’est fait marave.

À lire aussi : La tarte aux pommes de Blanche-Neige — Recette Disney

La Belle au Bois Dormant

La version originale du conte de la Belle au Bois Dormant

Là encore, Disney avait su donner une dimension inquiétante à ce dessin animé qui m’avait laissée perplexe étant petite. La scène où Aurore est sous l’influence de la méchante reine qui l’attire vers le fameux fuseau sur lequel elle se piquera le doigt par exemple, m’avait méchamment marquée.

conte de fée la belle au bois dormant

Mais malgré tout, l’histoire finit bien, puisque le prince vient la réveiller d’un doux baiser, et que tout le monde fait la teuf au château. On imagine bien sûr que le mariage et les nombreux enfants font partie du futur proche du jeune couple.

À lire aussi : Maléfique, le prequel de La Belle au Bois Dormant

MAIS, c’est pas vrai en fait. Contrairement aux croyances populaires, le conte (raconté chez nous par Perrault) ne s’arrête pas au réveil d’Aurore. D’ailleurs, comme souvent, la princesse n’a pas de nom dans la version originale. Accrochez-vous, y a du lourd.

Une première version raconte que le prince épouse la princesse en secret et lui fait deux beaux enfants (la petite Aurore et le petit Jour) dont le prince cache l’existence parce que sa mère en plus d’être une reine, est une Ogresse qui a un goût développé pour la chair humaine.

Une fois sur le trône, le prince confie la princesse et ses enfants à sa cannibale de mère (un petit malin ce prince hein) et s’en va faire la guerre. A la surprise générale, l’Ogresse décide de faire cuisiner le petit Jour par un cuistot dans une cabane au fond des bois.

Mais le cuistot n’est pas de cet avis, il décide donc de faire cuire un agneau à la place du garçon, avec une petite sauce spéciale pour tromper la reine. Suite à ça, elle demande à ce qu’il s’occupe de la fille, que le cuisinier remplace par une chèvre, cuite dans la même sauce.

La princesse n’étant pas dans la confidence, elle demande au chef de lui trancher la gorge pour qu’elle puisse rejoindre ses enfants dans la mort, mais lorsqu’il lui montre que ses enfants sont toujours en vie, ils se font griller par la reine, pas contente du tout.

Elle ordonne alors qu’ils soient tous jetés dans un fossé rempli de créatures mortelles, mais le roi revient à temps de guerre pour sauver sa petite famille, et la reine décide qu’il vaut mieux pour elle qu’elle se jette dans le fossé.

À lire aussi : Trois traumatismes inexplicables de mon enfance

Les autres versions du conte de La Belle au Bois Dormant

Une autre version change complètement la donne puisqu’elle nous apprend que ce n’est pas un baiser qui a réveillé la princesse. En réalité, le prince l’a trouvée endormie et décide donc de la violer dans son sommeil (ce que tout prince charmant digne de ce nom ferait, bien entendu).

Elle se retrouve enceinte de deux enfants et c’est l’un d’entre eux qui la réveille en suçant le doigt qu’elle s’était piqué sur le fuseau, aspirant le poison. Entre temps, le prince s’est marié avec une autre et lorsqu’il apprend que sa victime s’est réveillée, décide de garder le secret.

Mais sa femme le surprend en train de crier les noms de la princesse et de ses deux enfants dans son sommeil, et décide que ses enfants doivent être cuisinés et servis à leur père.

Le cannibalisme était donc chose courante dans le temps.

Les différentes versions de Cendrillon bien loin de Disney

Cendrillon de Perrault : la vrai histoire qui a inspiré Disney

conte de fée cendrillonAh, Cendrillon. Pauvre petite fille maltraitée par une vilaine marâtre et ses pestes de filles. Pas de grand changement côté Disney, si ce n’est la scène du soulier de vair.

Alors que dans la version de Perrault, Cendrillon décide de pardonner le comportement de ses soeurs, chez les frères Grimm ça rigole nettement moins.

La version sombre de Cendrillon des Frères Grimm

Alors que toutes les filles du royaume s’acharnent à faire rentrer leurs vilains pieds banals dans le fin soulier, les soeurs de Cendrillon décident d’y aller à la sauvage.

La première se coupe le gros orteil, mais un petit oiseau fait remarquer au prince que la chaussure dégouline de sang, et elle est disqualifiée. La deuxième se scie le talon, mais se fait également griller, ce qui permet à Cendrillon de prouver qu’elle est bien l’inconnue du bal.

À lire aussi : Repetto lance une collection inspirée de Cendrillon

Mais ça ne s’arrête pas là. Comme punition, les deux soeurs sont condamnées à se faire picorer les yeux par des oiseaux puis à mendier aveuglement pour le reste de leur vie. Parce que marcher sur des pieds mutilés à vie, c’était pas suffisant.

Le conte original de Pinocchio

L’histoire du Pinocchio de Carlo Collodi

Pour finir, on sort un peu des histoires de princesse pour se pencher sur le cas de la petite marionnette qui voulait devenir un vrai petit garçon.

Là encore, violent traumatisme vers l’âge de onze ans, lorsque j’ai découvert l’œuvre originale de Carlo Collodi.

contes de fées pinocchio

A l’origine, c’est loin d’être une histoire pour enfants. La vie de Pinocchio était cent fois moins marrante que dans nos souvenirs fabriqués par Disney.

Gepetto a la réputation de haïr les enfants, alors il est envoyé en prison, tout le monde étant persuadé qu’il maltraite Pinocchio.

Ce dernier est bien content parce qu’il voit là l’occasion de vivre sa vie comme bon lui semble, sans avoir à obéir à un père qui ne peut même pas subvenir à ses besoins.

Les différences avec le film Pinocchio de Disney

Point de Jiminy Cricket ici, il s’agit d’un véritable criquet sans nom qui tente de raisonner Pinocchio en lui rappelant qu’il ferait mieux d’obéir à Gepetto, qu’après tout il est fait de bois et que franchement, il mériterait une bonne correction. Après ça, Pinocchio le tue accidentellement avec un marteau.

Puisque son père est en prison, Pinocchio en est réduit à mendier dans les rues pour gratter un peu de nourriture, sans succès. A vrai dire, il se fait balancer de l’eau glacée sur la tronche, et rentre chez lui tout gelé.

En tentant de se réchauffer près de la cheminée, il s’endort, et ses pieds prennent feu.

Gepetto finit par être relâché et retrouve son fiston pour enfin… continuer à vivre dans une extrême pauvreté. Gepetto est même forcé de vendre son manteau pour acheter des livres d’école à Pinocchio (qui est loin d’être un élève assidu).

Mais il doit bien y avoir une fin heureuse pour une histoire comme celle-ci non ? Faux. Après avoir vécu toutes les aventures qu’on lui connait, Pinocchio finira pendu pour toutes ses fautes. Zi end.

Et pour 5 autres vérités, c’est par ici !

À lire aussi : « Cursed », un joli film d’animation pour un conte de fées pas comme les autres


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Les Commentaires

79
Avatar de Asywen
15 août 2015 à 00h08
Asywen
Je me souviens avoir lu une version de la Petite Sirène où après s'être jetée dans la mer elle était transformée en écume et en même temps il me semble qu'elle était accueillie par des créatures (?) bienveillantes qui lui promettaient une âme immortelle comme elles si elle faisait le bien ou quelque chose comme ça. Une sorte de touche positive dans cette histoire (un poil) triste.
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Voir les 79 commentaires

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