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Le jour où Britney Spears s’est transformée en Chantal Goya

Britney Spears est de retour avec le clip d’Ooh lala, chanson tirée du deuxième volet de l’adaptation cinématographique des Schtroumpf.

Je croyais vivre un vendredi tout ce qu’il y a de plus normal, pourrait-on dire.

Et puis soudain, cette journée a basculé dans une toute autre dimension. Pourquoi ? À cause de qui ? Je te le donne en mille : Britney. Britney Spears, héroïne de mon enfance, celle à qui je dois ma fascination des ventres et des corps huilés, celle qui m’a appris qu’il n’était pas sale d’aimer la pop-soupe. L’ancienne princesse de la pop tout juste sortie de l’adolescence a désormais bien grandi.

Elle est passée par de longues phases qui semblaient assez difficiles à vivre pour elle, et on était tous assez soulagés de voir qu’elle allait mieux, et la voilà de retour avec une chanson niaise à souhait destinée à un public jeune où elle déboule avec ses enfants dans le clip.

Britney aurait pu devenir la MILF de toutes les MILF, ne reniant en rien le sex-appeal qui avait fait sa réputation. Elle a visiblement choisi d’aller à contre-courant de cette image qui lui collait à la peau (à moins qu’elle n’y ait été influencée par la proposition d’argent à la clé). Comment ? En participant à la BO des Schtroumpfs 2 avec Ooh lala, dont le clip vient de sortir aujourd’hui. Mais avant de t’en parler, permets-moi de t’évoquer furtivement le passé de Britney.

Britney en 99 : mon modèle de vie d’adulte

Au tout début de la carrière de Britney, j’avais 10 ans et j’observais avec des étoiles dans les yeux cette fille avec un pied dans l’adolescence qui représentait tout ce à quoi je voulais ressembler quand j’aurais son âge.

À l’époque de mes premiers complexes, j’étais fascinée : elle avait des yeux marrons parfaitement dessinés, j’avais l’impression que mes globes oculaires n’avait pas de contours. Elle était fine, j’étais un tronc avec des gonflements au niveau des cuisses, des fesses, du ventre et du menton. Elle avait la peau délicieusement dorée, j’étais blanche et rouge.

Britney Spears, ancienne du Mickey Mouse Club, avait un déhanché de folie et semblait encore se chercher entre l’image qu’elle avait à l’époque de petite fille modèle et mignonne et ses hormones qui frétillaient.

Naïvement, je me disais que le contraste entre ses petites tresses retenues par des pompons et ses regards langoureux étaient l’exacte représentation du passage à l’âge adulte. Oui, j’étais persuadée qu’il fallait être comme elle à 18 ans, et je m’entraînais à chanter en sortant la langue sur certaines consonnes pour me rapprocher un peu plus de l’idéal qu’elle représentait. Bon. On va pas demander à une enfant de faire preuve d’esprit critique H24, n’est-ce pas.

I’m a slave 4 U, où comment j’ai découvert que le sexe existait

Pour son troisième album, Britney change radicalement de style. Pour la première fois, ses chansons évoquent la sexualité et le clip de I’m a slave 4 U fait grand bruit : on la voit, moite de sueur dans une ambiance chaude comme une côte à l’os oubliée sur un barbecue, danser lascivement, se cambrer, et mimer l’orgasme.

Britney aime le cul, et surtout, elle l’assume. Avec le recul, je trouve ça plutôt sain, mais à l’époque, mon esprit a quelque peu vrillé. Sur le coup, j’étais plutôt comme ça :

barbare

Gros mindfuck dans mon esprit : je comprends – alors que je viens d’avoir 12 ans et que mes hormones sont aussi tendus qu’un chauffeur de bus coincé dans les embouteillages – qu’il existe quelque part ce truc un peu fou qu’on appelle le sexe, et qu’apparemment, ça a l’air cool, même si pour l’instant je suis un peu écoeurée.

Évidemment, comme de nombreuses préadolescentes ont délaissé un peu plus tard Christina Aguilera ou Miley Cyrus dès qu’elles se sont montrées sexualisées, j’ai, à partir de ce moment, choisi de délaisser Britney. Elle m’a appris l’existence du cul (je savais que ça se faisait, mais c’était pour moi jusque-là assez abstrait) et moi, je l’abandonnais au bord d’une route déserte sans regarder dans le rétro. La lâcheté.

