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Moi, moi et moi

Discussion autour des pratiques sexuelles sado-maso et du BDSM

Aujourd’hui, Brigitte Lebuysson a demandé aux lectrices adeptes du BDSM de parler de leurs pratiques sexuelles.

– Article réalisé en toute liberté éditoriale dans le cadre de notre partenariat avec 80 Notes de Jaune.

Le BDSM est parfois perçu comme un monde à part et certain-e-s ont du mal à s’imaginer que leurs proches puissent avoir ce genre de pratique. Souvent, au premier abord, on peut s’imaginer des clubs libertins sombres avec des rideaux en velours et des menottes rouillées, des fessées et des gémissements proches du gargarisme, des bruits de fouets et des dominatrices avec des pseudonymes exotiques déguisées en Catwoman (je ne nie pas l’existence de ce genre de pratiques ou ne les moque pas, n’est-ce pas : je dis juste que ce n’est pas forcément une généralité).

catwomanNe vous fiez pas au cuir et latex : si ça se trouve, Catwoman ne met même pas les dents.

Pourtant, le bondage et discipline, domination et soumission a toujours existé et l’idée commence à germer dans l’esprit du plus grand nombre que ce concept est accessible à tous : les sorties de livres dont l’intrigue se base sur le sujet en sont une des preuves. De 50 Shades of Grey à 80 Notes de Jaune, des aspects différents du BDSM sont présentés au grand public – pas forcément pour amener les gens à pratiquer, par ailleurs. De l’établissement d’un contrat entre les partenaires à une façon de faire plus laxiste, des accessoires à la pratique à main nu, de l’humiliation à la fessée qui laisse des traces en passant par l’étranglement, le BDSM intrigue. C’est pourquoi nous avons décidé de demander à nos lectrices de nous parler de leur rapport à ces méthodes plus vraiment étonnantes.

Une pratique fixe ?

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le dominant n’est pas forcé de garder sa place et inversement. Dans ce graaand jeu qu’est la sexualité, il arrive que les rôles s’échangent. En effet, les statuts ne sont pas statiques pour tout le monde, car comme dans tous les aspects du sexe, tout dépend du « couple », des individus plus que de généralités, de règles toutes faites. Ainsi, l’une des madmoiZelles qui pratique à sa façon le BDSM explique qu’elle aime savoir que les rôles peuvent s’inverser à tout moment. Ça lui rappelle l’aspect ludique de son rapport au sexe : « Pour moi c’est important que les rôles s’inversent à loisir, c’est comme cela que je me rend compte que c’est un jeu » . Pour une autre lectrice, échanger les rôles, pouvoir tester l’expérience des deux côtés de la barrière, c’est aussi une façon de diversifier d’autant plus sa sexualité, ses relations sexuelles :

« J’ai déjà dominé, j’ai apprécié d’être de ce côté-là de la mise en scène. Sembler avoir le pouvoir (quand il y a des scénarii) ou l’avoir totalement quand il s’agit d’improvisation. Pour ce qui est d’être dominée, je n’ai eu que des aperçus, mais je dois avouer que je suis très attirée. Le fait de ne pas avoir eu de soumission intense (en comparaison au côté Domina) me rend la chose bien plus attrayante que la domination.De manière générale je peux dire que je suis une Switcheuse. J’aime les deux côtés du jeu. Cela offre beaucoup plus de possibilité et la théâtralité n’en est pour autant pas entachée. »

D’autres, au contraire, ont bien essayé de changer les « rôles » et finissent par trouver laquelle de ces positions a leur préférence. Une façon d’y aller à tâtons, de faire « à sa sauce », si je puis me permettre une image des plus à propos.

La notion d’abandon

L’un des points qui est souvent revenu dans les réponses des madmoiZelles qui ont accepté de témoigner sur leur façon de pratiquer le BDSM et qui préfèrent qu’on les domine ont un point commun : la notion de confiance entière à l’autre. Ça paraît logique : il faut être sûr que la personne avec qui on a ce genre de rapport n’ira pas trop loin, ou qu’on ira soi-même pas trop loin. C’est presque comme le jeu qui consiste à se laisser tomber en arrière pour apprendre à faire confiance à la personne qui se doit de vous rattraper. L’une d’entre elles explique :

« Je ne saurais pas vraiment dire ce que ça [être dominée ou dominer] m’apporte, surtout du plaisir en fait. Le plaisir d’aller plus loin avec mon chéri, de lui faire assez confiance pour m’abandonner à lui, et sentir que lui aussi me fait confiance. Lui avouer que ça me plairait qu’il m’attache m’a prouvé que l’on peut faire tomber des tabous. J’aime le sexe ! J’aime baiser ET faire l’amour ! »

