Article initialement publié le 1er avril 2015.
Claire Bennett dans Cake n’est pas tout à fait le premier rôle dramatique de Jennifer Aniston. Elle s’était déjà attaquée à ce registre dans The Good Girl, de Miguel Arteta dans lequel elle donnait la réplique à Jake Gyllenhaal. Mais le film avait reçu un succès mitigé, et la performance d’Aniston n’avait pas été assez convaincante pour la détacher enfin de son personnage de Rachel dans Friends.
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Avec Cake, cependant, les choses pourraient bien changer. Elle a eu beau enchaîner les rôles légers et les comédies plus ou moins fines, l’actrice de désormais 45 ans (pour vous dire que le temps passe vite) marque ici un tournant qui a pris de court de nombreux journalistes, m’a laissée personnellement sur le derrière, et a toutes les chances de te laisser pantoise à ton tour, cher lectorat.
D’aucuns diraient que le rôle en question était taillé pour ça. Elle incarne tout de même une femme dépressive souffrant de douleurs chroniques, suite à un accident de voiture dans lequel elle a perdu son enfant…
Cake avec Jennifer Aniston, l’histoire d’une lente ascension vers la surface
Jennifer Aniston est Claire Bennett, ancienne avocate brillante et aujourd’hui jeune mère brisée. Elle souffre physiquement, comme le montrent ses nombreuses cicatrices et son incapacité à s’asseoir sans ressentir de vives douleurs, ainsi que mentalement. Mordante, agressive, parfois insultante et d’un cynisme sans mesure, Claire rejette tous ceux qui l’entourent et essaient de l’aider. Elle a perdu son enfant. Elle ne veut plus rien, plus personne. Elle n’est même pas certaine de vouloir guérir.
Dans sa perpétuelle colère, elle continue pourtant de fréquenter un groupe de soutien, composé de personnes souffrant de douleurs chroniques comme elle. Mais depuis peu, le groupe est hanté par le suicide inattendu de l’une de ses membres, la jolie Nina (Anna Kendrick). Et Claire, fascinée par cette femme qu’elle ne connaissait même pas, va commencer à la voir partout…
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En ce qui me concerne, je pense qu’un personnage pareil, s’il avait été mal joué, aurait pu facilement faire sombrer le film dans le pathos et engluer son message dans le désespoir, ce qui n’aurait pas été très engageant.
D’ailleurs, Cake aurait pu être bien long. Entre addiction aux antidouleurs avalés avec de l’alcool, et constants auto-sabordages, Claire Bennett n’est pas une personne facile ni agréable à suivre, et rejette systématiquement la moindre main tendue. Comme une personne qui souffre. Mais dans ce rôle, si elle est bien entourée de Anna Kendrick ou Adriana Barraza, Jennifer Aniston porte littéralement le film.
Cake, un changement radical pour Jennifer Aniston ?
Forcément, comme ce nouveau rôle annoncé tranchait avec tout ce qu’elle avait fait jusqu’ici, la performance de Jennifer Aniston était très attendue. C’est d’ailleurs pour cela que Cake a fait couler le plus d’encre, du changement de registre de l’actrice à son « enlaidissement » prévu.
D’accord pour le changement de registre : moi qui ai découvert Friends il y a quelques mois (sans rire), voir la jolie blonde souffrir dès qu’elle essaie d’esquisser un sourire m’a fait un certain choc. Mais parler d’enlaidissement me paraît assez fort, et aussi injustifié qu’insultant. Faut-il donc être sur-maquillée à l’écran pour être belle ? C’est fatigant…
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Non, ses yeux de biche ne sont pas maquillés, elle n’a pas la penderie de Rachel et le brushing n’est pas la priorité de ses cheveux, plus souvent gras qu’autre chose.
Pour autant, l’actrice est tout simplement au naturel, un naturel auquel on a assombri les cernes et négligé la coupe de cheveux et la tenue vestimentaire, à la manière d’une femme dépressive qui s’en fout. Le jeu d’Aniston fait tout le reste, et elle est étrangement éblouissante à l’écran.
Et si elle a manqué la statuette dorée de peu, sa performance marque un renouveau dans sa carrière qui pourrait bien l’emmener encore plus loin. En tout cas, c’est à mon sens en grande partie grâce à elle que Cake, une belle histoire sur le deuil qui redonne espoir, finira par vous arracher des larmes sans pour autant vous faire quitter la salle de cinéma avec des idées noires…
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