Ooh lala : Britney man-man

Dans le clip d’Ooh lala, sorti aujourd’hui, Britney apparaît métamorphosée, et le contraste est d’autant plus saisissant quand on sait qu’elle était il y a quelques petites années en pleine période de déprime – une époque plutôt triste à suivre dans les médias qui ne cessaient alors de se moquer d’elle.

Elle apparaît premièrement dans une salle de cinéma, entourée de ses deux fils à une projection du film qu’elle a apparemment déjà vu puisqu’elle les prévient que le meilleur moment est sur le point d’arriver.

Alors de 1, merci Reine du Spoiler, tu feras de tes enfants des gens qui ne maîtrisent rien du trigger warning, et puis de 2, bonjour le masochisme. Voir DEUX FOIS les Schtroumpfs, sérieusement, faut pas trop être du genre à aimer la vie pour oser.

Lorsqu’elle est happée par l’écran de cinéma, elle redevient alors chanteuse en robe rouge des plus sages, ses cheveux légèrement bouclés. Sa voix semble plus nasillarde que jamais, et elle ne cesse d’écarquiller les yeux.

Pire, de nombreux plans sont faits sur ses enfants en train de se gausser devant le film, avant de la rejoindre pour lui tenir la main. L’image d’une famille soudée et épanouie qui picote un peu les yeux quand on est d’humeur cynique.

Branle-bas de combat dans mon dedans : Britney, avec ses mimiques, qui ont tout l’air d’être prévues pour faire plaisir aux enfants et sa façon de sourire constamment, fait d’elle, à mes yeux, une sorte de Chantal Goya.

Britney, pour le coup, chante en tant que mère, pas en tant que femme. Et si j’avais fini par comprendre qu’elle était passée depuis longtemps du statut d’adolescente à celui de femme, je n’ai, pour l’instant, pas encore réussi à avaler cette transition.

Mais Britney, on n’est pas que nouilles : tu as beau jouer à la mère parfaite, tu as beau fixer la caméra avec des yeux fous-mais-gentils, tu peux danser autant que tu veux avec les Schtroumpfs et friser tes cheveux pour faire champêtre, TES PAROLES NE TROMPENT PERSONNE :

« Prends ma main nous pouvons partir toute la nuit, Ça fait tellement de bien, je n’ai pas envie que ça s’arrête, Alors bébé viens avec moi et sois mon Ooh lala. »

Étrangement, ça me rassure un peu : je n’ai pas le sentiment d’avoir complètement perdu ma Brittoune. Par contre lâche la main de tes enfants quand tu dis ce genre de trucs, par pitié, ça m’angoisse.

Les anciennes stars Disney sont-elles toutes amenées à suivre ce fameux schéma de l’écurie Mickey, avant de jouer à la fausse ingénue, de devenir ultra-sexy puis badass puis torturée avant de finir par se ranger des bagnoles et faire des petites ritournelles mignonnes à destination des plus jeunes ? Est-ce juste un bref passage dans la carrière de Britney qui saura rebondir après cette nouvelle médiatisation artistique ? Combien j’ai de doigts ?

Autant de questions qui trouveront, à n’en pas douter des réponses d’ici quelques années.


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

21
Avatar de Gotmilk
15 juillet 2013 à 11h07
Gotmilk
Donc, si on résume :

-La chanson ainsi que le clip n'ont aucun rapport avec les Schtroumpfs
-D'ailleurs, les Schtroumpfs du film n'ont pas de rapport avec les Schtroumpfs de Peyo
-Le clip résume TOUT le film
-Que Britney a déjà vu
-Elle se retrouve projetée dans l'écran mais à UN SEUL endroit ultra précis de la forêt des Schtroumpfs et n'en bouge plus (probablement dû au fait que ses talons soient enfoncés dans la terre, qu'en savons-nous vraiment)
-Elle commence quand même sa chanson avec "You don't have to look like a movie star". Voilà. Donc, cette chanson ne la concerne clairement pas.

Good job boys, good job.

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