Une autre lectrice, qui n’a pour l’instant pratiqué le BDSM qu’en-dehors de toute relation amoureuse, est d’accord avec cette idée :

« Mes relations avec mes différents partenaires sont très profondes. La confiance étant une chose essentielle, il faut se dévoiler et accepter tous les aspects de l’autre. C’est assez sain en un sens. Il n’y a aucun tabou, les limites sont verbalisées, parfois repoussées, mais jamais dépassées si ça n’est pas ce que les deux veulent. C’est pour ça que la confiance doit être totale et qu’il faut connaître l’autre. Un non peut vouloir dire oui, mais il ne faut pas se tromper. Il faut sentir les besoins de l’autre. […] Accepter de prendre la place du soumis ou de la soumise est assez particulier. Il faut de la confiance. Toujours de la confiance. C’est primordial. »

En parlant de non qui veulent dire oui et de non qui veulent dire non : l’un des aspects les plus représentatifs du BDSM est le safeword, dont la lectrice qui avait rédigé un témoignage pour nous raconter son rapport à ce genre de pratiques

nous parlait en avril dernier :

« Le safeword, c’est le truc qui prouve que ce « Non, non » ne veut pas dire « Non, enfin si vas-y c’est le jeu » mais vraiment « NONONONONON ». Lors d’ébats comportant des contraintes et de la douleur (mesurée), il n’est pas rare qu’on dise « Stop » mais qu’en fait, on ne le pense pas vraiment. Le safeword permet d’éviter ça, et ça peut être n’importe quoi, de préférence un mot un peu rare ou incongru qui ne sortirait pas vraiment par erreur (et puis c’est toujours rigolo de crier « Kangourou » ou « Kamoulox » pendant l’amour). » [moi j’aurais choisi « bistouquette. J’aime bien ce mot », note de Brigitte]

Le safeword peut par ailleurs être un geste (un « safegesture »). L’idée est d’en discuter avant et de se mettre d’accord sur un geste à reproduire en cas de cessation de prise de pied. Un peu comme au Kem’s, sauf que nu-e-s.

Quels bénéfices en tirent les adeptes ?

Les bénéfices dépendent bien évidemment de la personne, de son ressenti, de sa propre personnalité. Pour me renseigner, j’ai entre autres lu 80 Notes de Jaune. Une scène m’a « marquée » : Summer, l’héroïne, se fait violemment fesser lors d’une soirée spécialisée et, une fois la violence passée, elle ressent une sorte de plénitude absolue, de bien-être et d’étourdissement (comme si elle avait bu trop de Manzana alors qu’elle tourne au Perrier). Et justement, une madmoiZelle a évoqué dans d’autres termes et avec d’autres sensations de la possibilité de ressentir du plaisir dans une « douleur », tant qu’elle est voulue, tant qu’elle est consentie :

« Quant à la douleur… Elle est relative et teintée de plaisir. Oui une claque fait mal, tout comme se faire étrangler, tirer les cheveux ou pénétrer « violemment ». Mais c’est une douleur recherchée, différente des autres, presque apaisante lorsqu’elle arrive (aaah le suspense avant que la claque n’arrive). »

Pour bon nombre des filles qui ont accepté de répondre à mes questions, le BDSM, la domination, la soumission et les jeux autour de cette douleur recherchée sont une énorme source d’excitation. L’impression d’être à la merci de l’autre, ou que l’autre est à votre merci. Une lectrice explique que se faire dominer dans ses relations sexuelles est pour elle un moyen de décompresser, de lâcher prise par rapport à son quotidien qu’elle aime contrôler. Une façon d’inverser la tendance, de se laisser faire, de ne pouvoir pas réellement maîtriser la situation. Une sorte d’exutoire, d’oubli de soi, en quelque sorte :

« […] je suis quelqu’un d’assez indépendant qui n’aime pas être soumise dans ses relations (amicales ou amoureuses), et qui a certain besoin de contrôle sur sa vie. En fait, je pense que le fait de vouloir être dominée au lit est un moyen de faire abstraction de ce besoin de tout contrôler dans ma vie de tous les jours. »

Un lecteur a souhaité répondre à mon questionnaire : lui aime être soumis par sa compagne. Il aime être fessé, qu’elle lui tire les cheveux, qu’elle lui donne des coups dans les parties dans la mesure du raisonnable et utilise des accessoires tels que des plugs, des cravaches, des menottes traditionnelles et des menottes pouce, des pinces à linge… Pour lui aussi, c’est un soulagement en comparaison à la « vie quotidienne » :

