Publié initialement le 8 février 2017 Cet article a été rédigé dans le cadre d’un partenariat avec Diaphana. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
Le premier film américain d’Andrea Arnold (elle est britannique) va faire parler de lui. Non seulement parce qu’il y a Shia LaBeouf, mais surtout parce qu’en tant qu’Anglaise, elle réussit à décrire avec une justesse inouïe la jeunesse américaine un peu paumée.
madmoiZelle est ravie d’être la partenaire d’American Honey, long-métrage nommé aux BAFTA Awards et qui a raflé plusieurs récompenses aux British Independent Film Awards (le pendant anglais de Sundance en quelque sorte) ainsi que le prix du jury à Cannes.
Il sort le 8 février au cinéma !
Partez pour une virée pleine d’émotions, accompagné•e d’une magnifique bande sonore.
https://www.youtube.com/watch?v=gsTn-922CYE
La jeunesse américaine profonde d’American Honey
Le titre d’American Honey fait référence à une chanson de Lady Antebellum, groupe de country-pop dont vous connaissez peut-être le hit Need You Now (repris dans Glee) ou justement American Honey qui avait cartonné en 2010.
Comme dans la chanson qui raconte comment une pure Américaine mûrit et grandit, le film d’Andrea Arnold illustre parfaitement cette jeunesse à un détail près.
La chérie des États-Unis décrite dans les paroles de Lady Antebellum n’est que l’image idéale à laquelle aspire sa bande de jeunes perdus.
There’s a wild, wild whisper Blowin’ in the wind Callin’ out my name Like a long lost friend Oh, I miss those days As the years go by Oh, nothin’ sweeter than summertime And American honey
Il y a un soupir sauvage Qui souffle dans le vent Qui appelle mon nom Comme un ami perdu de vue Oh, ces jours me manquent Alors que les années passent Rien n’est plus doux que l’été Et la chérie américaine
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Cette bande est composée de Jake, QT, Crystal, Pagan, Billy et d’autres. Tou•tes ont survécu à des enfances difficiles dans des milieux défavorisés. Et la nouvelle arrivée, Star, 18 ans (du moins c’est ce qu’elle prétend), n’échappe pas à la règle.
La première scène la montre avec son frère et sa sœur fouillant une poubelle de supermarché pour récupérer les produits périmés afin d’en faire leur repas. Deux minutes après, elle fait la rencontre de Jake et de sa bande qu’elle observe d’un œil intrigué.
Dix minutes plus tard, alors que le spectateur se rend compte que son « Daddy » abuse d’elle, elle va prendre sa première décision égoïste : abandonner son frère et sa sœur à la charge de leur mère pour prendre la route avec ces vendeurs de magazines qui peuvent gagner jusqu’à 300$ par jour.
American Honey commence peut-être par une décision égoïste, mais ça continue sur la découverte de plein de choses… dont peut-être l’amour, comme on peut s’y attendre, mais surtout le début de la liberté.
L’œil de la réalisatrice d’American Honey au plus proche de son sujet
Pour raconter une histoire, Andrea Arnold prend son temps. Comme dans la vraie vie, où il faut du temps pour apprendre à connaître une personne, sa caméra gagne la confiance de Star, avant de mieux la connaître.
Et c’est ce que j’aime chez cette réalisatrice. Son regard n’est jamais intrusif, il est toujours là comme accompagnant et spectateur : si le personnage veut se confier, il le fait, s’il n’en a pas envie, ça attendra le plan suivant.
Si parfois le dialogue prend un peu de temps, les émotions sont brutes et visibles dès le premier coup d’œil.
Le résultat donne un film très tangible. On ressent le toucher de l’herbe, la douleur physique, mais aussi l’euphorie des états seconds.
Ce sont des moments de la vie courante, qui peuvent sembler étranges car on ne les vit pas forcément dans les mêmes conditions, mais qui ont l’air vrais car on comprend tout de suite ce que les divers personnages traversent.
Pour en rajouter une couche sur cette authenticité, la musique qu’on entend tout du long mélange les titres un peu niches à des airs plus mainstream — comme le notoire We Found Love de Rihanna et Calvin Harris, Choices (Yup) d’E40, sans oublier The Raveonnettes, de la country pop au hip hop en passant par du bon son de rap.
American Honey se démarque de Fish Tank ou de sa version des Hauts de Hurlevent qui, malgré une dimension intimiste, s’appuyaient sur la torpeur et la sensation d’être bloqué•e quelque part sans l’option de s’échapper.
Son dernier film va plus loin que ça. La réalisatrice garde son thème de personnage bloqué qui ne sait pas quoi faire, et où un choix lui est imposé : partir au loin. Mais avec cette mobilité géographique, c’est la liberté qui arrive aussi paradoxalement.
Des quasi-amateurs testent leurs limites pour American Honey
Alors, certes, il y a dans American Honey Shia LaBeouf et Riley Keough (l’héroïne de The Girlfriend Experience et pour l’anecdote, la petite-fille d’Elvis Presley). Mais les autres jeunes qui forment la bande n’ont pas un passé de comédiens, ou alors il est très léger.
Sasha Lane, l’interprète de Star, signait ici sa première apparition dans un film (et depuis, les offres pleuvent). Ce n’est pas sans rappeler Katie Jarvis qui avait débuté dans Fish Tank.
Sasha Lane est bluffante. Star, c’est elle, dans la manière d’hésiter, dans la manière de danser, dans la manière de jurer. Il faut dire qu’Andrea Arnold n’a pas sa pareille pour sublimer ses héroïnes.
Chez ces comédiens, être novice signifie ne pas connaître la peur. Leurs personnages ne craignent rien : de s’en prendre plein la gueule, d’insulter, de frapper, de s’humilier, mais aussi de s’aimer et de montrer qu’ils existent. Malgré tout ça, ils arrivent à prendre leurs vies en main, car marginaux ou pas, ils ont choisi leur chemin.
Être avec tous ces protagonistes génère une joie contagieuse difficile à cerner. On vibre d’un enthousiasme mêlé de jalousie quand ils s’éclatent ensemble, partent à l’aventure comme si demain n’existait pas. Sans regret.
Que serait une quête identitaire sans une révélation amoureuse ? Jake et Star se cherchent, se trouvent. Et peut-être que ce sont des situations alambiquées qui les forcent à s’unir, mais ce qui est certain, c’est que leur attirance n’est pas feinte.
Sincère et inattendue, leur romance n’est pas celle d’un couple typique.
Le film fait 2h43, mais le voyage en vaut la chandelle. American Honey est à découvrir le 8 février au cinéma.
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