« Après et pendant je me sens vraiment bien, vraiment à ma place. Toute cette frustration accumulé qui s’envole fait vraiment du bien. Ça fait du bien de ne rien maîtriser et de savoir que tout va bien… »

Lui fait partie de ceux qui aimeraient appliquer cette façon de faire à sa vie de tous les jours. Il raconte par exemple que sa copine lui a récemment demandé de faire le ménage, lui expliquant clairement combien de fessées il recevrait s’il ne faisait pas tout dans les temps. « Ça m’a beaucoup plu », conclut-il. Car on oublie parfois que le BDSM n’est pas qu’une histoire de sexe : ça peut aussi se traduire par des ordres, une sorte de pression psychologique consentie, qui peut s’arrêter une fois que l’atmosphère sexuelle est retombée… ou pas du tout. Certain-e-s se sentent prêts à mettre un peu de domination dans leur vie de tous les jours, et d’autres non, à l’image de cette lectrice qui aime être soumise dans le sexe, mais est fondamentalement différente en-dehors des relations sexuelles avec des hommes (ou bien quand elle a des relations avec des femmes) :

« Quand je suis en couple avec un homme (je précise puisque je suis bi), lorsqu’on est en dehors du lit je m’aperçois que je ne suis absolument pas tactile, amoureuse ou non. Ça ne me dérange absolument pas d’avoir les 2 mains dans mes poches, et marcher tranquille à côté de lui. Je n’ai pas de mots doux, de gestes doux, de regards doux. Je ne suis pas du tout démonstrative. En fait je me comporte comme une bonne amie, genre « j’ai pas besoin de toi », ça en étonne plus d’un. Après au lit c’est le contraire, je suis carrément soumise. »

Une autre madmoiZelle raconte qu’elle est tellement différente au quotidien qu’elle en a été effrayée lorsqu’elle a réalisé que ses fantasmes tournaient autour d’une relation de dominant à dominée :

« Quand j’étais plus jeune, ces fantasmes me faisaient peur et honte, je me disais que ca contrastait totalement avec mes idees féministes. Maintenant plus du tout,je sais que c’est dans un cadre limite et établi par nous deux dans lequel on s’épanouit. On ne le fait pas à chaque fois et dans la vie au quotidien je suis tout sauf soumise. »

À lire les lectrices et le lecteur, ce qui ressort le plus, c’est la notion de respect de l’autre : une lectrice expliquait que, oui, elle se sent respectée quand elle se fait cracher au visage. « Parce que c’est plus profond que ça, parce que je le veux », déclare-t-elle. « Je me sens respectée parce que je me respecte, parce que j’en ai envie et que l’autre est à mon écoute. »

Ce qu’on pourrait définir comme un rapport de force entre dominant-e et dominé-e est finalement une pratique sexuelle teintée de recherche du plaisir commun et d’excitation où les protagonistes y vont parfois petit à petit, mais surtout sans jamais forcer leur partenaire. Tout semble n’être qu’une question de choix et d’hédonisme qui n’a pas toujours quelque chose à voir avec les clichés qu’on entretient à son propos.

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Les Commentaires

21
Avatar de PtiteNoli
22 février 2013 à 11h02
PtiteNoli
cet article me donne très envie d'essayer, parce que vraiment si y'a un truc que je comprend pas, c'est bien comment on peut prendre plaisir à avoir mal/être humiliée.
je veux dire, prendre PLAISIR. a avoir MAL. je suis très curieuse, dans mon esprit ça donne un gros wtf, rien qu'à lire certains passages de l'article, étant très (vraiment beaucoup) sensible à la douleur humaine, j'ai des spasmes/frissons !!
du coup jme dit que tu peux pas comprendre sans avoir essayé, que le plaisir vient vraiment pendant l'action ... ?

J'ai écris un article sur le plaisir de la douleur et l'abandon à un état second appelé le "Subspace", je te le copie-colle ici en Spoiler.

Contenu spoiler caché.
La douleur peut se transformer en plaisir très facilement grâce à certaines hormones... Une séance de fessée peut se révéler totalement orgasmique si elle est bien menée !

Pour moi, un des plus grand plaisir du BDSM avec mon amoureux, c'est l'humiliation... C'est ce qui m'excite le plus et donc me fait le plus d'effet. Je ne saurais pas l'expliquer, j'imagine que c'est une question de totale confiance et de lacher-prise... Je me met totalement entre ses mains. Et puis il a beau me traiter de salope ou de chienne pendant nos Séances, après celles-ci je n'en reste pas moins sa chérie d'amour et lui mon Piou adoré.
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